Elles
portent la burka, le hidjab ou se promènent nu-tête.
Elles sont voilées de noir ou portent le pantalon.
Elles restent à la maison ou sont médecins
ou enseignantes. Elles sont soumises ou revendicatrices.
Les femmes musulmanes ne forment pas un bloc monolithique
et homogène. Mariage d'amour ou de raison, marché
du travail, crimes d'honneur, lois sur le divorce ou le
viol, autorité parentale, lapidation, polygamie
de l'homme, mutilations sexuelles, mariage en bas âge,
intégrisme religieux: les réalités
divergent d'un pays à l'autre. La vie n'est pas
la même si on vient de Jordanie, d'Égypte,
de Turquie, d'Iran, d'Irak, du Pakistan, d'Afghanistan
ou du Soudan. La famille, la classe sociale, l'éducation,
les traditions locales, la façon de vivre sa religion,
autant d'autres facteurs qui influencent ou modèlent
la façon de vivre d'une musulmane.
Du
chemin à parcourir
« Au
Pakistan, une femme victime de viol doit fournir
le témoignage de quatre hommes qui l'ont
vue se faire violer, sinon, c'est la prison, voire
la lapidation. »
« En
Jordanie, une femme meurt toutes les deux semaines,
assassinée par un membre de sa famille pour
l'avoir déshonorée. On les tue parce
qu'on les soupçonne d'adultère ou
d'avoir eu des relations sexuelles hors mariage.
La majorité des hommes qui commettent ce
type de crime sont condamnés à des
peines de six mois à un an de prison. »
extraits
du reportage
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Benazir
Bhutto, ancienne première ministre du Pakistan:
Fille de l'ancien premier ministre Ali Bhutto, père de
la démocratie pakistanaise, Benazir Buttho devient en
1988 la première femme élue à la tête d'un pays musulman,
après avoir été emprisonnée
plusieurs fois. Chef de gouvernement à deux reprises,
la dirigeante du Parti du peuple pakistanais, en faveur
de la démocratie, sera chaque fois chassée du pouvoir.
Ses adversaires accusent cette diplômée de Harvard et
d'Oxford d'être corrompue et incompétente, ce qui ne l'empêche
pas d'être le personnage politique le plus populaire du
pays. Elle a survécu à des tentatives d'assassinat et
vit aujourd'hui en exil avec ses trois enfants.
« Ce
n'est pas la corruption qui m'a fait quitter mon pays,
c'est la persécution politique que je subis pour avoir
défendu l'idéal démocratique au Pakistan. »
« Si
je me décourage, on va dire que je me suis laissée abattre
parce que je suis une femme. Pour moi, en tant que femme
politique mais, surtout en temps que femme tout court,
il est important de montrer que les femmes sont fortes
et compétentes et que nous pouvons relever n'importe quel
défi, au même titre que les hommes. C'est pourquoi j'ai
l'intention de retourner au Pakistan et de me présenter
comme première ministre. »
Reine
Noor, épouse du défunt roi Hussein de Jordanie
Née
Lisa Hallaby, la reine Noor était la troisième et dernière
épouse du roi Hussein de Jordanie. Américaine d'origine
syrienne, elle est diplômée de l'Université de Princeton.
Elle se consacre depuis 25 ans à de nombreuses causes
humanitaires, comme l'éducation et l'aide aux réfugiés.
Elle a également repris le flambeau de la princesse Diana,
en lui succédant à le tête du Réseau des survivants des
mines antipersonnel. Elle a été la première souveraine
à dénoncer les crimes d'honneur.
« Le
voile est économique. Il évite d'avoir à suivre la mode.
Et plusieurs groupes musulmans accordent une aide financière
aux jeunes femmes qui s'habillent de manière conservatrice. »
« Le
grand problème dans notre région, c'est
le conflit entre Arabes et Israéliens et le peu
de progrès accomplis vers la paix. Le problème,
c'est aussi ,comme dans bien d'autres régions,
les inégalités politiques, le manque de
participation politique de la population et les disparités
socio-économiques. Ces disparités enlèvent
à de grands segments de la population tout espoir
d'améliorer leur vie ou celle de leurs enfants.
C'est ce qui fait de ces gens des proies faciles pour
les fanatiques et les extrémistes. »
« En
Afghanistan et en Iran, par exemple, il est vrai qu'on
a vu les femmes assumer un rôle plus actif pendant
un certain temps, puis se faire retirer ce rôle
par des gouvernements extrémistes. Ces pays ne
sont pas représentatifs, à mon avis de l'évolution
constante des pays arabes et musulmans vers des sociétés
plus ouvertes. »
Reine
Rania de Jordanie
Rania
Rassin, une Jordanienne d'origine palestinienne, est diplômée
de l'Université américaine du Caire. Elle épouse en 1993
le prince Abdallah II, qui succédera à son père à la tête
de la Jordanie six ans plus tard. Cette souveraine, parmi
les plus jeunes du monde, est mère de trois enfants. Elle
apporte son soutien à de nombreuses causes humanitaire.
« Les
terroristes ont complètement déformé
la pensée de l'islam, qui prône la paix.
Aveuglés par leurs frustrations, ils ont tenté
d'invoquer l'islam pour justifier leurs action. C'est
répréhensible, à mon avis, tout à
fait inacceptable. »
« Il
est essentiel d'analyser les causes du terrorisme pour
garantir que de telles situations ne se reproduiront plus.
Il ne faut pas se contenter de traiter les symptômes
du problème. Tant que nous n'aurons pas compris
ce qui pousse les gens à poser ces gestes, nous
ne nous sentirons pas complètement en sécurité. »
Jihane
Sadate, épouse du président égyptien
assassiné, Anour al-Sadate
Respectée
dans le monde arabe, Jihane Sadate est une pionnière dans
la défense des droits des femmes. Mariée au président
égyptien Anour al-Sadate, assassiné en 1981 par un opposant
à la paix avec Israël, elle a été la première femme d'un
leader arabe à exercer autant d'influence. Sous son influence,
l'Égypte est devenu le premier pays à modifier la loi
des divorces, en 1979. Elle partage son temps entre les
États-Unis, où elle enseigne, et son pays d'origine. Elle
milite, encore aujourd'hui, en faveur de la paix.
« J'aime
que les filles soient ouvertes, qu'elles puissent travailler,
s'instruire, tout en surveillant leurs comportements et
leur attitude face aux hommes qu'elles côtoient
et en s'assurant que ces hommes les respectent. C'est
beaucoup plus conforme à l'esprit de l'islam que
le fait de se couvrir la tête. »
« J'ai
pensé à mon mari et à ce qu'il m'était
arrivé. J'ai éprouvé une très
grande sympathie pour les familles des victimes. Il est
impossible de faire la paix avec les terroristes. Impossible.
Je sais que la violence engendre la violence. »