Les
nouveaux contestataires
La
ville de Québec se prépare à accueillir le Sommet des Amériques, qui se déroulera
du 20 au 22 avril prochains. Une trentaine de chefs d'État et de gouvernement
y discuteront notamment de l'intégration économique du continent. Les gouvernements
prévoient un important dispositif de sécurité, et plusieurs policiers seront
mobilisés pour la tenue de l'événement. En coulisses, les opposants à la mondialisation
fourbissent eux aussi leurs armes pour exprimer leur point de vue.
Je
suis un déserteur indéfectible
Je suis un désobéissant civil
Et toutes vos polices qui font régner les Loblaws and Order
n'y pourront rien
[…]
Je ne croirai plus
Ni en vous ni en votre Dieu
Ce Dieu que vous avez McDonalisé, BillGatisé, WalMartyrisé
Je suis un déserteur
- extrait du poème
Le Déserteur, par Robert Jasmin, d'Opération Québec
Printemps 2001
Dans
les dernières années, le nombre d'échanges économiques mondiaux s'est accru.
Les chefs de gouvernement ou leurs ministres des Finances se réunissent régulièrement
pour discuter de mondialisation de l'économie, affirmant que les populations
en profiteront. Mais un nombre croissant de citoyens en doutent et critiquent
les conséquences de cette mondialisation. Syndicalistes, féministes, écologistes,
agriculteurs, étudiants, radicaux de gauche, les opposants à la mondialisation
défendent diverses tendances. Certains sont contre tout mouvement de
mondialisation, tandis que d'autres désirent lui donner ce qu'ils appellent
un visage plus humain.
« C'est
un petit peu naïf, leur stratégie. C'est comme essayer de convaincre
un tigre de devenir végétarien. »
- Jaggi Singh, Convergence des luttes anticapitalistes
Seattle,
1999
C'est
en 1999, lors de la réunion de l'Organisation mondiale du commerce,
à Seattle, que s'est révélée l'ampleur du mouvement antimondialisation.
Mais les manifestants ont également exprimé leur opposition
en d'autres occasions, comme à Vancouver, lors du Sommet de l'APEC,
en 1997, ou encore à Montréal, lors du Sommet du G-20,
en octobre dernier. Partout, ils ont trouvé sur leur chemin des
policiers.
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Les uns accusent les multinationales de créer des inégalités sociales,
d'exploiter les travailleurs des pays en développement tout en faisant
des mises à pied dans les pays industrialisés, et les autres de lapider
les ressources naturelles de la planète, de violer les droits des animaux
ou encore de s'allier à des régimes répressifs. Dans les derniers mois,
plusieurs détracteurs de la mondialisation se sont donné
rendez-vous à Québec pour mieux connaître les lieux
du sommet. Mais on les attend de pied ferme.
Le
ministère de la Sécurité publique estime qu'il faudra au moins 32 millions
de dollars pour affronter le pire scénario, c'est-à-dire similaire à
celui survenu à Seattle. Cette somme exclut les frais encourus pour
la GRC et pour l'armée, qui sont assumés par Ottawa.
« Il
y aura un périmètre de sécurité de 4 kilomètres autour des lieux de
la rencontre. […] On veut écarter toute menace de manifestation un
peu musclée. Mais les militants de la Clac et de la Casa en ont assez
de se faire traiter de terroristes. »
-
extrait du reportage
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Les grandes entreprises
pourront commanditer diverses activités du Sommet des Amériques. En retour,
les gens d'affaires auront l'occasion d'avoir des rencontres informelles
avec les chefs d'État et de gouvernement, ce que contestent les opposants.
Et
la violence?
Certains individus ou groupes marginaux profitent de ces rassemblements
pour vandaliser des commerces. La plupart des opposants à
la mondialisation dénoncent le recours à la violence,
bien que plusieurs disent comprendre les motifs qui poussent
certains individus à commettre des gestes plus radicaux.
« Moi,
personnellement, je suis très loin de vouloir m'impliquer
dans des tactiques qui amènent à une certaine
violence. Ceci dit, je considère absolument pas que faire
un graffiti ou pitcher de la peinture ou à la rigueur
péter une vitrine, c'est de la violence comparativement
à ce qui se passe dans les manifs, qui est les gaz lacrymogènes
et les chevaux qui attaquent. »
- Raphaëlle Valley-Nadeau, Convergence des
luttes anticapitalistes
« Le
système néolibéral est d'une violence qu'on
ne soupçonne pas quand on voit pas la réalité
des effets. Alors est-ce qu'on va contre un régime violent
opposer la violence, ce serait simplement substituer la violence
par une autre. […] S'il y a des endroits où seule la
violence peut éviter une pire violence, je pense qu'elle
est légitime. […] On voit comment ce système est
inhumain et comment il a oublié tout simplement le facteur
humain. »
- Robert Jasmin, Opération Québec
Printemps 2001
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Une équipe
de Zone libre a suivi des militants québécois afin de voir
comment ils se préparent pour le Sommet des Amériques.
Un reportage de la
journaliste Hélene Pichette et de la réalisatrice
Louise Lemelin. Images : Alberto Feio, Pierre
Mainville et Michel Kinkead; son : Joe
Cancilla , Luc Delorme et Daniel Lapointe;
montage : Pierre Ducrocq. Recherche musicale: Monique
Hains.
Quelques
accords commerciaux et organisations économiques auxquelles
le Canada appartient:
ALENA
(page du ministère canadien des Affaires étrangères
et du Commerce international sur l'Accord de libre-échange
nord-américain)
Organisation
mondiale du commerce
APEC
(Organisation de coopération économique Asie-Pacifique;
inclut les pays du continent américain suivants: Canada,
États-Unis, Chili, Mexique, Pérou; en anglais)
Opposants
à la mondialisation dans sa forme actuelle:
L'émission
Zone libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada
le vendredi à 21 h et en reprise à RDI
le samedi à 23 h, le dimanche à 13 h et
à 20 h ainsi que le lundi à 2 h.
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