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REPORTAGE  — 20 juin 2004

 
Le conflit des sexes chez les serpents de Narcisse

Les serpents rayés de Narcisse, au Manitoba, forment la plus importante colonie de reptiles au monde. Ils sont plus de 50 000, et constituent une véritable mine d'or pour les biologistes qui viennent, chaque année, les étudier. Pour ceux qui s'intéressent à leur comportement reproducteur, c'est une chance inouïe de les observer dans leur habitat naturel.

Journaliste : Suzanne Druwé
Réalisateur : Denis Chamberland

Après un hiver long et rigoureux, les serpents jarretière à flancs rouges de la région de Narcisse se réveillent. Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux émergent chaque printemps des fosses de calcaire désaffectées où ils ont hiverné.

Le biologiste Bob Mason, de l'Université de l'Oregon, étudie les serpents de Narcisse depuis une vingtaine d'années. Pour lui, les tanières manitobaines sont un endroit rêvé pour observer le comportement reproducteur et la physiologie de l'espèce.

« Mes collègues ailleurs dans le monde se comptent chanceux de voir quelques douzaines d'accouplements au cours de leur vie. Eh bien, ici, dans les tanières de Narcisse, au Manitoba, on peut en observer plusieurs centaines en une heure », explique Bob Mason.

Les serpents jarretière s'investissent énormément dans la reproduction. Les mâles veulent assurer la transmission de leurs gènes et les femelles cherchent à garantir la survie de leur progéniture.

Dès qu'elle émerge de la tanière, au printemps, la femelle émet une phéromone qui attire les mâles. Ils accourent de partout pour la courtiser. Une centaine d'entre eux s'accrochent à elle dans le but de copuler. La femelle profite de cette mêlée pour se réchauffer et retrouver ses forces. Mais elle risque aussi se faire écraser sous la masse.

Après une lutte acharnée, un des mâles réussit finalement à la féconder. Au cours de la copulation, il dégage une phéromone qui repousse les autres mâles. Puis il laisse un bouchon à sperme qui empêchera, pendant quelques jours, les autres mâles de féconder à leur tour la femelle.

La femelle peut maintenant quitter la tanière à la recherche de pâturages d'été, ou rester encore quelques jours afin de trouver un meilleur partenaire.

Si, dans la boule d'accouplement, tous les mâles ont une chance égale de s'accoupler, ce n'est pas le cas à l'extérieur de la tanière. En pleine possession de ses moyens, la femelle se faufile à vive allure. Seuls les mâles les plus costauds réussiront à l'attraper.

Cette stratégie de reproduction soulève plusieurs questions chez les scientifiques. Ils se demandent notamment comment la femelle sait qu'elle doit tenter une deuxième fécondation. Est-ce que le bouchon à sperme fournit des informations sur le géniteur ? Et surtout, comment ce modèle de reproduction contribue-t-il à l'évolution de l'espèce ?

Les chercheurs rapporteront plusieurs serpents en Oregon. À la fin de l'été, lorsque les femelles auront donné naissance à leurs petits, les scientifiques pourront mener des épreuves d'ADN pour vérifier la paternité des serpenteaux. Ils espèrent que ces recherches leur permettront de mieux comprendre les mécanismes de reproduction.

Pour en savoir plus :

 


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