Le
canal de Panama, petit trait d'union entre deux océans,
est la réalisation d'un projet vieux de quatre
siècles. Les Espagnols en rêvaient depuis
la découverte des Amériques, mais la tâche
semblait alors insurmontable. Près de quatre
siècles plus tard, en 1880, le père du
canal de Suez, Ferdinand de Lesseps, ose relever le
défi.
Sous sa direction, une équipe
d'ingénieurs français entreprend la construction
d'un canal reliant la baie de Colon à la baie
de Panama. Mais, suivant le modèle de Suez, Lesseps
privilégie la construction d'un canal au niveau
de la mer, sans aucune dénivellation. Ce sera
une grave erreur.
Le tracé prévoit la traversée
d'un massif montagneux d'une altitude pouvant aller
jusqu'à 100 mètres, la Culebra. Les milliers
d'ouvriers attelés à la tâche doivent
excaver des millions de mètres cubes de matériel.
À l'énormité de la besogne s'ajoutent
d'autres obstacles : conditions climatiques difficiles,
moustiques, fièvre jaune et malaria. Des milliers
de travailleurs y laisseront la vie.
En février 1889, un scandale financier
met brutalement fin à l'aventure française.
Mais le rêve du canal demeure vivant et, en 1903,
une équipe américaine achète le
projet inachevé. Le nouveau projet prévoit,
cette fois-ci, la construction d'écluses qui
permettront de monter et descendre les bateaux pour
suivre les dénivellations de la Culebra.
Après 11 années de labeur, le 15 août
1914, le canal de Panama devient une réalité.
D'une longueur de 80 kilomètres et muni de 6
écluses, ce chef d'uvre d'ingénierie
permet aux navires d'effectuer en une dizaine d'heures
le trajet entre les deux océans. Un parcours
qui, auparavant, pouvait prendre des jours, et même
des semaines.
Plus de 13 000 bateaux transitent annuellement
par le canal de Panama, et 9000 travailleurs s'y affairent
jour et nuit. Mais le canal ne répond plus aux
besoins du commerce international. La taille des bateaux
a augmenté, et plusieurs porte-avions et pétroliers
ne peuvent plus l'emprunter.
Les Panaméens songent sérieusement
à élargir le canal, mais les coûts
astronomiques de l'opération retardent sa mise
en uvre.