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REPORTAGE  — 13 juin 2004

 
Une Québécoise chez les Emberas

Catherine Potvin parcourt la forêt tropicale depuis 10 ans. Le Panama est devenu la terre d'adoption de cette biologiste. Elle y passe plus de la moitié de l'année.

« Pour moi, la forêt tropicale c'est l'extravagance de la création des formes de vie. On dirait que c'est l'endroit où l'imagination de la vie a atteint son paroxysme. » Catherine Potvin

Journaliste : Marianne Boire
Réalisatrice : Francine Charron

À Ipeti, village à 300 km de la capitale, elle développe un projet ambitieux qui pourrait contribuer à la fois à résoudre le problème du réchauffement climatique et au développement des Emberas, une communauté autochtone de la région.

Tous les pays signataires du protocole de Kyoto s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Les pays industrialisés qui n'y parviendront pas pourront payer un gouvernement ou une entreprise d'un pays en développement pour planter des arbres. Ces derniers emprisonneront des tonnes de carbone atmosphérique, un des principaux responsables du réchauffement climatique.

Catherine Potvin s'est dit que les Emberas pourraient offrir leurs services dans ce nouveau marché du carbone en aménageant leurs terres pour emprisonner une quantité maximale de ce gaz.

Dans les Tropiques, la déforestation est directement liée à la pauvreté. Les paysans, qui manquent de terres pour l'agriculture, n'ont souvent d'autre choix que de brûler une partie de la forêt pour la cultiver. Les Emberas ne font pas exception.

Mais, avec les encouragements financiers du protocole, il pourrait être plus avantageux pour eux de reboiser des pâturages. Ils pourraient planter des arbres fruitiers, et ainsi profiter de la récolte pour se nourrir.

Les Indiens sont enthousiasmés par ce projet.

Les règles du marché des gaz à effet de serre ne sont pas encore définies. Mais les Emberas se préparent déjà à devenir des professionnels de l'emprisonnement du carbone. Sous la supervision de l'équipe de Catherine Potvin, ils calculent la quantité de carbone qui pourrait être emmagasinée dans leurs terres. D'ici un an et demi, ils estiment être en mesure de présenter un projet sur le marché international.

Pour éviter que l'arrivée de montants d'argent importants ne bouleverse la communauté, l'équipe de Catherine Potvin organise des enquêtes sur l'économie des ménages. Elles permettront de mieux cerner les besoins des familles et de les aider à décider comment elles vont gérer cet argent.

Omayra Casama, chef du village d'Ipeti, soutient que sa communauté est prête : « Économiquement, c'est très bénéfique pour nous, parce que les bons de carbone représentent beaucoup d'investissements. Notre communauté est bien préparée pour ce projet : en matière d'administration, de comptabilité et d'agroforesterie. »

Dans le site expérimental de Sardinilla, à une demi-heure de la capitale, l'équipe de Catherine Potvin a planté 11 000 arbres de 36 espèces différentes. Ils vérifient lesquels emmagasinent plus efficacement le carbone atmosphérique et quelles sont les conditions les plus propices à leur développement.

Ils recueillent également des échantillons de sol, pour voir quels insectes et microbes y habitent. Peu de scientifiques se sont penchés sur la forêt tropicale. Comprendre le fonctionnement de l'écosystème sera pourtant primordial pour le projet des Emberas et pour leur survie.

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