Vos commentaires
Carnet d'adresses
Actualités scientifiques
Acheter une émission
Retour au menu principale
Émissions de la semaine Encyclopédie de A à Z
REPORTAGE  —  21 mars 2004

 
La scoliose virtuelle

Pour améliorer le traitement de la scoliose, une équipe de chercheurs a mis au point un logiciel 3D qui permet non seulement de reproduire parfaitement la colonne vertébrale d'un patient mais également de tester différents patrons d'intervention chirurgicale avant de réaliser la véritable opération. La médecine à l'heure de l'informatique de pointe.

Journaliste: Normand Grondin
Réalisatrice: Marièle Choquette

Jessika a 15 ans et souffre de scoliose, une déviation de la colonne vertébrale qui affecte surtout les adolescentes. La majorité des cas de scolioses sont légers, mais celui de Jessika est sérieux et il a fallu intervenir. Heureusement, huit mois après l'opération, son dos a repris une position presque normale.

Redresser une colonne vertébrale aussi déformée que celle de Jessika est un travail difficile même pour un chirurgien orthopédiste expérimenté comme le Dr Hubert Labelle, de l'hôpital Sainte-Justine. Des implants et des tiges sont utilisés pour redonner une forme la plus normale possible à la colonne. Dans un deuxième temps, on procède à une greffe osseuse, c'est-à-dire qu'on dépose de l'os à l'endroit où on a placé des instruments afin qu'il se fasse une fusion des vertèbres.

Tous les gestes que pose un chirurgien peuvent avoir des conséquences à long terme sur la mobilité du patient. C'est d'ailleurs le principal défi des spécialistes de la scoliose. Comment choisir parmi les nombreux scénarios possibles celui qui servira le mieux l'intérêt des patients?

EIl existe une solution; un puissant logiciel 3D. À partir d'images extrêmement précises de la colonne vertébrale d'un patient, cet outil informatique permet au chirurgien d'insérer virtuellement des implants dans toutes les vertèbres et sur toutes les faces de la colonne. Puis l'ordinateur évalue l'impact des interventions et indique le résultat sur la posture du patient.

Ce logiciel créé par l'équipe de Carl-Éric Aubin, un chercheur de l'École Polytechnique de Montréal, membre du Groupe de recherche sur les déformations neurosquelettiques, est maintenant en phase finale de développement. Il fonctionne de la manière suivant; pour obtenir des images précises à quelques millimètres près, on assemble les données obtenues à partir de trois radiographies auxquelles on ajoute de l'information sur la flexibilité de la colonne du patient. Avec le résultat, M. Aubin croit que les chirurgiens seront en mesure d'améliorer leurs stratégies d'interventions. Le logiciel va également réduire les variabilités dans les interventions de différents chirurgiens.

Une autre recherche menée par l'équipe de Carl-Éric Aubin pourrait amener les chirurgiens encore plus loin dans le traitement de la scoliose. Le projet est encore jeune, mais il est prometteur. Il s'agit d'une salle d'opération virtuelle. Ce programme de simulation permettra de créer un environnement visant à opérer un cas de scoliose, que ce soit un cas connu ou créé.

À l'aide d'une commande manuelle et de lunettes 3D, on peut manipuler et installer des implants sur un patient virtuel. À mesure que l'intervention progresse, l'ordinateur effectue les corrections nécessaires à la colonne vertébrale. Les concepteurs du programme de simulation croient qu'il sera surtout utile aux jeunes médecins qui ont peu ou pas d'expérience en salle d'opération. Mais avant d'en arriver là, le Dr Labelle aide les chercheurs à raffiner le modèle afin de répondre aux exigences de l'enseignement. Son prochain souhait : intégrer à la simulation la sensation tactile qui lui fait défaut pour le moment. Ensuite, il restera finaliser le logiciel 3D et le mettre à l'épreuve. Durant la prochaine année, on l'offrira donc à une cinquantaine de chirurgiens nord-américains.

Pour les jeunes filles comme Jessika, la recherche de pointe sur la scoliose est une excellente nouvelle. Elle va permettre d'améliorer considérablement le traitement et, donc, de réduire les effets secondaires. L'avenir est prometteur.

Dr Hubert Labelle : « Lorsque l'instrument sera validé, que je serai convaincu qu'on peut reproduire très adéquatement et précisément le comportement d'un patient, ce sera une étape nécessaire dont je ne me passerai pas. C'est une étape beaucoup plus avancée (...), un saut dans une autre époque. »

.

Pour en savoir plus :

 


Nos émissionsNotre équipe
Radio-Canada.ca ©