De
plus en plus, les effets du réchauffement se
font sentir dans le sud jusqu'à l'équateur.
C'est le cas du lac Tanganiyka en Afrique. Très
profond, il abreuve les citoyens des quatre pays qui
le bordent et leur fournit entre 25 et 40% des protéines
animales qu'ils consomment. Or, depuis 30 ans, la quantité
des prises de poissons est en chute libre. La cause
: le réchauffement climatique qui a diminué
la quantité de nourriture dont ces poissons ont
besoin pour se multiplier.
Journaliste:
Mario Masson
Réalisatrice: Sophie Malavoy
Les effets du réchauffement global
dans le monde arctique sont maintenant bien connus :
diminution de la banquise, ours polaires en péril
et fonte des glaciers. On commence à découvrir
que des effets de ce réchauffement se font également
sentir là où il fait chaud, même
très chaud, par exemple, au lac Tanganyika, en
Afrique. Bordé par quatre pays, la République
démocratique du Congo, la Zambie, la Tanzanie
et le Burundi, ce lac environ deux fois plus grand que
le lac Ontario, fait 650 km de long par 50 km de large.
Il contient 18 % de l'eau potable de la planète
facilement accessible.
Mais
voilà que ce lac considéré comme
l'un des lieux de pêche en eaux douces les plus
productifs au monde connaît des problèmes.
Depuis 1970, les prises de poissons, essentiellement
de la sardine, ont chuté de 30 %. Or, le lac
Tanganyika fournit aux populations riveraines de 25
à 40 % des protéines animales dont elles
ont besoin..
Quelle est la cause de cette diminution
des prises? Pendant longtemps, on a accusé la
surpêche, mais les chercheurs pensent maintenant
que cette chute serait l'effet du réchauffement
climatique..
Voici ce qui se passe. La température
de l'air au-dessus du lac a augmenté de 1,5 degrés
Celsius depuis 80 ans, alors que la force des vents
capables de brasser la colonne d'eau a diminué
de 30 %. L'écart de température entre
les eaux de surface et celles en profondeur a augmenté.
Les eaux se mêlent moins qu'avant et les éléments
nutritifs produits au fond du lac remontent plus difficilement
à la surface.
En conséquence, la production d'algues
microscopiques, qui dépend de ces éléments,
a chuté en moyenne de 20 %. Or, ces algues sont
à la base de la chaîne alimentaire. Toute
carence se traduit automatiquement par un manque de
nourriture important pour les poissons dont les sardines.
La situation du lac Tanganyika est inquiétante
et il y a pire ; les experts prédisent que la
température de la région devrait encore
croître de 1,7 degrés Celsius d'ici les
80 prochaines années.