Le robot chirurgical Da Vinci
L'hôpital
du Sacré-Cur de Montréal possède
le premier robot chirurgical opérationnel au
pays. Le robot Da Vinci allie la réalité
virtuelle, la microchirurgie assistée par caméra
stéréoscopique et de nouveaux outils plus
précis et tout aussi agiles que les mains du
chirurgien. Les opérations avec ce robot sont
de plus courte durée et réduisent les
atteintes à l'intégrité physique
du patient. Da Vinci est donc la voie d'avenir de la
chirurgie.
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Journaliste
: Michel Rochon
Réalisateur : Yves Lévesque |
Certaines images
sont offertes gracieusement par l'hôpital
du Sacré-Coeur |
Les
mains : l'outil le plus précieux du chirurgien.
Dans cette opération, le docteur Ronald Denis
va mettre sa dextérité à l'épreuve,
bien au-delà du scalpel et du bistouri. Son collègue,
le chirurgien Henri Atlas, et lui, en compagnie de toute
son équipe, se préparent pour une intervention
à la fine pointe de la technologie. Ils vont
retirer une vésicule biliaire à l'aide
d'un robot, le Da Vinci.
Développé au cours des
années 90, ce robot est en fait un télémanipulateur
contrôlé à distance. Le chirurgien
s'installe à une console, loin du scalpel, et
il manipule, à distance, à la fois la
caméra et les deux bras du robot Da Vinci. Les
bras de Da Vinci sont si précis qu'ils peuvent
prendre de petits élastiques de quelques millimètres
et les manipuler selon les commandes du chirurgien.
« C'est exactement comme un poignet, avec
tous les mouvements que vous pouvez faire en chirurgie
ouverte », démontre Dr Ronald Denis,
chirurgien en chef à l'hôpital du Sacré-Coeur
de Montréal.
Les mains du chirurgien doivent maintenant
développer une nouvelle dextérité,
celle de la réalité virtuelle. À
l'aide de deux tiges, il peut diriger les moindres mouvements
avec une précision inégalée puisque
le chirurgien voit à l'intérieur du patient
en trois dimensions. La caméra peut grossir jusqu'à
huit fois l'image du champ opératoire. Le robot
élimine même les tremblements du chirurgien.
Avec un simple coup de pédale, il peut faire
bouger la caméra ou les bras du robot.
Avant
de commencer la chirurgie, on installe la caméra
dans le ventre du patient. Puis, les deux tiges au bout
des bras permettent d'installer et de retirer avec facilité
tous les outils chirurgicaux nécessaires. Dans
ce cas-ci, un « électrobistouri »
est installé. Cet outil provoque une décharge
électrique de faible courant pour couper les
tissus. « Tes yeux, tes instruments, l'organe
sur lequel tu travailles, tout est dans le même
axe et tu contrôles le tout à la console,
tu peux déplacer ta caméra à ta
guise, tu peux tout faire et tu es toujours en position
ergonomique », explique Dr Ronald Denis,
visiblement ravi de cette technologie.
Le robot Da Vinci a plusieurs avantages
si on le compare à la laparoscopie traditionnelle.
La caméra utilisée en laparoscopie donne
une image en deux dimensions, ce qui ne donne aucune
information sur la distance entre les instruments et
les organes. Pour compliquer les choses, chaque geste
du chirurgien apparaît inversé sur un écran
qui n'est pas dans le même axe que ses mouvements.
Aussi, les tiges de laparoscopie traditionnelle n'ont
pas la dextérité des tiges de Da Vinci,
qui ont, elles, 360 degrés de liberté.
Cet avantage contribue grandement au succès de
la chirurgie.
Mais
revenons à notre patient. Le talent du chirurgien
et la précision du robot ont eu raison de la
vésicule biliaire. Elle est maintenant détachée
du foie. Le docteur Atlas entre un petit sac dans la
cavité abdominale. Les pinces du robot n'ont
qu'à insérer la vésicule dans le
sac, et le tour est joué. Grâce à
Da Vinci, l'opération n'a duré que 20
minutes, et cela, sans avoir à ouvrir le corps
du patient. « Pour le patient, il y a
moins d'agression sur le corps, et la récupération
est beaucoup plus rapide », précise
le chirurgien.
Depuis quelques années, Da Vinci
a participé avec succès à des centaines
de chirurgies majeures, dont des pontages coronariens,
des ablations de la prostate et des résections
du colon. « Ce qui manque, pour le moment,
c'est ce qu'on appelle le "feedback tactile".
Quand on est à la console, on n'a aucune sensation
en touchant aux tissus. Il faut donc être très
délicat, parce que le robot, lui, est très
fort. D'ici quelques mois, on va avoir un nouveau logiciel
qui va nous donner ce feedback tactile. »
Une des applications futures de Da Vinci
: la téléchirugie, la chirurgie à
distance. Il y a déjà un précédent.
Un chirurgien, à New York, a opéré
un patient situé à Strasbourg. Mais voilà,
les télécommunications par satellite pour
acheminer les images en quelques millisecondes coûtent
très cher : 1,2 million de dollars américains
par opération. Il faudra donc attendre que les
coûts diminuent.
Malgré tout, le docteur Ronald
Denis est confiant : « Cela va révolutionner
la chirurgie parce que ça permet de faire des
choses qui étaient à peu près impossibles,
ou dans des conditions beaucoup plus difficiles. Là,
il n'y a plus de limites! »
Pour en savoir plus :
Un
robot chirurgical révolutionnaire
Article du journal Forum, de l'Université de
Montréal, sur l'arrivée du robot chirurgical
à l'hôpital du Sacré-Cur,
son fonctionnement, son utilité. (30 avril 2003)
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