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REPORTAGE  —  16 novembre 2003

 
Le robot chirurgical Da Vinci

L'hôpital du Sacré-Cœur de Montréal possède le premier robot chirurgical opérationnel au pays. Le robot Da Vinci allie la réalité virtuelle, la microchirurgie assistée par caméra stéréoscopique et de nouveaux outils plus précis et tout aussi agiles que les mains du chirurgien. Les opérations avec ce robot sont de plus courte durée et réduisent les atteintes à l'intégrité physique du patient. Da Vinci est donc la voie d'avenir de la chirurgie.

Journaliste : Michel Rochon
Réalisateur : Yves Lévesque
Certaines images sont offertes gracieusement par l'hôpital du Sacré-Coeur

Les mains : l'outil le plus précieux du chirurgien. Dans cette opération, le docteur Ronald Denis va mettre sa dextérité à l'épreuve, bien au-delà du scalpel et du bistouri. Son collègue, le chirurgien Henri Atlas, et lui, en compagnie de toute son équipe, se préparent pour une intervention à la fine pointe de la technologie. Ils vont retirer une vésicule biliaire à l'aide d'un robot, le Da Vinci.

Développé au cours des années 90, ce robot est en fait un télémanipulateur contrôlé à distance. Le chirurgien s'installe à une console, loin du scalpel, et il manipule, à distance, à la fois la caméra et les deux bras du robot Da Vinci. Les bras de Da Vinci sont si précis qu'ils peuvent prendre de petits élastiques de quelques millimètres et les manipuler selon les commandes du chirurgien. « C'est exactement comme un poignet, avec tous les mouvements que vous pouvez faire en chirurgie ouverte », démontre Dr Ronald Denis, chirurgien en chef à l'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.

Les mains du chirurgien doivent maintenant développer une nouvelle dextérité, celle de la réalité virtuelle. À l'aide de deux tiges, il peut diriger les moindres mouvements avec une précision inégalée puisque le chirurgien voit à l'intérieur du patient en trois dimensions. La caméra peut grossir jusqu'à huit fois l'image du champ opératoire. Le robot élimine même les tremblements du chirurgien. Avec un simple coup de pédale, il peut faire bouger la caméra ou les bras du robot.

Avant de commencer la chirurgie, on installe la caméra dans le ventre du patient. Puis, les deux tiges au bout des bras permettent d'installer et de retirer avec facilité tous les outils chirurgicaux nécessaires. Dans ce cas-ci, un « électrobistouri » est installé. Cet outil provoque une décharge électrique de faible courant pour couper les tissus. « Tes yeux, tes instruments, l'organe sur lequel tu travailles, tout est dans le même axe et tu contrôles le tout à la console, tu peux déplacer ta caméra à ta guise, tu peux tout faire et tu es toujours en position ergonomique », explique Dr Ronald Denis, visiblement ravi de cette technologie.

Le robot Da Vinci a plusieurs avantages si on le compare à la laparoscopie traditionnelle. La caméra utilisée en laparoscopie donne une image en deux dimensions, ce qui ne donne aucune information sur la distance entre les instruments et les organes. Pour compliquer les choses, chaque geste du chirurgien apparaît inversé sur un écran qui n'est pas dans le même axe que ses mouvements. Aussi, les tiges de laparoscopie traditionnelle n'ont pas la dextérité des tiges de Da Vinci, qui ont, elles, 360 degrés de liberté. Cet avantage contribue grandement au succès de la chirurgie.

Mais revenons à notre patient. Le talent du chirurgien et la précision du robot ont eu raison de la vésicule biliaire. Elle est maintenant détachée du foie. Le docteur Atlas entre un petit sac dans la cavité abdominale. Les pinces du robot n'ont qu'à insérer la vésicule dans le sac, et le tour est joué. Grâce à Da Vinci, l'opération n'a duré que 20 minutes, et cela, sans avoir à ouvrir le corps du patient. « Pour le patient, il y a moins d'agression sur le corps, et la récupération est beaucoup plus rapide », précise le chirurgien.

Depuis quelques années, Da Vinci a participé avec succès à des centaines de chirurgies majeures, dont des pontages coronariens, des ablations de la prostate et des résections du colon. « Ce qui manque, pour le moment, c'est ce qu'on appelle le "feedback tactile". Quand on est à la console, on n'a aucune sensation en touchant aux tissus. Il faut donc être très délicat, parce que le robot, lui, est très fort. D'ici quelques mois, on va avoir un nouveau logiciel qui va nous donner ce feedback tactile. »

Une des applications futures de Da Vinci : la téléchirugie, la chirurgie à distance. Il y a déjà un précédent. Un chirurgien, à New York, a opéré un patient situé à Strasbourg. Mais voilà, les télécommunications par satellite pour acheminer les images en quelques millisecondes coûtent très cher : 1,2 million de dollars américains par opération. Il faudra donc attendre que les coûts diminuent.

Malgré tout, le docteur Ronald Denis est confiant : « Cela va révolutionner la chirurgie parce que ça permet de faire des choses qui étaient à peu près impossibles, ou dans des conditions beaucoup plus difficiles. Là, il n'y a plus de limites! »

Pour en savoir plus :

Un robot chirurgical révolutionnaire
Article du journal Forum, de l'Université de Montréal, sur l'arrivée du robot chirurgical à l'hôpital du Sacré-Cœur, son fonctionnement, son utilité. (30 avril 2003)

 


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