Acides gras essentiels et poissons
Les acides gras à
l'uvre dans le cerveau appartiennent essentiellement
à deux familles : les oméga-6 et les oméga-3.
Ces derniers sont à l'honneur depuis qu'on leur
a trouvé des bénéfices pour la
santé qu'on ne soupçonnait pas. Il y en
a en quantités significatives dans les poissons,
mais dans quels poissons, et en quelle quantité
devrions-nous les consommer?
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Journaliste
: Jean-Pierre Rogel
Réalisateur : Pascal Gélinas |
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Vous pouvez visionner
l'émission Place publique en compagnie
des animateurs Madeleine Roy et Charles Tisseyre. |
On nous le chante sur tous les tons :
pour être en santé, il faut absolument
couper les gras dans l'alimentation. En trop grandes
quantités, ils sont nocifs, car ils augmentent
les risques de cancer et de maladies cardiovasculaires.
Mais attention! Tout cela ne doit pas faire oublier
que certains lipides sont absolument nécessaires
à la santé. Ces lipides, on les appelle
les « acides gras essentiels ».
Dans le système nerveux central en particulier,
ils participent aux échanges entre les cellules
et ils facilitent la synthèse des neurotransmetteurs.
D'ailleurs, 60 % de la matière du cerveau
est composée de gras!
Parmi les acides gras essentiels, il
existe une catégorie à part. Les spécialistes
les appellent les « gras polyinsaturés
à longue chaîne », du nom de
leur structure chimique. Ce qu'il faut en retenir, c'est
que ce sont les « bons gras essentiels »
par excellence. Or, notre organisme n'en produit pas.
Ils doivent donc provenir de notre alimentation. Les
« bons gras » d'origine alimentaire
appartiennent essentiellement à deux familles :
les oméga-6 (qu'on trouve en bonne concentration
notamment dans les huiles végétales) et
les oméga-3 (qu'on retrouve en particulier dans
les poissons). Ces derniers sont à l'honneur
depuis qu'on a trouvé qu'ils protégeaient
des maladies cardiovasculaires, entre autres. C'est
ce qui explique ce qu'on a appelé « le
paradoxe inuit ». Les Inuits n'ont pratiquement
pas de maladies cardiovasculaires. Selon des études
québécoises, c'est parce que leur alimentation
traditionnelle est riche en oméga-3 provenant
des poissons et des mammifères marins. Ils se
délectent notamment du Muktuk, du gras cru de
phoque ou de baleine.
Un
autre effet bénéfique des oméga-3
est qu'ils réduiraient le risque de cancer de
la prostate et de cancer du colon. On croit même
que les oméga-3 pourraient aider à traiter
certaines maladies mentales telles que la dépression.
Sur ce point, toutefois, les études sont encore
très limitées.
Autre avantage, cette fois pour les bébés
: on trouve de bonnes quantités d'oméga-3
dans le lait maternel. Plus il y a d'oméga-3,
plus le bébé dispose d'une bonne réserve
à la naissance pour grandir en santé.
Dans le lait de sa mère, il puise de nouvelles
forces pour la croissance de son système nerveux,
et en particulier pour la croissance de la rétine
de ses yeux. C'est tellement vrai que dans plusieurs
pays d'Europe, on ajoute des oméga-3 dans les
laits maternisés. Au Canada, ce n'est pas encore
autorisé.
Jusqu'au siècle dernier, l'alimentation
de nos ancêtres était bien équilibrée
en sources d'oméga-3 et d'oméga-6. Mais
au cours des 50 dernières années, on a
découvert que le cholestérol pouvait causer
des maladies cardiovasculaires. Du coup, on a remplacé
les graisses animales, riches en cholestérol,
par des huiles végétales, qui n'en contiennent
pas. Le problème est que si elles sont en général
plutôt riches en oméga-6, elles sont faibles
en oméga-3. Résultat : on a fait pencher
la balance des oméga. Notre diète n'a
plus assez d'oméga-3.
Alors,
comment faire pour rétablir l'équilibre?
Il faut essentiellement consommer davantage d'aliments
riches en oméga-3. Des poissons, mais de préférence
des poissons gras. Prenons une portion normale, d'environ
200 grammes. Un poisson gras comme le saumon de l'Atlantique
ou le thon rouge contient environ 3 grammes d'oméga-3
par portion. Une portion de maquereau en contient environ
6 grammes, un record. Par contre, un filet de sole ou
d'aiglefin en contient nettement moins : environ 0,5
gramme par portion. Quant aux fruits de mer, c'est aussi
décevant. Une portion de homard n'en contient
que 0,7 gramme. Une portion de crevettes nordiques?
À peine 0,25 gramme d'oméga-3.
Malgré tout, la solution n'est
pas seulement dans les poissons gras. Il faudrait aussi
consommer davantage d'oméga-3 provenant de sources
végétales. De ce point de vue, les meilleurs
aliments sont les graines de lin et l'huile qui en est
tirée, ainsi que l'huile de canola. On peut aussi
consommer des ufs enrichis en oméga-3.
Les oeufs sont enrichis parce que les poules ont été
nourries aux graines de lin. Mais attention : ces ufs
ne vous fournissent que des oméga-3 à
courte chaîne. Si bien qu'il faut absorber près
de deux douzaines d'ufs pour avoir autant de bons
oméga-3 que dans une seule portion de saumon!
Selon l'Institut national de la nutrition,
il faudrait prendre un repas de poisson au moins deux
fois par semaine. Ceux qui le préfèrent
peuvent combler directement leurs besoins en oméga-3
en consommant des capsules d'huile de poisson, un produit
disponible depuis quelques années sur le marché.
En fait, nos grands-mères, avec l'huile de foie
de morue, avaient misé juste. Sans qu'on le sache
à l'époque, leur remède miracle
était bourré d'oméga-3. Sauf que
la potion n'avait pas très bon goût, c'est
le moins qu'on puisse dire. Alors, tout compte fait,
peut-être préférerez-vous un bon
poisson, deux fois par semaine!
Pour en savoir plus :
Institut
national de la nutrition
Les
acides gras essentiels oméga-3 et oméga-6
Site contenant une multitude d'informations sur les
gras polyinsaturés, le rôle qu'ils jouent
et dans quels types d'aliments on peut les retrouver
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