Restauration des vitraux

Les vitraux anciens posent de grands défis à la science. Leur conservation s'avère difficile, car ils sont fragiles et exposés directement aux intempéries et à la pollution atmosphérique. Leur restauration est encore plus délicate. À l'atelier Petit, près de Chartres, en France, on restaure des vitraux depuis des générations. Mais on s'appuie aussi sur les techniques les plus récentes, notamment celles mises au point au Laboratoire de recherche des monuments historiques, à Champs-sur-Marne. Un laboratoire où les phénomènes d'altération des verres sont passés à la loupe et où on met à l'épreuve les plombs, les mastics et les grisailles.

À l'atelier Petit, en France, on s'efforce de nettoyer un vitrail vieux de 800 ans à la brosse à dents. La pièce provient de la cathédrale de Chartres. Le célèbre édifice est peut-être ce que le Moyen Âge a produit de plus grandiose et de plus raffiné. Pour nos yeux du 21e siècle, l'intérieur reste un peu sombre, mais il est éclairé par les verrières qui captent la lumière. Dans ces images peintes sur verre, des artistes anonymes ont raconté des scènes du Nouveau Testament et de la vie des premiers martyrs. Mais il n'y a pas que des images religieuses. On y dépeint aussi la vie quotidienne et les victoires du roi Charlemagne.

Ce vitrail a décidément bien souffert : il est temps de lui refaire une beauté. Première étape : un lavage à l'eau claire pour enlever, sur la face extérieure, les saletés amenées par les pluies et, sur la face interne, les suies et les dépôts causés par la condensation. Lorsque les teintes originales réapparaissent, le moment est presque magique!
Sur table, on passe à une phase plus délicate. Il s'agit d'enlever des dépôts incrustés, qu'on attaque avec l'EDTA, un produit chimique particulièrement efficace tout en étant peu abrasif. Sur ces verres qui ont près de 800 ans, pas question d'utiliser un solvant acide. Pour préserver à la fois la stabilité du verre et celle des peintures, il faut absolument travailler dans un milieu à PH neutre.
Dans les cas les plus difficiles, il faut faire appel aux spécialistes. Près de Paris, dans les anciennes écuries du château de Champs-sur-Marne, s'est installé le Laboratoire de recherche des monuments historiques. C'est au microscope que l'ingénieur Jean-Jacques Burck analyse la pièce et pose son diagnostic. Parfois, il doit effectuer un minuscule prélèvement pour faire ensuite ses recommandations au restaurateur.

Et si une vilaine tache ne veut pas partir? Le spécialiste ne peut rien y faire. La pièce sera remontée telle quelle.

Les lignes de plomb

Après le verre, on s'attaque aux balafres. Les lignes de plomb qui défigurent les visages ne proviennent pas de l'œuvre originale, elles ont été posées par des restaurateurs des siècles passés, pour masquer des cassures du verre. Or, les méthodes d'aujourd'hui permettent d'enlever les plombs, de sortir la pièce cassée et d'en recoller les morceaux grâce à une colle spéciale incolore. Un pas important pour redonner aux vitraux leur lustre d'antan.

Partout en Europe, sur les grands ensembles médiévaux, on ouvre des chantiers de restauration de vitraux. Pour les verriers-restaurateurs, les défis sont de taille, puisqu'il s'agit d'utiliser des connaissances de pointe sur la chimie des verres et des peintures anciennes, et de les intégrer dans leur pratique quotidienne. Une pratique qui est elle-même en constante évolution.

Pour en savoir plus :

Centre international du vitrail
Située à Chartres, organisme de sensibilisation et de diffusion de l'art du vitrail par diverses activités d'éducation et des expositions.

Fondation du patrimoine religieux du Québec
Site de la Fondation - page sur les vitraux (et notamment la restauration)

Centre de conservation du Québec - Restauration
Il a pour mission de sensibiliser à la conservation du patrimoine mobilier québécois et offre des services de restauration aux musées, aux institutions, aux particuliers, etc.