L'eau, la salamandre et la roche
À
Covey Hill, le contrefort des Adirondacks, se trouve
le dernier refuge de la salamandre sombre des montagnes
au Canada. Cette belle petite salamandre est une espèce
menacée selon les dispositions de la nouvelle
loi fédérale sur les espèces en
péril. Plusieurs biologistes, géologues
et écologistes tentent de caractériser
son écosystème pour être en mesure
de mieux la conserver.
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Journaliste
: Michel Rochon
Réalisateur: Yves Lévesque
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Le ruissellement de l'eau, l'immobilité
de la roche, et la vivacité d'une créature
méconnue : la salamandre sombre des montagnes.
Cette salamandre est considérée comme
une espèce menacée au Canada. On la retrouve
dans un seul endroit au pays, ici, à Covey Hill,
une colline située au contrefort des Adirondaks,
à quelques 65 kilomètres de Montréal.
Pour sauver la salamandre sombre des montagnes de l'extinction,
il faudra conserver son habitat naturel et pour cela,
il faut d'abord comprendre comment cette salamandre
interagit avec son habitat, principalement constitué
de roches et d'eau.
Le grand cycle de l'eau commence sur
une immense tourbière d'un kilomètre carré
située au sommet de Covey Hill. Joël Bonin,
biologiste pour l'organisme Conservation de la Nature,
a initié ce mouvement de sauvegarde de la salamandre.
Il veut d'abord conserver cette tourbière intacte.
Elle est la source première de l'eau sur Covey
Hill et l'eau est essentielle à la survie de
la salamandre. L'élément premier de la
tourbière, c'est la sphaigne. « Elle
se gorge d'eau [
] et garde toute l'eau de pluie
pour réussir à se tenir. Au fur et à
mesure, cette eau s'infiltre dans le sol, explique le
biologiste. Au lieu de défiler la pente rapidement,
elle va s'infiltrer par les crevasses et les différents
chemins qu'elle trouver dans le roc. »
Lorsque
la pluie tombe sur la tourbière, l'eau prend
différentes avenues. Une partie reste en surface.
Les ruisseaux ainsi créés vont alimenter
des lacs. Une autre partie pénètre le
sol, s'infiltre dans le roc et va rejoindre la nappe
phréatique. Il arrive que cette eau sous-terraine
jaillisse à la surface en un point précis,
une résurgence, une source. Le problème
est que tous ces points d'eau sont actuellement sur
des propriétés privées de Covey
Hill. Un travail de sensibilisation doit être
fait auprès des propriétaires pour maintenir
ces habitats intacts. Il faut donc réduire la
déforestation et il faudra aussi protéger
les nappes d'eau sous-terraines ainsi que l'eau de surface.
Le milieu de vie de la salamandre
Les
ruisseaux constituent un milieu idéal pour les
salamandres sombres des montagnes. Les biologistes de
la Faune et des Parcs du Québec, comme Claude
Daigle, veulent actuellement savoir exactement combien
de salamandres vivent sur les ruisseaux de Covey Hill.
« On voit qu'on a un abondance de roches
plates, montre le biologiste. Regardez, en dessous,
plein de beaux petits habitats. Les salamandres aiment
se cacher dans des endroits comme ça où
elles vont être relativement sur le sol. Ce ne
sont pas des salamandres qui vivent dans l'eau, comme
d'autres salamandres qui sont plus aquatiques. Elles,
ce qu'elles exploitent, ce sont des cachettes sous la
roche. [
] Ce sont des animaux nocturnes, alors
elles passent la journée cachée à
l'abris des prédateurs. »
Ces
roches sont non seulement leur maison, mais également
leur terrain de chasse. En fait, chaque salamandre vit
dans un tout petit territoire d'un mètre carré.
Ces créatures solitaires se nourrissent principalement
d'insectes. « Ce sont des animaux qui
ont besoin toujours d'humidité parce que la respiration
se fait par la peau. Il n'y a pas de poumons sur ces
salamandres, alors l'échange gazeux se fait via
la peau, explique Claude Daigle. Alors elles
sortent la nuit, lorsqu'il y a de la rosée et
qu'il n'y a pas de rayons de soleil. Elles chassent
et s'alimentent, et se retire le jour sous ces roches. »
Les sources sont aussi des milieu d'eau
prisé par les salamandres. Les sources sont formées
à partir de l'eau sous-terraine qui jailli à
la surface. Les biologistes gardent un il sur
les nombreuses sources discrètes de Covey Hill.
« On voit souvent des roches avec beaucoup
de mousse. (Ce sont des endroits plus alimentés
en eau.) Là, on trouve des salamandres, en moins
grande quantité, mais on en trouve »,
précise Claude Daigle.
« Le sol est aussi très
important pour la salamandre puisqu'il représente
un réservoir d'eau », rajoute
Daphné Wallman, géologue au Brace Center
de l'Université McGill. « Quand
l'eau est plus en profondeur, même à 30
cm, elle ne s'évapore pas aussi vite. Alors,
en profondeur, ça donne la possibilité
d'avoir de l'eau pendant l'été, lorsqu'il
y a moins de précipitations. »
En ce qui concerne les roches qui composent
la nappe phréatique, les chercheurs n'ont pas
encore dressé un portrait détaillé
de la façon dont l'eau s'écoule sous la
terre. Les chercheurs doivent donc maintenant étudier
comment l'eau circule dans le méandre sous terrain.
En attendant d'avoir le portrait détaillé
et complet de l'habitat de la salamandre sombre des
montagnes, Conservation de la Nature a déjà
fait un premier geste en se portant acquéreur
de la tourbière. Le reste dépendra du
bon vouloir de la communauté.
Pour en savoir plus :
Salamandre
sombre des montagnes
Page d'Environnement Canada sur les espèces en
péril - la salamandre sombre des montagnes
Salamandre
sombre des montagnes
Page sur la salamandre sombre des montagnes, sur le
site de la Société des faunes et des Parcs
du Québec.
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