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REPORTAGE  —  5 octobre 2003

 
L'eau, la salamandre et la roche

À Covey Hill, le contrefort des Adirondacks, se trouve le dernier refuge de la salamandre sombre des montagnes au Canada. Cette belle petite salamandre est une espèce menacée selon les dispositions de la nouvelle loi fédérale sur les espèces en péril. Plusieurs biologistes, géologues et écologistes tentent de caractériser son écosystème pour être en mesure de mieux la conserver.

Journaliste : Michel Rochon
Réalisateur: Yves Lévesque

 

 

Le ruissellement de l'eau, l'immobilité de la roche, et la vivacité d'une créature méconnue : la salamandre sombre des montagnes. Cette salamandre est considérée comme une espèce menacée au Canada. On la retrouve dans un seul endroit au pays, ici, à Covey Hill, une colline située au contrefort des Adirondaks, à quelques 65 kilomètres de Montréal. Pour sauver la salamandre sombre des montagnes de l'extinction, il faudra conserver son habitat naturel et pour cela, il faut d'abord comprendre comment cette salamandre interagit avec son habitat, principalement constitué de roches et d'eau.

Le grand cycle de l'eau commence sur une immense tourbière d'un kilomètre carré située au sommet de Covey Hill. Joël Bonin, biologiste pour l'organisme Conservation de la Nature, a initié ce mouvement de sauvegarde de la salamandre. Il veut d'abord conserver cette tourbière intacte. Elle est la source première de l'eau sur Covey Hill et l'eau est essentielle à la survie de la salamandre. L'élément premier de la tourbière, c'est la sphaigne. « Elle se gorge d'eau […] et garde toute l'eau de pluie pour réussir à se tenir. Au fur et à mesure, cette eau s'infiltre dans le sol, explique le biologiste. Au lieu de défiler la pente rapidement, elle va s'infiltrer par les crevasses et les différents chemins qu'elle trouver dans le roc. »

Lorsque la pluie tombe sur la tourbière, l'eau prend différentes avenues. Une partie reste en surface. Les ruisseaux ainsi créés vont alimenter des lacs. Une autre partie pénètre le sol, s'infiltre dans le roc et va rejoindre la nappe phréatique. Il arrive que cette eau sous-terraine jaillisse à la surface en un point précis, une résurgence, une source. Le problème est que tous ces points d'eau sont actuellement sur des propriétés privées de Covey Hill. Un travail de sensibilisation doit être fait auprès des propriétaires pour maintenir ces habitats intacts. Il faut donc réduire la déforestation et il faudra aussi protéger les nappes d'eau sous-terraines ainsi que l'eau de surface.

Le milieu de vie de la salamandre

Les ruisseaux constituent un milieu idéal pour les salamandres sombres des montagnes. Les biologistes de la Faune et des Parcs du Québec, comme Claude Daigle, veulent actuellement savoir exactement combien de salamandres vivent sur les ruisseaux de Covey Hill. « On voit qu'on a un abondance de roches plates, montre le biologiste. Regardez, en dessous, plein de beaux petits habitats. Les salamandres aiment se cacher dans des endroits comme ça où elles vont être relativement sur le sol. Ce ne sont pas des salamandres qui vivent dans l'eau, comme d'autres salamandres qui sont plus aquatiques. Elles, ce qu'elles exploitent, ce sont des cachettes sous la roche. […] Ce sont des animaux nocturnes, alors elles passent la journée cachée à l'abris des prédateurs. »

Ces roches sont non seulement leur maison, mais également leur terrain de chasse. En fait, chaque salamandre vit dans un tout petit territoire d'un mètre carré. Ces créatures solitaires se nourrissent principalement d'insectes. « Ce sont des animaux qui ont besoin toujours d'humidité parce que la respiration se fait par la peau. Il n'y a pas de poumons sur ces salamandres, alors l'échange gazeux se fait via la peau, explique Claude Daigle. Alors elles sortent la nuit, lorsqu'il y a de la rosée et qu'il n'y a pas de rayons de soleil. Elles chassent et s'alimentent, et se retire le jour sous ces roches. »

Les sources sont aussi des milieu d'eau prisé par les salamandres. Les sources sont formées à partir de l'eau sous-terraine qui jailli à la surface. Les biologistes gardent un œil sur les nombreuses sources discrètes de Covey Hill. « On voit souvent des roches avec beaucoup de mousse. (Ce sont des endroits plus alimentés en eau.) Là, on trouve des salamandres, en moins grande quantité, mais on en trouve », précise Claude Daigle.

« Le sol est aussi très important pour la salamandre puisqu'il représente un réservoir d'eau », rajoute Daphné Wallman, géologue au Brace Center de l'Université McGill. « Quand l'eau est plus en profondeur, même à 30 cm, elle ne s'évapore pas aussi vite. Alors, en profondeur, ça donne la possibilité d'avoir de l'eau pendant l'été, lorsqu'il y a moins de précipitations. »

En ce qui concerne les roches qui composent la nappe phréatique, les chercheurs n'ont pas encore dressé un portrait détaillé de la façon dont l'eau s'écoule sous la terre. Les chercheurs doivent donc maintenant étudier comment l'eau circule dans le méandre sous terrain.

En attendant d'avoir le portrait détaillé et complet de l'habitat de la salamandre sombre des montagnes, Conservation de la Nature a déjà fait un premier geste en se portant acquéreur de la tourbière. Le reste dépendra du bon vouloir de la communauté.

Pour en savoir plus :

Salamandre sombre des montagnes
Page d'Environnement Canada sur les espèces en péril - la salamandre sombre des montagnes

Salamandre sombre des montagnes
Page sur la salamandre sombre des montagnes, sur le site de la Société des faunes et des Parcs du Québec.

 


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