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REPORTAGE  —  14 septembre 2003

 
Les tourbières : une vie à protéger

Les tourbières sont des milieux hostiles et mal aimés qui abritent une faune et une flore particulières. Malheureusement, elles sont victimes d'une activité industrielle dévastatrice qui les transforme en véritables déserts après avoir été vidées de leur mousse de sphaigne. Une chercheuse d'ici a entrepris de leur redonner vie. Après quatre ans de minutieux travaux de restauration, la faune et la flore sont maintenant de retour, et l'écosystème reprend peu à peu ses allures d'antan. Une première en sol québécois.

Journaliste : Marianne Boire
Réalisatrice : Marièle Choquette
En raison des droits d'auteur, ce reportage ne sera pas disponible sur Internet.

Line Rochefort travaille dans un laboratoire chargé d'humidité et infesté de moustiques. Un endroit de rêve! C'est un immense jardin où poussent des fleurs rares et des plantes pour le moins surprenantes. On y trouve des plantes carnivores, mais aussi de fragiles et précieuses orchidées. Avec beaucoup de chance, on pourra y croiser une autre créature très réservée : la salamandre. Elle adore se nicher dans l'acidité des mousses de sphaigne.

À l'abri des regards, ces précieux écosystèmes sont menacés. Pour l'industrie, la tourbe vaut son pesant d'or, et quand elle va la chercher, rien n'est épargné. Après le passage de ces aspirateurs géants, plus rien ne vit dans la tourbière. Le milieu est asséché, la végétation arrachée, la tourbe aspirée. Il ne reste plus qu'une immense terre nue, sur laquelle bien peu d'espèces repousseront. Un désert biologique.

Les tourbières et l'effet de serre

Les équipes de recherche de Michael Waddington et de Line Rochefort travaillent depuis des années à redonner vie à ces milieux dévastés. En aidant l'industrie à restaurer les tourbières, on donne une chance à la nature de reprendre son cours normal. L'objectif de ces chercheurs du Québec et de l'Ontario n'est pas seulement de sauver la biodiversité perdue, mais de comprendre comment ces milieux naturels pourraient nous aider à ralentir le réchauffement climatique. « Le tiers du carbone terrestre est emmagasiné dans les tourbières. À long terme, elles représentent de véritables puits de carbone atmosphérique », assure Michael Waddington, professeur à la School Geography & Geology, University MacMaster.

Quand on parle d'effet de serre, on pense souvent à l'importance de l'immense forêt amazonienne, connue pour être le poumon de la planète. Mais on connaît moins bien le rôle des tourbières, qui accumulent elles aussi d'importantes quantités de carbone. En vidant la tourbière de sa végétation, on entraîne une oxydation de la tourbe et un relâchement du gaz carbonique séquestré. Une colossale quantité de gaz est retournée dans l'atmosphère, contribuant ainsi à l'effet de serre. Quand on pense qu'il y aurait autant de carbone dans les tourbières que dans l'atmosphère terrestre, il est clair qu'il vaut mieux être prudent. Mais le problème n'est pas sans issue. « Nos recherches ont montré que la restauration permet de rétablir rapidement la photosynthèse et la croissance des plantes. Du même coup, on réduit l'oxydation de la tourbe et le relâchement de gaz carbonique dans l'atmosphère », précise le professeur.

La résurrection

À la tourbière de Bois-des-Bel dans la région de Rivière-du-Loup, Line Rochefort a gagné son pari. Le retour de la sphaigne dans une ancienne tourbière, après trois ans d'efforts, est le signe que le milieu a été restauré dans son intégralité. Une première en sol québécois.

Si les chercheurs se félicitent du retour de la biodiversité, ils attendent encore autre chose : que la tourbière redevienne un milieu accumulateur de carbone. Pour le moment, la tourbière émet encore plus de carbone qu'elle n'en absorbe. Est-ce à dire qu'il est trop tard pour renverser la vapeur? « Non, pour le moment, on est sur le bon chemin, mais je pense qu'il faudrait qu'on ait une couche de sphaigne d'une bonne épaisseur qui pourrait, à un moment donné, contrebalancer la perte qu'on a encore. Combien de temps ça va prendre pour que le niveau d'eau remonte aussi grâce à cette couche de sphaigne? Peut-être 10 ans, 15 ans, 20 ans, on ne le sait pas », avoue Line Rochefort, professeure au département de phytologie de l'Université Laval.

 

Pour en savoir plus :

Groupe de recherche en écologie des tourbières
Site du Groupe de recherche en écologie des tourbières de l'U.Laval.

 


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