Les tourbières : une vie à protéger
Les tourbières
sont des milieux hostiles et mal aimés
qui abritent une faune et une flore particulières.
Malheureusement, elles sont victimes d'une activité
industrielle dévastatrice qui les transforme
en véritables déserts après
avoir été vidées de leur
mousse de sphaigne. Une chercheuse d'ici a entrepris
de leur redonner vie. Après quatre ans
de minutieux travaux de restauration, la faune
et la flore sont maintenant de retour, et l'écosystème
reprend peu à peu ses allures d'antan.
Une première en sol québécois.
Journaliste
: Marianne Boire
Réalisatrice : Marièle Choquette
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En raison des droits d'auteur,
ce reportage ne sera pas disponible sur
Internet.
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Line Rochefort travaille dans un laboratoire
chargé d'humidité et infesté de
moustiques. Un endroit de rêve! C'est un immense
jardin où poussent des fleurs rares et des plantes
pour le moins surprenantes. On y trouve des plantes
carnivores, mais aussi de fragiles et précieuses
orchidées. Avec beaucoup de chance, on pourra
y croiser une autre créature très réservée :
la salamandre. Elle adore se nicher dans l'acidité
des mousses de sphaigne.
À l'abri des regards, ces précieux
écosystèmes sont menacés. Pour
l'industrie, la tourbe vaut son pesant d'or, et quand
elle va la chercher, rien n'est épargné.
Après le passage de ces aspirateurs géants,
plus rien ne vit dans la tourbière. Le milieu
est asséché, la végétation
arrachée, la tourbe aspirée. Il ne reste
plus qu'une immense terre nue, sur laquelle bien peu
d'espèces repousseront. Un désert biologique.
Les tourbières et l'effet
de serre
Les
équipes de recherche de Michael Waddington et
de Line Rochefort travaillent depuis des années
à redonner vie à ces milieux dévastés.
En aidant l'industrie à restaurer les tourbières,
on donne une chance à la nature de reprendre
son cours normal. L'objectif de ces chercheurs du Québec
et de l'Ontario n'est pas seulement de sauver la biodiversité
perdue, mais de comprendre comment ces milieux naturels
pourraient nous aider à ralentir le réchauffement
climatique. « Le tiers du carbone terrestre
est emmagasiné dans les tourbières. À
long terme, elles représentent de véritables
puits de carbone atmosphérique »,
assure Michael Waddington, professeur à la School
Geography & Geology, University MacMaster.
Quand on parle d'effet de serre, on pense
souvent à l'importance de l'immense forêt
amazonienne, connue pour être le poumon de la
planète. Mais on connaît moins bien le
rôle des tourbières, qui accumulent elles
aussi d'importantes quantités de carbone. En
vidant la tourbière de sa végétation,
on entraîne une oxydation de la tourbe et un relâchement
du gaz carbonique séquestré. Une colossale
quantité de gaz est retournée dans l'atmosphère,
contribuant ainsi à l'effet de serre. Quand on
pense qu'il y aurait autant de carbone dans les tourbières
que dans l'atmosphère terrestre, il est clair
qu'il vaut mieux être prudent. Mais le problème
n'est pas sans issue. « Nos recherches
ont montré que la restauration permet de rétablir
rapidement la photosynthèse et la croissance
des plantes. Du même coup, on réduit l'oxydation
de la tourbe et le relâchement de gaz carbonique
dans l'atmosphère », précise
le professeur.
La résurrection
À
la tourbière de Bois-des-Bel dans la région
de Rivière-du-Loup, Line Rochefort a gagné
son pari. Le retour de la sphaigne dans une ancienne
tourbière, après trois ans d'efforts,
est le signe que le milieu a été restauré
dans son intégralité. Une première
en sol québécois.
Si les chercheurs se félicitent
du retour de la biodiversité, ils attendent encore
autre chose : que la tourbière redevienne un
milieu accumulateur de carbone. Pour le moment, la tourbière
émet encore plus de carbone qu'elle n'en absorbe.
Est-ce à dire qu'il est trop tard pour renverser
la vapeur? « Non, pour le moment, on est
sur le bon chemin, mais je pense qu'il faudrait qu'on
ait une couche de sphaigne d'une bonne épaisseur
qui pourrait, à un moment donné, contrebalancer
la perte qu'on a encore. Combien de temps ça
va prendre pour que le niveau d'eau remonte aussi grâce
à cette couche de sphaigne? Peut-être 10
ans, 15 ans, 20 ans, on ne le sait pas »,
avoue Line Rochefort, professeure au département
de phytologie de l'Université Laval.
Pour en savoir plus :
Groupe
de recherche en écologie des tourbières
Site du Groupe de recherche en écologie des tourbières
de l'U.Laval.
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