Des
peintures inusables. Des fibres ultrarésistantes.
Des implants qui restaurent l'ouie et la vue. Des
ordinateurs moléculaires. Des médicaments
fabriqués sur mesure. Des nerfs qui se réparent
tout seuls. Des robots qui patrouillent le corps
humain en permanence à la recherche de cellules
malades. Bienvenue
dans le nanomonde, le monde insolite des atomes
et des molécules. Bienvenue aussi dans la
nanotechnologie, qui entend utiliser massivement
ces ingrédients de base, sans lesquels il
n'y aurait pas d'univers, et encore moins de vie.
C'est l'ultime frontière. Ici, la science-fiction
devient réalité.
La chasse aux atomes
Pour
se lancer dans la chasse aux atomes, on a inventé,
il y a tout juste 20 ans, une nouvelle gamme d'outils
remarquables.
Professeur au département
de physique à l'Université McGill
de Montréal, Peter Grütter, lui,
n'a qu'un but en tête : aller au cur
de la matière. Mieux encore, la manipuler.
Car c'est maintenant possible.
Imaginez! Il y a autant de
différence entre un atome et une balle de
ping-pong qu'entre cette même balle de ping-pong
et la Terre! L'unité de calcul dont on se
sert pour mesurer les atomes est le mètre
divisé par un milliard. Ce milliardième
de mètre, on l'appelle « nanomètre ».
Dans un nanomètre, il y a juste assez de
place pour quatre atomes, coude à coude.
Par comparaison...
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Par
comparaison, le virus de l'influenza,
la plus petite structure biologique
fonctionnelle, fait 100 nanomètres.
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La
bactérie E-Coli : 1000
nanomètres. |
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À
10 000 nanomètres, un
globule blanc est énorme. |
Un
simple cheveu fait 100 000 nanomètres.
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Enfin,
une mine de crayon mesure un million
de nanomètres. |
L'observation et la manipulation de l'atome
et des molécules relèvent
donc de l'exploit!
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Ce qui fascine les chercheurs qui explorent l'infiniment
petit, c'est qu'à cette échelle, les
lois de la physique classique ne jouent plus. Les
matériaux présentent de nouvelles propriétés
imprévues uniquement à cause de leur
taille réduite. Couleur, force, résistance,
conductivité électrique, chaleur, réactivité
chimique : tout est différent! Un exemple
parmi bien d'autres : l'abalone, un gros coquillage
extrêmement résistant. Pourtant, on y
trouve les mêmes composés de calcium
et de protéines que dans la craie de tableau,
si friable. La différence de rigidité
résulte tout simplement de l'alignement des
atomes.
Découvrir et apprivoiser ces propriétés
uniques est au cur même de toute
la recherche en nanoscience. De la physique
à la chimie, en passant par la biologie,
l'électronique et l'ingénierie,
la nanotechnologie trouvera des applications
dans toutes les sphères de l'activité
humaine.
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Industrie : place à la métallurgie
de l'avenir
Au Centre de recherche national
de Boucherville, les techniciens de l'entreprise
Minutia s'apprêtent à modifier
le comportement d'un lingot d'aluminium. Pour cela,
une petite pastille, constituée de cristaux
de bore, dont les grains font tout juste quelques
nanomètres. Cet additif, appelé affineur
de grains, produit un effet saisissant sur la structure
de l'aluminium, qui devient alors plus dense. Résultat :
résistance accrue et, pour le même
poids, propriétés mécaniques
renforcées. Après la coulée,
on coupe le lingot et on le teste à l'acide.
La différence entre l'aluminium traité
avec un affineur conventionnel et l'affineur nanométrique
saute aux yeux!
Le
président-fondateur du Groupe Minutia, Sabin
Boily, se dit très encouragé par
ces expériences.
« On peut réduire
par exemple la taille d'une pièce. [...]
Si on parle d'une pièce automobile, on peut
donc augmenter son efficacité, et ainsi réduire
la consommation d'énergie, la consommation
de carburant. Ou même penser de réduire
la puissance des moteurs, si une voiture est plus
légère, par exemple. »
Le secteur de l'aluminium est névralgique
pour le Québec. Un métal à
la fois plus résistant et plus léger
pourrait le rendre encore plus compétitif.
« Ça touche l'ensemble des
industries, que ce soit les bateaux, les avions,
les automobiles, que ce soit tous les outils de
la vie courante. [...] On peut penser réduire
les épaisseurs [...] et améliorer
les propriétés », précise
M. Boily.
Les aérogels
Imperméables, ignifuges, isolants, les aérogels
vont révolutionner l'industrie de la construction
domiciliaire, entre autres. L'industrie mise aussi
sur les aérogels créés dans
les laboratoires de l'Institut national de recherche
scientifique à Varennes.
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Ce petit carré
de polymère transparent très léger
offre le même facteur d'isolation qu'une
laine minérale de 35 centimètres
d'épaisseur.
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En
1997, la NASA avait employé un produit
semblable pour protéger Sojourner
lors de son escapade martienne. Un aérogel
de quelques grammes avait ainsi remplacé
deux kilos d'isolants! |
C'est grâce à leurs innombrables
pores à dimension nanométrique
que les aérogels peuvent offrir de
telles propriétés. Mais pour
l'instant, ces matériaux exotiques
sont hors de prix.
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Les
nanotubes de carbone
Autre grande vedette de la nanotechnologie :
les nanotubes de carbone. Benoît Simard,
du Centre national de recherche du Canada à
Ottawa, fonde beaucoup d'espoir sur ces longues
fibres creuses dont le diamètre ne fait que
quelques nanomètres. On fabrique les nanotubes
en décomposant du graphite, très semblable
à celui qu'on trouve dans une mine de crayon.
Chauffé par un laser, le graphite se ramasse
tout au bout du tube de verre, à l'extrémité
de la machine. À première vue, on
dirait de la suie, bien sale et bien noire. Même
mise en bouteille, on ne voit toujours rien de très
affriolant. Pourtant, ici, il y a des milliards
de nanotubes!
La particularité des nanotubes réside
dans leur structure microscopique.
Tous les atomes sont parfaitement attachés
les uns aux autres.
Ils forment ainsi de petites cavités
qui pourraient servir de réservoir
pour stocker des médicaments, des
gaz ou encore des liquides.
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À
grosseur égale, les nanotubes sont au moins
50 fois plus forts et élastiques que l'acier.
On pense donc les utiliser pour renforcer différents
matériaux, comme les polymères, les
céramiques ou encore les ciments qui, tout
en offrant la même résistance, seraient
10 fois moins épais. Et ce n'est pas tout...
« Si on réussit par exemple
à faire des fils avec des nanotubes [...]
on peut penser faire des habits militaires par exemple,
des vestes pare-balles ou des [produits] conducteurs
et avoir des habits complètement chauffés
avec une petite batterie qui permettrait de sortir
à l'extérieur avec ta chemise sans
geler : bref, les applications, ça dépasse
quasiment l'imagination! »
- Benoît Simard, Centre national de recherche
du Canada à Ottawa
Les
nanotubes sont si formidables qu'il y a même
des visionnaires qui veulent en faire un câble
d'ascenseur pour la troposphère. Finies les
navettes spatiales! Mais avant de rêver, il
reste quelques petits problèmes à
régler, tels que leur coût! À
1500 dollars le gramme, les nanotubes sont plus
chers que l'or. Il faut donc apprendre à
les produire en grande quantité, de façon
à pouvoir rencontrer les besoins de l'industrie.
Et à ce sujet, il y en a encore pour quelques
années de recherche.
Mais après, attention! Grâce à
des machines à tricoter les nanotubes, comme
celle que Benoît Simard et son équipe
mettent au point, le domaine de l'électronique
sera lui aussi frappé de plein fouet.
Journaliste : Mario
Masson
Réalisatrice : Jeannita Richard
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Curieux
d'en savoir plus sur ce reportage?
Nous vous présenterons un dossier
sur la nanotechnologie très bientôt!
* Il nous est impossible de vous présenter
la version vidéo de ce reportage en
raison de droits. Veuillez nous en excuser.
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Pour
en savoir plus :
Nanotechnologie
et nanosciences
Fiche d'information, Conseil
national de recherches Canada.
La
nanotechnologie
Définitions, liste de chercheurs canadiens,
sociétés actives dans le domaine,
etc.
Industrie Canada
Groupe
Minutia
Portrait de l'entreprise
Site Nouvelles Tendances En Management