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REPORTAGE  —  27 avril 2003

 
SRAS : une mise au point

En février 2003, une épidémie d'un nouveau syndrome a fait son apparition. Il s'agit du syndrome respiratoire aigu sévère, le SRAS. Cette pneumonie atypique s'est répandue depuis la province chinoise de Guangdong. Des efforts considérables ont été déployés pour contrôler la propagation du SRAS. Il a malgré cela engendré une peur médiatique. Était-elle justifiée? Sommes-nous face à une nouvelle pandémie dévastatrice? Une mise au point sur ce syndrome qui, malgré les nombreux décès, a fait plus de peur que de mal.

Février 2003. Hong-Kong. Une nouvelle maladie prend d'assaut cette ville de 7 millions d'habitants, la plus dense d'Asie. Il s'agit d'une pneumonie atypique : le syndrome respiratoire aigu sévère, le SRAS. Elle se répand rapidement à Singapour, puis au Viêtnam, et elle atteint même le Canada. Plusieurs personnes en meurent.

L'OMS déclenche alors une alerte mondiale. La principale peur? Que cette maladie soit la nouvelle souche mortelle tant redoutée de la grippe, l'influenza. Bilan après deux mois de propagation : plus de 4000 cas d'infection, et près de 300 morts. L'histoire fait la une des médias. Une panique s'empare des villes touchées. Mais y a-t-il lieu de s'inquiéter?

« Je pense que dans la mentalité humaine, il y a toujours cette peur de la maladie, ça c'est la première chose. Il y a la peur de l'inconnu. Et c'est toujours intéressant de voir comment, finalement, on se retrouve un peu comme au Moyen-Âge. C'est tout juste si on ne voit pas les gens mettre des croix devant les maisons des gens qui étaient malades, un peu comme pour les épidémies de peste. [...] Alors, je pense que ce qu'il faut, c'est savoir que c'est une maladie, que ça cause une certaine mortalité, qu'il y a des conséquences, mais que pour la majorité des gens qui vont faire leur épicerie, ce n'est certainement pas là qu'ils vont attraper le SRAS. C'est un peu comme ça qu'il faut essayer de voir la maladie dans son ensemble. »

Dr Karl Weiss,
microbiologiste et infectiologue à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont


Première constatation : la majorité des personnes en santé ne vont pas nécessairement en mourir. Comme le suggère le Dr Weiss, ceux qui décèdent sont surtout des personnes au système immunitaire affaibli. Par contre, de récentes victimes chinoises dans la trentaine, et apparemment en bonne santé, sont décédées. Il faudra attendre l'évolution de l'épidémie pour voir si c'est une tendance ou un cas isolé. Mais chose certaine, le taux de mortalité du SRAS est comparable à d'autres maladies infectieuses pulmonaires. Il se situe actuellement à environ 6 %. Ce n'est pas beaucoup plus que la grippe, dont le taux de décès est de 5 %. Et c'est moins que la pneumonie : 10 % de ceux qui sont hospitalisés en meurent. Au total, ces deux maladies respiratoires causent 8000 décès par année au Canada.

Le coupable est le « coronavirus ». Corona veut dire couronne. Sa membrane est entourée de protéines qui lui donnent une forme de couronne. Il est aussi un des virus responsables du rhume. Les symptômes se résument d'ailleurs à un rhume accompagné d'une fièvre.

Il proviendrait peut-être d'un animal — comme un oiseau de basse-cour — qui l'aurait transmis à un humain. Une piste qui reste à vérifier. Par contre, le coronavirus n'est pas présent chez toutes les victimes. Ce qui soulève l'idée qu'il y aurait peut-être un autre agent infectieux encore inconnu.

Le risque de pandémie — une épidémie à l'échelle mondiale — demeure pour le moment faible car le virus se transmet principalement par contact direct ou par les gouttelettes de la toux et des éternuements. Par contre, cette semaine, on a découvert qu'il peut survivre jusqu'à 24 h à l'extérieur du corps. Des surfaces et objets du quotidien seraient une route de transmission additionnelle. Mais pour avoir une transmission plus efficace, il faudrait que le virus se transmette d'abord par la voie des airs, comme c'est le cas avec l'influenza, la grippe.

Prenons la grippe espagnole de 1918. En moins de trois semaines — entre le 14 septembre et le 15 octobre — la maladie avait envahi les États-Unis. Près du tiers des Américains ont développé la maladie, tuant 675 000 personnes, la majorité entre l'âge de 20 et 40 ans. Au Canada, 50 000 personnes sont décédées en quelques semaines. Dans le monde, ce fut près de 30 millions.

C'est pour éviter une telle pandémie que l'OMS a sonné l'alarme. La stratégie : premièrement, isoler systématiquement chaque cas. C'est la seule façon de stopper l'épidémie. C'est ce qu'ont fait plusieurs hôpitaux de Toronto. Mais comme la période d'incubation va de 2 à 10 jours, de nouveaux cas surgissent encore, malgré les efforts de quarantaine.

Quels seront les pays les plus vulnérables? Les pays les plus pauvres et les plus populeux. En Chine, par exemple, bien que la quarantaine ait été décrétée à Pékin cette semaine, les conditions d'hygiène dans le pays rendent la propagation plus facile. À cela s'ajoute le fait que les autorités médicales n'ont pas réagi assez rapidement, et que les ressources médicales ne sont pas suffisantes dans bien des régions rurales. D'autres pays populeux, comme l'Inde, n'ont peut-être pas déclaré tous les cas et mis en place les structures nécessaires pour contenir la propagation.

Quant à un médicament et un vaccin, il faudra être patient. Bien qu'on ait séquencé le génome du coronavirus, on a découvert qu'il se transforme rapidement. Il faudra trouver un médicament et un vaccin qui puissent tenir compte de toutes les formes du virus. En attendant, un cocktail d'antibiotiques et d'antiviraux, dont la ribavirine, semble avoir une certaine activité.

L'avenir sera rose ou noir. Rose si un effort massif est déployé par l'ensemble des autorités sanitaires pour contenir la propagation du virus. Noir si on ne prend pas les mesures nécessaires. Si c'est le cas, on risque une pandémie qui fera des ravages, surtout dans les pays en voie de développement.

Journaliste : Michel Rochon
Réalisateur : Yves Lévesque


Le SRAS
(version vidéo)

 


 


 



 

 

 

 


 

 

 

 


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