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REPORTAGE  —  27 avril 2003

 
Le génome au propre

Le séquençage du génome humain est terminé. Il y a deux ans, les scientifiques avaient annoncé en grande pompe le brouillon du génome. Maintenant, ils possèdent la copie complète, la copie au propre des trois milliards de lettres responsables de notre hérédité. La molécule de l'ADN a beau avoir livré toutes ses lettres, elle garde encore bien des mystères.


Cela fait quinze ans que les scientifiques travaillent au projet génome humain. Son but : séquencer une à une les trois milliards de lettres qui se cachent dans notre ADN et qui forment le patrimoine génétique de l'humanité. Le projet génome humain est terminé. Nous possédons maintenant la copie complète, la copie au propre de notre génome. Et au cours des dernières années, l'ADN nous a réservé bien des surprises.

L'une d'elles, c'est le nombre de gènes. On a cru longtemps qu'on avait 100 000 gènes. On s'est rendu compte qu'on n'en possédait environ que 30 000. À peine deux fois plus que la mouche. Et ces 30 000 gènes n'occupent que un pour cent du génome. C'est bien peu.

Une autre surprise vient de la comparaison avec les autres espèces. Surtout avec la souris. La souris est une proche parente de l'humain. Comme nous, c'est un mammifère. Les deux génomes se comparent : à peu près la même taille et environ le même nombre de gènes. Selon les critères de l'évolution, c'est une proche parente.

Les scientifiques ont découvert qu'au cours de l'évolution de la souris à l'humain, quatre pour cent du génome avait peu changé. Et ce que l'évolution conserve a toutes les chances d'être très important. Les chercheurs sont friands de ces bouts d'ADN que l'évolution protège. Ce n'est pas sans raison. Ces morceaux ont un rôle crucial à jouer pour que la vie continue. De ces quatre pour cent que se partagent les souris et les hommes, un pour cent concerne les gènes. À quoi servent les autres trois pour cent? De quoi intriguer les chercheurs!

« Maintenant, on est capable d'identifier un autre trois pour cent de notre génome qui semble être très important. Il semble avoir un rôle pour le contrôle. C'est comme un interrupteur. Dans telles circonstances, [l'interrupteur] est allumé, alors on va faire des protéines. Dans d'autres circonstances, il va être fermé. Mais il n'y a pas [qu'un seul interrupteur], il y en a des centaines », explique Tom Hudson. Ces interrupteurs moduleraient l'activité des gènes. Et comme un gène peut fabriquer plus qu'un type de protéine, ce sont ces interrupteurs qui indiqueraient au gène la version de la protéine à produire, selon les besoins de la cellule. Ces nouveaux éléments sont très précieux.

Quant aux 96 % qui restent, on pense que 30 % auraient un rôle de structure pour former les chromosomes, ou encore un rôle à jouer lors de la division cellulaire. Le reste, les deux tiers, seraient composés de séquences qui ne servent à rien. Dans les trois milliards de lettres de l'ADN, on retrouve des bouts de gènes qui ont déjà eu un rôle à jouer au cours de l'évolution de notre espèce, mais plus maintenant. Ce sont les vestiges d'anciens gènes.

On y retrouve aussi la trace de virus aujourd'hui inactifs. Ces virus auraient contaminé notre ADN il y a des millions d'années et s'y seraient multipliés. Ils occupent beaucoup d'espace, mais n'ont aucune utilité.

Même si le génome a livré toutes ses lettres, il garde encore bien des mystères. Ainsi, l'un des défis est de comprendre l'action des gènes dans les maladies. La technologie permet de voir l'activité simultanée de milliers de gènes dans une cellule. On peut faire ainsi le profil génomique de chaque maladie et pointer du doigt les gènes coupables. Toutes les grandes maladies sont en train d'être revues à la lumière de la génomique : cancer, asthme, parkinson, alzheimer, diabète, leucémie.

Après le projet génome humain, c'est au tour du projet protéome humain de se mettre en branle. Le projet génome humain nous a donné un catalogue des gènes, le projet protéome humain nous donnera le catalogue des protéines que produisent les gènes.

De quoi occuper les chercheurs!

D'autant plus qu'après l'ADN, d'autres molécules des chromosomes suscitent l'intérêt des scientifiques : les histones. Les chromosomes sont formés d'un chapelet de petites billes. Lorsqu'on s'approche, on s'aperçoit que chaque bille est constituée d'un amas de minuscules bobines, sur lesquelles s'enroule le fil de l'ADN. Ces bobines, ce sont les histones. Elles sont constituées de protéines dont les extrémités varient énormément. On soupçonne ces bouts de protéines d'avoir un mot à dire dans l'expression des gènes. De quoi révolutionner la génomique!

Le scientifique qui percera le code des histones pourrait mériter un prix Nobel. Même si le projet génome humain est terminé, les chercheurs ne manqueront pas de boulot.

 

Journaliste : Claude D'Astous
Réalisateur : Pierre Tonietto


Le génome au propre
(version vidéo)

 

Le génie du génome
une exposition du Musée canadien de la Nature

 


 


 


 

 

 


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