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REPORTAGE  —  27 octobre 2002

 Le virus du Nil occidental 

Une piqûre d'insecte comme tant d'autres ? Pas nécessairement. Ce moustique injecte un virus potentiellement mortel : le Virus du Nil occidental.

C'est au cours de l'été 1999 que ce virus tropical arrive mystérieusement en Amérique.
Il prend la ville de New York par surprise. Rapidement, on découvre qu'il s'attaque aux oiseaux et aux humains. Cette année-là, six personnes et des milliers d'oiseaux en meurent. .

Le virus suit les routes migratoires des oiseaux. Aujourd'hui, on le retrouve dans 43 états, dont la Louisiane qui est fortement touchée. Bilan pour les États-Unis: 163 morts et près de 3 000 personnes infectées.

C'est en 2001 que le virus arrive au Canada. À ce jour, un seul Canadien est décédé. Mais les oiseaux par contre, meurent par milliers, comme aux États-Unis.


« C'est un virus des oiseaux tout d'abord et la particularité de la souche qui circule en Amérique du Nord, c'est de causer un taux de mortalité très élevé chez les oiseaux. Chez certaines espèces comme les corneilles, il y a plus de la moitié de la population qui y passe lors du premier passage du virus »
, explique Christian Back, entomologiste à la firme GDG Environnement. À ce jour, au moins 110 espèces d'oiseaux seraient atteintes en Amérique. Les plus touchées sont les corvidés : corbeaux, corneilles et geais bleus.

 

Voici la séquence d'événements qui mène à l'infection. Un oiseau est porteur du virus du Nil. Il est ensuite piqué par un moustique de la famille des culex. Ce moustique va déclencher une cascade d'infections en allant piquer d'autres oiseaux. Par la suite, ces oiseaux infectés vont se faire piquer par un autre moustique, le Coquillettidia perturbans. C'est lui qui va transmettre le virus à d'autres mammifères, y compris l'humain.

Au Québec, on a eu l'avantage de voir venir l'ennemi. Les entomologistes de la firme GDG Environnement ont été mandatés par le gouvernement pour suivre la progression du virus dans les populations de moustiques.

Sur 57 espèces de moustiques présentes au Québec, trois semblent être porteuses du virus. On les retrouve concentrées dans la grande région de Montréal.

Le gouvernement suit également la progression de l'infection chez les corvidés.
On a demandé aux citoyens de prélever les oiseaux morts. Ils ont été acheminés par centaines au laboratoire de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal à Sainte-Hyacinthe, où on les a identifiés, numérotés, triés et disséqués.

Au laboratoire, on cherche les signes cliniques d'une encéphalite causée par le virus. Les reins puis le cerveau sont prélevés, deux organes qui abritent normalement le virus. Près de 20% des corvidés analysés sont porteurs du virus.

Il semble que les corvidés d'Amérique soient plus vulnérables qu'ailleurs dans le monde, peut-être parce que la souche de virus qu'on trouve ici est plus virulente.

Les risques pour la santé humaine

Mais quels risques courent les humains ? D'abord, il faut savoir que le virus ne se transmet pas d'une personne infectée à une autre.

Une personne infectée par une piqûre de moustique risque de n'avoir aucun symptôme. Seule une personne sur mille aura de légers symptômes ressemblant à ceux d'une grippe. Dans de rares cas, le virus déclenchera une encéphalite, une infection du cerveau ou une méningo-encéphalite, une infection de l'enveloppe du cerveau.

On a toujours pensé que les personnes à l'immunité affaiblie, les personnes âgées et les enfants seraient les plus à risque. Mais voilà qu'une nouvelle hypothèse est avancée.

À l'Institut Pasteur, on a découvert que certaines personnes pourraient avoir une prédisposition génétique à développer l'encéphalite du virus du Nil lorsqu'elles sont infectées par le virus. En travaillant sur des souris, le généticien Jean-Louis Guénet a isolé un gène qui code pour une enzyme dont le rôle est de détruire le virus. Ce gène est présent chez tous les vertébrés, y compris les humains.

Cette découverte d'un gène de susceptibilité est très prometteuse puisqu'elle permettra la création éventuelle d'un nouveau médicament pour traiter le virus du Nil et les autres virus de la famille des flavivirus.

Durant l'été 2002, aux États-Unis, quatre personnes ont été contaminés par le virus du Nil à la suite du don d'organes d'une femme habitant la Georgie. On a eu peur que les banques de sang soient une nouvelle voie de transmission du virus. Le Center for Disease Control à Atlanta a fait enquête. Bonne nouvelle : le virus ne demeure que quelques jours dans la circulation sanguine. Le risque est donc faible que les banques de sang soient infectées.

En attendant, que faire pour contrôler le virus dans l'environnement ? À New York en 1999, un vent de panique avait amené les autorités à épandre du malathion, un insecticide controversé à cause de sa toxicité. Chez les enfants, une simple exposition peut occasionner des maux de tête, des nausées et des problèmes respiratoires. Chez les oiseaux, elle peut être mortelle.

Au Québec, on est plus prudent. On propose une approche graduelle.
Première ligne de défense : la protection personnelle contre les moustiques. L'utilisation du DEET ou de la citronnelle et le port de vêtements longs sont des précautions efficaces.

Quelle sera la situation l'année prochaine, après l'hiver ? « On sait que le virus peut passer l'hiver notamment chez les moustiques qui hibernent à l'état adulte dans les caves, les caniveaux ou les abris naturels, explique Christian Back. Au printemps 2003, plusieurs de ces moustiques infectés risquent de se répandre dans la nature et de recommencer un cycle, peut-être beaucoup plus précocement que cette année. »

Au printemps 2003, si la situation a empiré, le gouvernement devra peut-être procéder à l'utilisation d'un larvicide, une substance qu'on dépose dans les eaux stagnantes et qui s'attaque aux larves des moustiques. On utiliserait le BTI, un produit biologique qui n'est pas dangereux pour la santé.

Et si le BTI ne s'avère pas aussi efficace que prévu, on devra utiliser un pesticide contre les moustiques adultes. On aurait donc recours à un pesticide moins toxique que le malathion, la resméthrine.

Mais il y a quand même une bonne nouvelle : à force de s'exposer aux moustiques, la population risque d'être immunisée malgré elle, et sera en mesure à long terme de combattre le virus.

Pour en savoir plus

Information de surveillance du virus West Nile
Santé Canada

GDG Environnement
Firme spécialisée dans le contrôle des insectes piqueurs

Journaliste : Michel Rochon
Réalisatrice : Marièle Choquette

 


 

Aux États-Unis, le virus du Nil occidental a fait 163 morts depuis 1999. Au Canada, une personne en est morte.


 




Les entomologistes de la firme GDG Environnement ont été mandatés par le gouvernement pour suivre la progression du virus dans les populations de moustiques. Les moustiques sont capturés dans ces pièges.

 





On sait que le virus peut survivre à nos hivers.

 

 

 

Au Québec, trois espèces de moustiques semblent être porteuses du virus du Nil occidental.

 

 

 

Pour se protéger du virus, il faut éviter les piqûres de moustiques en appliquant du chasse-moustique, DEET ou citronelle, et en portant des vêtements longs.

 

 


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