Dix personnages canadiens s’invitent au Tintamarre de Caraquet
Dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération, les traditionnelles grosses têtes du Tintamarre de Caraquet ont de nouveaux visages : Valentin Landry, Thérèse Casgrain ou bien encore Louis Riel, chaque province est présentée par un personnage, historique ou actuel, et un oiseau totem.
Le fondateur du journal L'Évangéline, Valentin Landry, se tient fièrement debout aux côtés du footballeur Emery Barnes, sous le regard de l'écrivaine Lucy Maud Montgomery. Un anachronisme qui fait sourire, mais le 15 août, tous ces personnages se mêleront aux milliers d’Acadiens venus manifester bruyamment leur joie dans les rues de Caraquet.
L'instigatrice de ce projet n’est nulle autre que l’artiste visuelle Pauline Dugas, aussi directrice du Festival des arts visuels en Atlantique. Cela fait plusieurs mois qu’elle travaille à ce projet, que ce soit sur le plan de la coordination, de la fabrication des marionnettes ou encore du choix des personnages.
Les figures présentes respectent les règles de la parité et de la diversité. Sur les 10 marionnettes, 5 sont des femmes, et 3 sont des Autochtones.
Ça, c’est vraiment un choix, de montrer ça dans l’année du Tintamarre, aussi parce qu’on est dans l’année du 150e du Canada, je trouve que c’est drôlement important de souligner le fait qu’ils étaient là [les peuples autochtones] bien avant 150 ans
Les dix figures canadiennes retenues pour l'oeuvre et leurs oiseaux
- N.-B : Valentin Landry, fondateur du journal L'Évangéline, et sa mésange à tête noire
- N.-É : Joshua Slocum, navigateur, et son balbuzard pêcheur
- Î.-P.-É. : Lucy Maud Montgomery, écrivaine, et son geai bleu
- T.-N.-L : Nancy Columbia, cinéaste inuite, et ses macareux moines
- Québec : Thérèse Casgrain, militante féministe, et son harfang des neiges
- Ontario : Pauline Johnson, écrivaine, et son plongeon huard
- Manitoba : Louis Riel, meneur de la rébellion de la rivière Rouge, et sa chouette lapone
- Saskatchewan : Ernest Lindner, peintre, et son tétras à queue fine
- Alberta : Maria Campbell, écrivaine métisse, et son grand-duc d’Amérique
- C.-B. : Emery Barnes, footballeur et premier député noir à l'Assemblée législative de C.-B., et son geai de Steller
Si les grosses têtes sont nées des mains de Bernard Dugas et de Pauline Dugas, les oiseaux, eux, ont été façonnés par des artistes provenant de partout au Canada.
Pauline Dugas a sélectionné un artiste par province, tout en respectant les règles de la diversité et de la parité.
Pour l’artiste gaspésienne Isabelle Rioux, c’est tout un privilège de participer à ce projet collectif et aux célébrations du 15 août.
Entre les artistes, on a réussi à connecter, à se montrer notre travail, à voir qu’est-ce qui nous relie et qu’est-ce qui nous différencie, s’ouvrir à autre chose. C’est là, je trouve, que le Canada trouve tout son sens
Ce sont ces mêmes artistes qui porteront les marionnettes dans le défilé.
Tout un défi, quand on sait que chaque marionnette pèse près de 15 kilos et mesure environ 2 mètres de haut. Mais cela n’effraie pas Isabelle, qui portera sur son dos Thérèse Casgrain, une féministe québécoise qui a milité pour le droit de vote des femmes.
« Je ressentais vraiment une fierté de l’avoir sur le dos. Je me disais : “Thérèse, c’est ton heure! T’es plus là, mais on va se souvenir de toi!” »