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Un rapporteur de l’ONU dénonce le manque d’accès à l’eau potable des Premières Nations

Des cruches d'eau.

Des bouteilles d'eau dans le centre communautaire de la Première Nation de Neskantaga, en Ontario. (Photo d'archives)

Photo : CBC/Olivia Stefanovich

RCI

L’incapacité du Canada à fournir de l’eau potable à toutes les Premières Nations ne constitue ni plus ni moins qu’une « violation flagrante » des droits fondamentaux des communautés autochtones, dénonce le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits à l’eau et à l’assainissement.

Pedro Arrojo-Agudo n’a pas mâché ses mots lors d’une conférence de presse à l’issue d’une tournée du Canada.

Je termine cette visite de deux semaines avec des sentiments conflictuels : de l’admiration d’une part, mais aussi de la frustration, voire de l’indignation, a-t-il souligné vendredi. J’ai été témoin de la marginalisation des Premières Nations dans les réserves où, bien souvent, les droits à l’eau potable et à l’assainissement ne sont pas respectés.

L’emploi du terme avis sur la qualité de l’eau potable par le gouvernement pour décrire la non-disponibilité d’eau propre à la consommation humaine dans les communautés des Premières Nations est également préoccupant pour lui.

Il est significatif que les réserves soient touchées par ce qu’on appelle des avis sur la qualité de l’eau potable, ou des avis à long terme. Ce n’est rien de moins que des violations flagrantes du droit fondamental à de l’eau potable.
Une citation de Pedro Arrojo-Agudo, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits à l’eau et à l’assainissement

L’incapacité prolongée et fréquente de se procurer de l’eau potable – pas juste au Canada, et pour n’importe quelle raison – constitue une violation des droits de la personne, a-t-il martelé.

Le Canada, historiquement, a cantonné les Premières Nations dans des réserves situées dans des environnements inhospitaliers. Par conséquent, le gouvernement a l’obligation de leur fournir de l’eau potable et des services d’assainissement qui répondent aux normes nationales, a souligné le rapporteur.

D’autres droits de la personne enfreints

M. Arrojo-Agudo s’est arrêté en Ontario, au Nunavut, en Colombie-Britannique et en Alberta. Il a rencontré des représentants des gouvernements, des organisations de la société civile et des peuples autochtones.

Il est à la fois physicien, professeur d’économie et lauréat du prix Goldman pour l’activisme environnemental, en plus d’avoir déjà siégé au Parlement espagnol. Il occupe ses fonctions à l’Organisation des Nations unies depuis 2020. Il agit comme expert indépendant responsable d’examiner et de faire des rapports sur le respect de certains droits de la personne.

Des agents de la GRC en armes entassés sur un manifestant pour l’arrêter.

Les Wet'suwet'en faisaient valoir que le gazoduc Coastal GasLink menaçait entre autres les cours d'eau de leur territoire. (Photo d'archives)

Photo : Twitter : @Gidimten

Le Canada étant généralement perçu comme un État démocratique, il s’est dit troublé d’apprendre que de nombreux militants des Premières Nations opposés à l’extraction de ressources sur leurs terres ont été judiciarisés, notamment ceux issus des nations Wet'suwet'en et Secwepemc.

Je suis malheureusement surpris par cette criminalisation des défenseurs des rivières autochtones, ce qui va [sûrement] entacher la réputation internationale du Canada, a-t-il déploré.

M. Arrojo-Agudo n’avait cependant pas que des reproches à l’endroit du Canada. Le travail de la Commission de vérité et réconciliation, l’unanimité de la Chambre des communes pour reconnaître que les pensionnats constituaient une forme de génocide et l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones sont, selon lui, des points de référence pour le leadership international.

Encore du travail à faire, concède Ottawa

En 2015, Justin Trudeau promettait en campagne électorale que son gouvernement allait être en mesure de donner accès à l’eau potable à toutes les Premières Nations d’ici le printemps 2021, une cible qu’il a largement manqué.

Il y a encore beaucoup de travail à faire pour nous assurer que toutes les Premières Nations aient accès à de l’eau potable. On ne pourra pas corriger du jour au lendemain des décennies de discrimination et de sous-financent, mais il y a du progrès, a indiqué par écrit le cabinet de la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, en réponse aux constats du rapporteur.

En 2015, il y avait 105 avis à long terme. Le gouvernement libéral a augmenté le financement des infrastructures hydrauliques de 150 % et, aujourd’hui, il reste 28 avis. Nous avons un plan pour tous les lever.

M. Arrojo-Agudo a reconnu ce travail et a applaudi la nouvelle loi sur l’eau potable chez les Premières Nations, mais il a insisté sur le fait que le droit à l’eau potable doit être protégé dans les lois fédérales et provinciales.

Il n’a toutefois pas donné de réponse directe lorsqu’on lui a demandé si les mesures prises par Ottawa pour donner de l’eau potable à toutes les Premières Nations étaient suffisantes.

M. Arrojo-Agudo déposera son rapport final au Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies en septembre.

Avec les informations de Brett Forester, de CBC Indigenous

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