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Les dépenses militaires mondiales toujours en hausse

Des chars d'assaut sur une route de terre.

La guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient avec la guerre dans la bande de Gaza poussent les États à augmenter leurs dépenses militaires. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / AFP / Menahem Kahana

Ximena Sampson

Les dépenses militaires mondiales ont augmenté de façon marquée l’année dernière pour une neuvième année consécutive. Elles ont atteint 2443 milliards de dollars américains (environ 3360 milliards $ CA), ce qui représente une augmentation de 6,8 % par rapport à 2022 et le plus haut niveau jamais enregistré, note l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui publie ces données.

Cette hausse est directement liée à la guerre en Ukraine (nouvelle fenêtre) ainsi qu’à l’escalade des tensions au Moyen-Orient et en Asie. Aucun continent n’est épargné : les dépenses militaires ont augmenté un peu partout. Les hausses les plus marquées ont toutefois eu lieu en Europe, en Asie de l’Est et au Moyen-Orient.

L’augmentation sans précédent des dépenses militaires est une réponse directe à la détérioration mondiale de la paix et de la sécurité, estime Nan Tian, chercheur principal au programme de dépenses militaires et de production d’armes du Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, cité dans le communiqué.

Un petit groupe d'États est responsable de la plus grande partie des dépenses militaires mondiales : les États-Unis et la Chine en représentent environ la moitié, tandis que les 10 premiers pays en constituent près des trois quarts.

Les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et l'Arabie saoudite représentaient à eux seuls 61 % des dépenses militaires mondiales en 2023.

Les pays qui occupent les 10 premières positions ont connu une augmentation de leurs dépenses militaires en proportion du produit intérieur brut. La plus forte augmentation a été enregistrée en Ukraine, où elles ont augmenté de 11 %, puis en Russie, avec une augmentation de 1,2 %.

La guerre en Ukraine incite à l'armement

Pour se défendre contre l’agression russe, l’Ukraine a dépensé en 2023 près de 65 milliards de dollars américains, soit près de 10 fois plus que ce qu’elle avait dépensé en 2020.

La Russie, quant à elle, a dépensé 109 milliards de dollars américains en 2023, ce qui représente 5,9 % du produit intérieur brut du pays. Les chiffres des dépenses militaires russes sont toutefois très incertains en raison de l’opacité croissante des autorités depuis l’invasion de l’Ukraine, en 2022.

Des militaires préparent un mortier.

Des membres de la Légion de la liberté de la Russie de l'armée ukrainienne se préparent à tirer au mortier sur une position militaire russe. Les dépenses militaires de l'Ukraine ont atteint 65 milliards de dollars en 2023, contre 109 milliards pour la Russie. (Photo d'archives)

Photo : Reuters

Les dépenses militaires de l’Ukraine en 2023 ont représenté 59 % de celles de la Russie. Kiev a cependant reçu au moins 35 milliards de dollars américains d’aide militaire au cours de l’année, dont 25,4 milliards des États-Unis. Si on ajoute ce montant aux dépenses militaires du pays, on atteint 91 % des dépenses russes, signale le Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

L’OTAN plus près de ses cibles

Les 31 membres de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord représentent à eux seuls 55 % des dépenses militaires mondiales, dont la part du lion revient aux États-Unis.

Cependant, les alliés européens ont fortement augmenté leurs dépenses militaires (nouvelle fenêtre), en particulier les pays baltes, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Finlande et la France.

Les deux dernières années de guerre en Ukraine ont fondamentalement modifié les perspectives en matière de sécurité des alliés européens de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord, souligne Lorenzo Scarazzato, chercheur au sein du programme des dépenses militaires et de la production d’armes du Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

Pour la première fois, 11 des 31 membres de l’Alliance ont atteint la cible de 2 % du produit intérieur brut consacré aux dépenses militaires.

L’objectif de l’OTAN de 2 % est de plus en plus considéré comme un point de départ plutôt que comme un plafond à atteindre.
Une citation de Lorenzo Scarazzato, chercheur à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm

Les dépenses militaires américaines se sont élevées à 916 milliards de dollars en 2023, soit 2,3 % de plus qu'en 2022. Les États-Unis restent, et de loin, le pays avec les dépenses militaires les plus élevées, allouant trois fois plus de budget à son armée que la Chine, le deuxième pays sur le palmarès.

Le Institut international de recherche sur la paix de Stockholm souligne que la plus forte augmentation des dépenses militaires américaines a été consentie à la recherche et au développement.

Le Moyen-Orient sur les dents

La guerre à Gaza a déjà eu des répercussions sur les budgets militaires des États. Dans la région, les dépenses ont augmenté de 9 % pour atteindre 200 milliards de dollars américains, ce qui représente la plus forte augmentation annuelle en 10 ans.

Les dépenses militaires d'Israël (nouvelle fenêtre) ont augmenté de 24 % pour atteindre 27,5 milliards de dollars en 2023. Ses dépenses mensuelles sont passées de 1,8 milliard avant octobre 2023 à 4,7 milliards en décembre 2023.

L’Iran demeure le quatrième État au budget militaire le plus élevé au Moyen-Orient avec 10,3 milliards de dollars américains en 2023, dont une grande partie est allouée au Corps des Gardiens de la révolution islamique.

Pas de répit en Asie

La Chine, avec 296 milliards de dollars américains en 2023, au deuxième rang du palmarès des dépenses, représente la moitié du budget militaire de la région Asie-Pacifique.

De plus, elle entraîne à la hausse les dépenses de ses voisins, qui améliorent leurs capacités militaires de manière préventive. Le Japon et Taïwan ont ainsi augmenté leurs dépenses de 11 % cette année.

Le Institut international de recherche sur la paix de Stockholm remarque cependant que la hausse des dépenses chinoises est plus faible cette année, ce qui pourrait refléter le ralentissement de la croissance économique de ce pays (nouvelle fenêtre) au cours de la dernière décennie.

Ximena Sampson

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