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Depuis 1960, le Sénégal construit son modèle démocratique

Un électeur sénégalais dépose son bulletin de vote lors de l'élection présidentielle de février 2019.

Depuis 1960, la démocratie au Sénégal est l'une des plus vigoureuses d'Afrique.

Photo : Radio-Canada

RCI

Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal est considéré comme un modèle démocratique – bien qu’encore imparfait – en Afrique. Tout au long de son existence, les journalistes et correspondants de Radio-Canada ont observé l’évolution du système politique de ce pays.

Un exemple en Afrique

Le 24 mars 2024, la population et les institutions de la République du Sénégal ont confirmé leur attachement aux valeurs et aux pratiques démocratiques.

Ce jour-là, le candidat de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye (nouvelle fenêtre), est élu dès le premier tour de l’élection présidentielle sénégalaise.

Le candidat du parti au pouvoir, Amadou Ba, reconnaît rapidement sa défaite et félicite celui qui deviendra le cinquième président du Sénégal.

Cette reconnaissance de la victoire de l’opposition par les hautes sphères du pouvoir est saluée par la communauté internationale.

Un ancrage démocratique historique

L’ancrage du Sénégal au modèle démocratique s’explique par son histoire précoloniale et coloniale.

Avant l’arrivée de la puissance coloniale française, plusieurs rois, régnant sur le territoire du Sénégal, consultaient des assemblées délibératives composées de plusieurs segments de la population lorsqu’il leur fallait prendre d’importantes décisions.

Un reportage, présenté à l’émission Caméra 60 le 13 novembre 1960, nous rappelle par ailleurs que la France avait pris un soin tout particulier au développement des institutions économiques et politiques de sa colonie.

Reportage sur le Sénégal quelques mois après son indépendance. Jacques Fauteux anime l'émission et Jean Ducharme narre le reportage.

Ce reportage est suivi d'une entrevue du journaliste Dostaler O’Leary avec le premier président de la République du Sénégal Léopold Senghor.

Dans une autre entrevue qu'il accorde au journaliste Jean Giroux, et qui sera diffusée à l’émission Première page le 7 juillet 1981, le président Senghor rappelle un autre élément historique qui a eu de l'importance pour la démocratie sénégalaise.

Extrait d'une entrevue du journaliste Jean Giroux avec le président de la République du Sénégal Léopold Senghor. Gil Courtemanche anime l'émission.

La France avait permis au Sénégal d’être représenté – avec quelques interruptions certes – à l’Assemblée nationale française avant son indépendance.

Dans cet extrait, Léopold Senghor explique aussi pourquoi il a volontairement quitté le pouvoir en décembre 1980.

Il décrit également pourquoi il a rétabli un système politique multipartite au Sénégal en 1976 après que ce dernier a été aboli en 1962.

Le président Senghor confie qu’il a accepté, après mûre réflexion, cette réapparition du multipartiste.

La permission d’exister donnée à quatre formations politiques, affirme-t-il, reflète la présence des quatre courants politiques auxquels adhère la population sénégalaise.

Une démocratie fragilisée?

De manière générale, la consolidation des droits démocratiques s’intensifie sous les présidences d’Abdou Diouf (1981-2000) et d’Abdoulaye Wade (2000-2012).

Macky Sall deviendra le quatrième président du Sénégal en 2012 et le restera jusqu’au 2 avril 2024.

Retournons en 2019, où le président Sall tente d’obtenir un deuxième mandat.

Notre correspondante en Afrique, Sophie Langlois, se rend au Sénégal pour observer la campagne électorale présidentielle.

Elle y constate, dans un reportage qu’elle présente au Téléjournal le 7 février 2019, que le président Sall fragiliserait le processus démocratique.

La correspondante en Afrique, Sophie Langlois, décrit à quelques jours du premier tour de votation les obstacles au processus démocratique lors de l'élection présidentielle au Sénégal de 2019.

Critiqué pour sa gestion économique et la corruption, le président Sall aurait répliqué en intimidant, et même en exilant, certains de ses opposants.

Une accusation que réfutent ses partisans qui nient l’existence d’un État policier au Sénégal.

Le 25 février, lendemain du premier tour de l’élection présidentielle de 2019, un nouveau reportage de Sophie Langlois, présenté au Téléjournal, constate que le processus électoral est menacé.

La correspondante en Afrique, Sophie Langlois, décrit les obstacles au processus démocratique lors de l'élection présidentielle au Sénégal en 2019.

Lors de ce scrutin, cinq candidats se trouvent en lice pour devenir présidents du Sénégal.

Il n'y avait pratiquement pas de chance qu’un de ces derniers obtienne une majorité dès le premier tour de scrutin.

Alors que tous les suffrages n’ont pas encore été comptés, le premier ministre du Sénégal félicite le président Sall pour son élection dès le premier tour.

L’annonce provoque la stupéfaction générale, entre autres parce que le premier ministre ne dispose pas des pouvoirs de déclarer victorieux un candidat.

Cette violation de la procédure électorale scandalise l’opposition qui conteste que le président Sall aurait déjà obtenu la majorité des voix.

Sophie Langlois rappelle que le Sénégal n’a jamais subi de coup d’État depuis son accession à l’indépendance et que les Sénégalais rejettent la violence.

Mais, ajoute-t-elle, si la victoire du président Sall est confirmée dès le premier tour, l’opposition sortira dans la rue pour manifester sa colère.

Finalement, le triomphe du président est confirmé quelques jours après la diffusion du reportage.

En 2024, la démocratie sénégalaise semble une fois encore compromise.

Cependant, le 24 février 2024, Bassirou Diomaye Faye, candidat de la rupture remporte la présidence du Sénégal face au prétendant qu’avait désigné le président Sall pour lui succéder, Amadou Ba.

Encore une fois le Sénégal a réussi une transition au sommet de l'État sans violence et qui donne plein d’espoir à sa population.

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