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Bradley Manning, le soldat derrière WikiLeaks

Bradley Manning
Radio-Canada

Né le 17 décembre 1987 en Oklahoma, le soldat américain Bradley Manning est à l'origine de la plus importante fuite de documents diplomatiques de l'histoire des États-Unis.

D'abord programmeur pour une compagnie de logiciels à Oklahoma City, Manning entre dans l'armée américaine en 2007 afin de financer ses études universitaires.

Doué en informatique et doté d'un fort esprit analytique, il décroche un diplôme de l'école du renseignement militaire de Fort Huachuca, en Arizona, où il reçoit une accréditation de sécurité lui permettant d'accéder à des informations confidentielles.

En 2009, Manning est envoyé en Irak, où il est affecté comme analyste du renseignement militaire dans une base à l'est de Bagdad. C'est à ce moment qu'il a accès à des documents classés ultrasecrets.

J'ai vu des arrangements politiques quasiment criminels [...] Des choses incroyables, horribles, qui doivent tomber dans le domaine public.

Une citation de Bradley Manning, dans une conversation en ligne avec le pirate informatique Adrian Lamo

Ces lanceurs d’alerte, traîtres ou héros?

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Top secret

Dès février 2010, le site WikiLeaks – fondé par Julian Assange - commence à publier des informations classifiées concernant les guerres en Irak et en Afghanistan.

Julian Assange, la star dans l’ombre

Manning admettra plus tard avoir transmis à WikiLeaks ni plus ni moins que 470 000 rapports de terrain de l'armée américaine, 250 000 câbles diplomatiques du département d'État américain et plusieurs vidéos de terrain.

Mais il a toujours déclaré l'avoir fait selon ses propres conditions, réfutant les allégations selon lesquelles il répondait directement aux demandes des dirigeants de WikiLeaks.

J'écoutais Lady Gaga et je chantonnais sur la musique, tout en exfiltrant la plus grande fuite de l'histoire des États-Unis.

Une citation de Bradley Manning, en conversation avec Adrian Lamo
Un camion peint en soutien à Bradley Manning.

L'Américain Clark Stoeckley pose devant le camion qu'il a peint en support à Bradley Manning.

Photo : La Presse canadienne / Patrick Semansky

Parmi ces documents, une vidéo datant de 2007 intitulée Meurtre collatéral montrait un hélicoptère américain tuer huit civils à Bagdad, dont un photographe de l'agence de presse Reuters et son chauffeur. Il s'agit du premier coup d'éclat du site WikiLeaks.

Au printemps 2010, Manning commet l'erreur de se vanter de ses exploits en tant que taupe à un ancien pirate informatique, Adrian Lamo, lors d'échanges électroniques dont le magazine américain Wired a publié des extraits. De peur d'être accusé de complicité, Lamo le dénonce aux autorités.

Hillary Clinton et des dizaines de milliers de diplomates dans le monde vont avoir une crise cardiaque un matin quand ils se réveilleront et découvriront qu'un répertoire complet de documents classifiés sur la politique étrangère est accessible.

Une citation de Bradley Manning, en conversation avec Adrian Lamo

Bradley Manning est arrêté en mai 2010. Pendant neuf mois, il est incarcéré à la prison militaire de Quantico, en Virginie, où il subit un traitement jugé excessivement dur par la suite.

Confiné à sa cellule 23 heures sur 24, Manning se plaint d'avoir été forcé pendant un certain temps à dormir nu, mesure visant à empêcher l'utilisation de vêtements pour se suicider. Une plainte est même déposée auprès du rapporteur spécial sur la torture de l'ONU en décembre de la même année.

Un partisan de Bradley Manning brandit une affiche du soldat américain devant la cour martiale le 21 août 2013, où il attend sa peine.

Un partisan de Bradley Manning brandit une affiche du soldat américain devant la cour martiale le 21 août 2013, où il attend sa peine.

Photo : AFP/MLADEN ANTONOV

Un voleur, un espion... mais pas un traître

En juillet 2013, le verdict tombe : il est reconnu coupable de cinq accusations d'espionnage, de cinq accusations de vol, d'une accusation de fraude informatique et d'autres infractions militaires par la Cour martiale de Fort Meade, dans le Maryland. Manning échappe toutefois à la plus importante des 22 accusations qui pèsent contre lui, celle de collusion avec l'ennemi. Il est ainsi qualifié de voleur, d'espion... mais pas de traître.

Tandis que le procureur militaire Joe Morrow réclame une peine de 60 ans de prison pour « envoyer un message à tous les soldats qui envisageraient de voler des informations classifiées », WikiLeaks crie au scandale, accusant l'administration Obama d'« extrémisme dangereux en ce qui a trait à la sécurité nationale ».

J'avais le sentiment d'accomplir quelque chose qui me permettrait d'être en paix avec ma conscience.

Une citation de Bradley Manning, devant la Cour martiale, en février 2013

Le 21 août 2013, la juge militaire Denise Lind condamne Bradley Manning à 35 ans de prison. Âgé de 25 ans, il est congédié de l'armée « pour déshonneur » et sera privé d'une partie de son salaire et de ses avantages sociaux.

Il bénéficie d'une remise de peine de 1293 jours, soit près de trois ans et demi, en raison notamment du temps qu'il a passé en détention préventive.

Je m'excuse pour le résultat inattendu de mes actes. Les trois dernières années m'ont beaucoup appris.

Une citation de Bradley Manning, devant la Cour martiale, en février 2013

Moins de 24 heures après avoir reçu sa peine, il a indiqué qu'il espérait être gracié et qu'il se considérait comme une femme. Il a précisé qu'il voulait changer de sexe et se faire appeler à présent Chelsea.

« Étant donné la manière dont je me sens depuis que je suis enfant, je veux commencer un traitement hormonal dès que possible. J'aimerais aussi qu'à partir d'aujourd'hui on m'appelle par mon nouveau prénom et que l'on utilise le pronom féminin pour parler de moi », a-t-il expliqué.

Cette photo non datée de Bradley Manning portant une perruque a été déposée en cour lors de son procès pour avoir transmis des documents classés.

Cette photo non datée de Bradley Manning portant une perruque a été déposée en cour lors de son procès pour avoir transmis des documents classés.

Photo : Armée américaine

Victime du système ou traître en manque d'attention?

Bien avant que la loi « Don't ask, don't tell » - qui interdisait aux gais et lesbiennes qui servaient dans l'armée américaine de révéler leur orientation sexuelle - ne soit abolie en décembre 2010, Bradley Manning n'hésitait pas à afficher son homosexualité sur sa page personnelle Facebook.

Or, lors du procès, la défense de Manning a invoqué le stress intense et l'isolement au sein de l'institution militaire qu'aurait vécus le soldat en raison de son identité sexuelle confuse.

J'aurais dû me battre davantage à l'intérieur du système. Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière et changer les choses.

Une citation de Bradley Manning, devant la Cour martiale, en février 2013

De son côté, le procureur Morrow a argué que Manning n'a pas agi parce qu'il était une victime, puisqu'il n'hésitait justement pas à parler de son orientation sexuelle. Il aurait agi en fonction de ses intentions cachées, a avancé le procureur, décrivant Manning comme un anarchiste et un traître en manque d'attention.

Peu de temps avant son arrestation, un de ses superviseurs avait retrouvé Manning couché en position foetale sur le sol en train de graver les mots « I want » (je veux) dans une chaise en vinyle.

Bradley Manning (archives)

Bradley Manning (archives)

Photo : AFP / SAUL LOEB

La défense a avancé le fait que parce qu'ils avaient grandement besoin d'un analyste de renseignements, les supérieurs de Manning auraient ignoré les problèmes mentaux évidents dont il souffrait et n'auraient pas averti les psychologues qui auraient pu l'encadrer.

Et, même sans problèmes de santé mentale, Manning aurait pu être renvoyé de l'armée sur la seule base de son homosexualité affichée.

Lors de son envoi en Irak en 2009, Manning possédait une plaque d'identification portant la mention « humaniste », selon son avocat.

Je suis désolé d'avoir fait du mal à des gens. Je suis désolé d'avoir fait du tort aux États-Unis.

Une citation de Bradley Manning, devant la Cour martiale, le 14 août 2013
Ces lanceurs d'alerte, traîtres ou héros?

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