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Nouvelle-Calédonie : 600 gendarmes pour « reprendre » la route de Nouméa vers l’aéroport

Des soldats français marchent aux alentours d'un aéroport.

Des soldats français sécurisent l'aéroport de Magenta, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, un territoire français situé dans le Pacifique, le 17 mai 2024.

Photo : AFP / DELPHINE MAYEUR

Agence France-Presse

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé une « grande opération de plus de 600 gendarmes » dimanche en Nouvelle-Calédonie pour « reprendre » la route entre Nouméa et son aéroport international.

Une grande opération de plus de 600 gendarmes, dont une centaine du GIGN, est lancée en ce moment même en Nouvelle-Calédonie visant à reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l'aéroport, a écrit M. Darmanin sur la plateforme X, samedi en fin de soirée, à Paris.

Les vols au départ et à destination de la Nouvelle-Calédonie sont suspendus depuis mardi en raison des émeutes provoquées par une réforme électorale jugée inacceptable par les indépendantistes.

D'autant que la Nouvelle-Zélande a annoncé, dimanche, avoir demandé à la France de pouvoir y poser des avions, afin de rapatrier ses ressortissants.

Nous sommes prêts à décoller, et attendons l'autorisation des autorités françaises pour savoir quand ces vols pourront avoir lieu en toute sécurité, a indiqué dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Winston Peters.

Samedi, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie avait informé que 3200 personnes étaient bloquées en l'absence de vols, soit parce qu'elles ne pouvaient pas quitter l'archipel, soit parce qu'elles ne pouvaient pas s'y rendre.

Pour déblayer la route vers l'aéroport, un convoi constitué notamment de blindés et d'engins de chantier a quitté Nouméa, dans un premier temps vers Païta.

Des journalistes de l'AFP ont constaté que dimanche en mi-journée, à Nouméa et dans les communes avoisinantes, des indépendantistes filtraient le passage des véhicules qui se présentaient, au moyen de très nombreux barrages faits de pierres, d'engins divers ou d'autres objets.

Les violences ont fait six morts, dont le dernier samedi après-midi. Il s'agissait d'un Caldoche (Calédonien d'origine européenne) à Kaala-Gomen, dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois civils kanaks, dans l'agglomération de Nouméa.

Des personnes marchent à côté d'une voiture incendiée.

Une voiture a été incendiée après qu'un supermarché a été pillé dans le quartier de N'Gea, à Nouméa, le 14 mai 2024.

Photo : Getty Images / DELPHINE MAYEUR / AFP

Dans un communiqué publié dimanche matin, le Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a fait état d'une nuit plus calme.

L'État se mobilise pour assurer la protection de la population et rétablir l'ordre républicain, a ajouté la représentation de l'État central.

Elle a annoncé l'arrivée prochaine de plusieurs centaines de forces de sécurité intérieure, de soutien logistique et opérationnel et de sécurité civile, en plus des renforts déjà envoyés.

Toujours instable à Nouméa

Reprendre le contrôle par la force devrait être un travail de longue haleine pour les forces de l'ordre. La violence chaque nuit dans certains quartiers montre que les émeutiers restent très déterminés.

La réalité, c'est qu'il y a [...] des zones de non-droit [...] qui sont tenues par des bandes armées, des bandes indépendantistes, de la CCAT. Et dans ces endroits, ils détruisent tout, affirmait samedi sur les ondes de BFMTV le vice-président de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Blaise.

La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) est une organisation indépendantiste radicale accusée d'inciter à la plus grande violence.

Nouvel exemple des troubles dans la nuit de samedi à dimanche : d'après la chaîne de télévision publique Nouvelle-Calédonie La 1ère, la médiathèque du quartier de Rivière Salée à Nouméa a été incendiée.

Interrogée par l'AFP, la mairie de Nouméa a répondu dimanche matin n'avoir aucun moyen pour le moment de le vérifier, le quartier étant inaccessible.

La mairesse de Nouméa, Sonia Lagarde (Renaissance), estimait samedi sur les ondes de BFMTV que la situation était loin d'un retour à l'apaisement. Est-ce qu'on peut dire qu'on est dans une ville assiégée? Oui, je pense qu'on peut le dire, ajoutait-elle.

Un policier regarde un civil.

La situation est toujours tendue à Nouméa, dans la capitale de la Nouvelle-Calédonie, alors que les policiers et gendarmes tentent de maintenir le calme.

Photo : AFP / VIA GETTY IMAGES / THEO ROUBY

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18 h et 6 h, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool, et le bannissement de l'application TikTok.

Pour la population, se déplacer, acheter des produits de première nécessité et se soigner devient plus difficile chaque jour. De moins en moins de commerces réussissent à ouvrir, et les nombreux obstacles à la circulation compliquent de plus en plus la logistique pour les approvisionner, surtout dans les quartiers les plus défavorisés.

Dimanche matin, la province Sud, qui regroupe près des deux tiers de la population, a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées dans la semaine.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va faire reculer les violences, qui ont commencé lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak, qui redoutent une réduction de leur poids électoral.

De l'ingérence étrangère?

Sans faire de lien direct avec les violences, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a accusé l'Azerbaïdjan d'ingérence en Nouvelle-Calédonie, et Bakou a dénoncé des accusations infondées.

Le sénateur français Claude Malhuret, rapporteur d'une commission d'enquête sur TikTok, interdit sur l'archipel en raison des émeutes, a lui estimé qu'il fallait craindre davantage des ingérences de la Chine qui veut être dans son pré carré en mer de Chine, mais également prépondérante dans le Pacifique.

Elle a besoin de nickel pour produire ses batteries, a-t-il expliqué dans un entretien donné à l'AFP, en référence au minerai brut dont l'archipel détient 20 à 30 % des ressources mondiales.

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