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Transport en commun, vélo, marche : comment repenser ses déplacements à Toronto?

Alison Stewart debout devant un véhicule noir tient un vélo sur la chaussée à proximité d'un tramway.

Alison Stewart de Cycle Toronto opte pour le vélo pour se déplacer à Toronto en raison, notamment, de la piètre qualité des services de transport en commun.

Photo : Gracieuseté : Alison Stewart.

Le manque de fiabilité du transport en commun à Toronto pousse des militants et spécialistes du transport à se concentrer sur les solutions pour faciliter les déplacements dans la plus grande ville du pays. Le transport actif devient une solution difficilement contournable pour se déplacer au centre-ville, selon ces experts.

Mieux comprendre le problème

Toronto possède le réseau de transport en commun le plus fréquenté au Canada, utilisé par des millions de passagers chaque année : 1,3 million de trajets par jour en semaine, selon les données de la Commission de transport de Toronto (CTT).

Mais les interruptions de service, les retards et la baisse de qualité des services semblent de plus en plus fréquents, selon le conseiller municipal à la présidence du conseil d'administration de la CTT Jamaal Myers.

Comme bien d'autres, il est frustré par le manque de fiabilité du réseau dont des millions de Torontois dépendent.

Le réseau n'a pas les moyens financiers d'assurer des services fiables de qualité, constate la directrice générale du groupe de défense des usagers des transports en commun TTCriders, Shelagh Pizey-Allen.

Il y a une crise de financement à la CTT, estime-t-elle. C'est un système qui a grandement besoin de financement pour son budget quotidien ainsi que son budget pour maintenir le système, explique l'observatrice.

Elle ajoute que le taux d'achalandage actuel dans le réseau de transport est toujours plus bas que celui d'avant la pandémie. La CTT fait donc face à une perte de revenus.

Shelagh Pizey-Allen à l'extérieur, devant une station de métro de Toronto

Shelagh Pizey-Allen ne peut s'empêcher de rire lorsqu'on lui demande si les Montréalais devraient être jaloux du métro de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Yasmine Mehdi

Pour attirer les usagers, on a besoin d'améliorer le service, la qualité du service et les niveaux de service, pense-t-elle.

Même son de cloche du côté d'Alison Stewart, la directrice de la sensibilisation et politique publique de Cycle Toronto.

Même si nous n'avons que deux lignes de métro, il y a souvent des problèmes. Il faut que le service soit simple, propre et efficace, croit-elle.

Des solutions à court terme

Une solution à court terme serait de prioriser les autobus et les tramways sur la rue pour rendre [les déplacements] plus fiables et plus rapides, comme le succès du projet sur la rue King, pense Shelagh Pizey-Allen.

La rue King est devenue un corridor prioritaire permanent de transport en commun en 2019.

Un plafonnement des tarifs, selon elle, contribuerait également à renflouer les coffres de la CTT et à augmenter l'achalandage dans le réseau.

Le concept consiste à ne plus faire payer l'usager après un certain nombre de trajets.

Si ce programme était en place, elle croit que les gens seraient encouragés à utiliser le transport en commun plus souvent. En augmentant le nombre d'usagers, la CTT aurait aussi plus de moyens financiers.

Vous pourriez, par exemple, vous déplacer gratuitement pour le reste du mois, de la semaine et de la journée, explique Shelagh Pizey-Allen.

Les personnes avec un plus faible revenu paient souvent davantage pour le transport en commun que celles qui peuvent se permettre le coût initial d'un laissez-passer mensuel de 156 $.

Une citation de Shelagh Pizey-Allen, porte-parole de TTCriders

Cette approche, dit-elle, est principalement profitable pour les gens qui n'utilisent pas la CTT chaque jour ou qui n'ont pas les moyens de se payer un laissez-passer mensuel au début du mois, poursuit l'observatrice.

Pour encourager les déplacements en transport en commun, l'Ontario et Toronto ont notamment mis en place une initiative de tarif unique en vigueur depuis le 26 février.

Cette mesure permet aux usagers de payer une seule fois pour une correspondance entre le train GO, le métro, le tramway et l'autobus.

Une personne âgée prend le transport en commun.

À Toronto, les 13 à 19 ans et les 65 ans et plus bénéficient d'un rabais sur leurs billets et leurs laissez-passer mensuels de la CTT.

Photo : iStock

De son côté, la professeure émérite à l'École de l'environnement à l'Université de Toronto, Beth Savan, propose de permettre aux personnes âgées de voyager gratuitement dans le réseau comme à Londres, au Royaume-Uni.

La capitale anglaise offre des laissez-passer gratuits pour les personnes de 60 ans et plus.

Selon Beth Savan, cette mesure encouragerait ce groupe à utiliser le transport en commun plus souvent pour les déplacements chez des amis, de la famille ou encore chez le médecin.

Cette initiative contribuerait à réduire le nombre de voitures sur les routes, estime-t-elle.

Pour les jeunes et les étudiants, elle propose un tarif réduit.

Encourager d'autres moyens de transport

Les rues à Toronto sont généralement faites pour la circulation routière, explique celle qui est reconnue pour son expertise en matière de développement durable et de planification urbaine.

La création de rues piétonnes et de rues réservées au transport en commun inciterait les citoyens à se déplacer différemment, selon Beth Savan.

Pour elle, il n'y a aucun doute, les Torontois ont besoin d'une plus grande variété de modes de transport pour se déplacer plus rapidement dans la ville.

On paie le prix d'un manque d'investissement dans le secteur au cours des 20 dernières années.

Une citation de Beth Savan, professeure émérite à la retraite à l'Université de Toronto

Pour la professeure émérite Beth Savan de l'Université de Toronto, il faut absolument mieux financer les transports en commun par la hausse de l'impôt, notamment.

Un constat est clair pour ces expertes : le réseau de transport de Toronto nécessite des investissements de la part de tous les ordres de gouvernement.

La professeure émérite Beth Savan porte des lunettes.

La professeure émérite Beth Savan propose de faire grimper la facture pour stationner sa voiture, particulièrement au centre-ville.

Photo : Radio-Canada / Fournie par Beth Savan

Beth Savan croit aussi que des prix plus élevés pour stationner un véhicule auraient pour effet de diminuer la congestion routière au centre-ville.

Elle explique que la frustration des usagers du transport en commun a poussé certains d'entre eux à reprendre la voiture pour se déplacer.

Ils ont découvert d'autres moyens de se déplacer, notamment à vélo pour certains, mais aussi en voiture. Maintenant, il y a beaucoup de congestion, c'est-à-dire beaucoup de voitures sur la route, note Beth Savan.

Photo prise en contre-plongée avec au premier plan des piétons, et à l'arrière, des commerces.

Des piétons traversent un des grands carrefours du centre-ville de Toronto.

Photo : AFP

En marge des problèmes de la Commission de transport de Toronto, il faut inciter les gens à utiliser le transport actif, explique la spécialiste en planification durable.

Certains usagers, frustrés par les temps d'attente et le manque de place dans les autobus, les tramways et les voitures de métro, n'ont d'autres choix que d'utiliser leurs pieds et leurs mains pour se rendre à destination.

Le transport actif, c'est quoi?

Le transport actif consiste à utiliser sa propre énergie pour se rendre d’un endroit à un autre. On peut se déplacer à pied, à vélo, en planche à roulettes, en patins à roues alignées, en fauteuil roulant non mécanisé, en raquettes et en skis, par exemple.

Source : Agence de la santé publique du Canada

Alison Stewart, directrice de la sensibilisation et politique publique à Cycle Toronto, a commencé à faire du vélo à Toronto en 1993.

La cycliste s'apprête à lancer une campagne de sensibilisation pour encourager les Torontois à effectuer 75 % de leurs trajets de 5 km en transport actif.

Une femme montre son vélo coloré.

La directrice de la sensibilisation et de la politique publique à Cycle Toronto prend son vélo partout où elle va.

Photo : Radio-Canada / Fournie par Alison Stewart

Une solution à court terme, selon elle, impliquerait la promotion de Bike Share Toronto, qui met à la disposition des résidents plus de 7000 vélos dans 630 stations à travers la ville, moyennant des frais.

Nous n'avons que 4 % des rues qui ont des pistes cyclables et un quart de nos rues n'ont pas de trottoir pour les piétons.

Une citation de Alison Stewart, Cycle Toronto

À Paris, la majorité des personnes circulent en transport en commun, affirme-t-elle.

Effectivement, deux Parisiens sur trois (66 %) n’ont pas de voiture, selon la Ville de Paris.

Le service de vélos en libre-service de Toronto.

Des experts proposent une meilleure intégration du service de vélos en libre-service de Toronto, Bike Share Toronto.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Le mois du vélo débute en juin donc c'est le moment idéal pour que tout le monde sorte son vélo ou essaye Bike Share Toronto, propose-t-elle.

Selon Alison Stewart, le comité de l'infrastructure et de l'environnement doit discuter de son plan 2025-2027 pour les vélos lors de sa réunion du 28 mai.

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