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En Alberta, le plus gros projet de capture de carbone du Canada ne fait pas l’unanimité

Un camion-benne travaille près de l'installation d'extraction de sables bitumineux de Syncrude, près de la ville de Fort McMurray, en Alberta, le 1er juin 2014.

Des 400 kilomètres de pipepine du projet de Pathways Alliance, environ 100 km seraient situés sur le territoire traditionnel de la Première Nation Cold Lake, selon le chef de cette dernière. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

Des groupes de défenseurs de l'environnement et une Première Nation albertaine critiquent l'étude d’impact environnemental qui doit être faite pour évaluer la faisabilité du plus important projet de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) au Canada.

Selon un document envoyé à la Première Nation Athabasca Chipewyan, Pathways Alliance, le consortium à l'origine du projet, va envoyer les 126 applications différentes qui doivent être soumises à une étude d’impact environnemental afin que celles-ci soient examinées séparément.

Au nom de la Première Nation Athabasca Chipewyan, de l'Alberta Wilderness Association, du No to CO2 Landowner's Group, d’Environmental Defence et du Réseau action climat Canada, EcoJustice demande à l'Agence de réglementation de l'énergie de l'Alberta (AER) de réaliser une seule évaluation globale de l'impact environnemental.

Carte du trajet du pipeline.

Le projet est un « élément clé du plan de la Pathways Alliance visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone provenant de l'exploitation des sables bitumineux », peut-on lire sur son Internet.

Photo : source : Pathways Alliance

Le chef de la Première Nation Athabasca Chipewyan, Allen Adam, croit que le fait de fractionner ainsi l’étude d’impact environnemental permet à l'industrie d'éviter une véritable consultation avec la nation.

Évaluation des risques

Le spécialiste de la conservation de l'Alberta Wilderness Association, Phillip Meintzer, s'oppose à cette démarche.

Ces 126 éléments sont en quelque sorte répartis entre les sociétés d'exploitation des sables bitumineux, ce qui signifie que chacun de ces projets, pris isolément, pourrait [passer] l'évaluation de l'impact sur l'environnement. Ce n’est pas pour autant le cas pour le projet dans son entièreté.

La directrice associée d’Environmental Defence Canada, Julia Levin, est du même avis.

Il s'agit du plus grand projet de capture du carbone proposé au Canada. Chaque composante prise individuellement ne suffit pas pour déclencher une véritable inquiétude, mais c'est en additionnant [toutes] les composantes qu'on peut avoir une réelle idée des impacts potentiels. Il s'agit d'une tactique que les compagnies pétrolières et gazières utilisent souvent.

Une citation de Julia Levin, directrice associée d’Environmental Defence Canada

Parmi ces risques, on compte l'accroissement de la pollution de l'air et de l'eau des régions avoisinantes, des risques d'explosion ou de fuite de CO2 et une utilisation accrue de l’eau dans des régions qui souffrent déjà de la sécheresse, comme l'expliquent Phillip Meintzer et Julia Levin.

Lorsque le CO2 est comprimé pour être transporté dans un pipeline, il devient très volatil. Il existe donc un risque d'explosion, soutient cette dernière.

Selon elle, il n’y a pas de réel bénéfice à réaliser ce genre de projet de captage et de stockage. Les compagnies pétrolières et gazières cherchent un moyen de faire de l'écoblanchiment, et c'est vers ce type de pratique qu'elles se tournent.

Pouvoir discrétionnaire de la province

En vertu du cadre réglementaire applicable au pétrole et au gaz, un projet de CUSC ne constitue pas une demande unique. Différentes demandes sont nécessaires pour les divers éléments qui le composent , soutient pour sa part l'AER.

Or, l'avocat d'EcoJustice, Matt Hulse, est plutôt d'avis que l'Alberta a un pouvoir discrétionnaire et l'autorité de décider si un projet comme celui-ci doit nécessiter une étude d'impact environnemental globale.

Il est donc possible de s'en passer sur le plan légal. Cela nuit à la capacité des communautés autochtones de savoir quels seront les impacts de ce projet sur leurs droits , croit toutefois l'avocat.

L'Alberta doit se rendre compte que, sans évaluation environnementale, elle ne pourra pas remplir son obligation constitutionnelle de consulter la Première Nation Athabasca Chipewyan et d'autres communautés autochtones locales au sujet des effets attendus du projet sur nos droits ancestraux protégés par la Constitution , explique Matt Hulse.

Julia Levin y voit une responsabilité gouvernementale de protection à l'égard des communautés locales qui assumeront tous les risques et n'en tireront aucun bénéfice.

L'AER précise qu'une déclaration de préoccupation peut être soumise par une personne ou un groupe qui pensent être directement et négativement touchés par un développement énergétique proposé.

Au moment de la publication de cet article, le gouvernement de l’Alberta et Pathways Alliance n’avaient pas répondu à nos demandes.

Le projet de Pathways Alliance 

Pathways Alliance est un regroupement des six plus grands producteurs de sables bitumineux du Canada : Canadian Natural Resources, Cenovus, ConocoPhillips, Imperial Oil, MEG Energy et Suncor.

Ils proposent un important projet de captage et de stockage du carbone dans le nord-est de l'Alberta.

Ce projet prévoit le captage du dioxyde de carbone (CO2) dans 13 installations d'exploitation de sables bitumineux situées dans les régions de Fort McMurray, de Christina Lake et de Cold Lake.

Le CO2 devra ensuite être transporté par un pipeline sur plusieurs centaines de kilomètres jusqu'à la région de Cold Lake où il sera stocké sous terre.

Le coût s’élèverait à 16,5 milliards $, selon les estimations du consortium.

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