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Une psychologue met en doute l’impartialité des jurés dans le procès de Jeremy Skibicki

Jeremy Skibicki assis en silence dans le box des accusés, près de ses avocats, au premier jour de son procès, le 29 avril 2024.

Jeremy Skibicki assis en silence dans le box des accusés, près de ses avocats, au premier jour de son procès.

Photo : James Culleton

Au deuxième jour du procès de Jérémy Skibicki, la Couronne s’est vivement opposée au témoignage d’une psychologue américaine qui a remis en question la possibilité de former un jury impartial dans le cadre d’un procès hautement médiatisé.

Christine Ruva, qui est spécialisée dans la formation de préjugés en contexte judiciaire, a affirmé qu’il était extrêmement difficile de contrôler l’expression de préjugés inconscients après avoir été exposé à une couverture médiatique à forte charge émotionnelle.

Elle a cité ses recherches pour montrer que les instructions données par un juge à cette fin étaient inefficaces.

C’est le jour et la nuit, a-t-elle dit, en comparant les affaires juridiques largement couvertes par les médias à celles qui ne le sont pas.

Christine Ruva a aussi donné comme exemple quelques titres d’articles de presse ainsi que le mouvement national de soutien pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Ce n'est pas que les jurés contreviennent délibérément aux instructions [du juge]. C'est en raison de mécanismes cognitifs qui rendent même un bon juré incapable de se conformer aux instructions, a-t-elle affirmé.  

À son avis, il suffirait qu’une partie des jurés ait entendu parler du cas pour que cela contamine les jurés qui n’en ont pas entendu parler.

Ils interpréteront l’information différemment, a affirmé Christine Ruva.

Le juge Glenn Joyal a interrompu l’experte à plusieurs reprises au courant de la journée pour tenter de comprendre l'étendue de sa position, ainsi que ses conséquences potentielles pour le système judiciaire canadien.

Il a indiqué qu’elle semblait remettre en question l’un des piliers du système judiciaire, soit la possibilité de remédier à la partialité.

À ce sujet, Christine Ruva lui a répondu que la cour n’avait pas les outils nécessaires pour corriger les préjugés et qu’elle ne peut que l’éliminer par l’exclusion des jurés qui ont des idées préconçues.

Nous ne cherchons pas à y remédier. Nous cherchons à l'éliminer, a-t-elle affirmé. 

Le juge a alors souligné qu’elle mettait en opposition le droit d’être jugé par ses pairs et la liberté de presse.

Le juge Glenn Joyal a alors demandé à la psychologue si elle estimait qu’il était impossible de neutraliser les effets d’un parti pris. Celle-ci lui a répondu qu'il est pratiquement impossible de le faire et que les outils qui se sont révélés efficaces ne sont pas adaptés au contexte judiciaire.

Dans son contre-interrogatoire, la Couronne a remis en question le raisonnement de Christine Ruva.

Le procureur de la Couronne Christian Vanderhooft a rappelé qu’il n’était pourtant pas rare qu’un jury rende un verdict de non-culpabilité comme cela a été le cas dans le procès hautement médiatisé de Raymond Cormier, accusé du meurtre de Tina Fontaine.

Tout le monde n'est pas déclaré coupable, même lorsque la médiatisation avant le procès est importante, a-t-il souligné.

Christian Vanderhooft a également remis en question la validité des conclusions de la psychologue américaine dans un contexte canadien.

Il a indiqué que son expertise se limitait au système judiciaire américain qui comporte d’importantes différences en matière de sélection des jurés, ainsi que la médiatisation des détails d’une enquête.

Il a aussi rappelé que, au Canada, la police et la Couronne ne donnent souvent pas tous les détails concernant un crime au public avant le début d’un procès.

Christine Ruva a alors reconnu que les préjugés étaient plus susceptibles de se former lorsque de tels détails sont révélés et que la médiatisation d’une affaire juridique avant un procès était très différente au Canada.

Jeremy Skibicki, qui a de nouveau été amené au tribunal, les chevilles menottées, s'est assis en silence dans la salle d'audience. Il a plaidé non coupable de quatre chefs d'accusation de meurtre au premier degré.

Son procès reprendra mercredi alors que les arguments entourant la requête de la défense pour éviter à l’accusé un procès devant jury se poursuivent.

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