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Ukraine : la Russie frappe le rail pour bloquer les livraisons militaires

Des pompiers autour d'un édifice en flammes gravement endommagé.

Des pompiers s'activent autour de la gare de Kostiantynivka, en Ukraine, après une frappe survenue vendredi.

Photo : Reuters / Thomas Peter

Agence France-Presse

La Russie a intensifié ses frappes sur le réseau ferroviaire ukrainien pour « paralyser » les approvisionnements militaires, notamment en matériel occidental, en vue d'une nouvelle offensive, a déclaré vendredi à l'AFP un haut responsable sécuritaire ukrainien.

L'infrastructure ferroviaire est particulièrement vitale en Ukraine, aussi bien pour le transport passager et le commerce que pour l'armée, car depuis le début de l'invasion russe, en février 2022, tout le trafic aérien civil y est paralysé.

Il s'agit là de mesures classiques avant une offensive d'ampleur, attendue au cours des prochaines semaines, a déclaré sous couvert d'anonymat une source haut placée dans le système sécuritaire ukrainien, interrogée par l'AFP au sujet de ces attaques.

Le but consiste à paralyser les livraisons, le transport des cargaisons militaires, a-t-elle ajouté.

Le réseau de chemins de fer a été régulièrement visé par des bombardements russes ces deux dernières années. Des frappes ont notamment touché des gares à l'instar de celle de Kramatorsk, dans l'est, où des dizaines de personnes, essentiellement des civils qui tentaient de fuir les combats, ont été tuées en avril 2022.

Une douzaine de corps couverts de bâches dehors.

Une attaque a visé la gare de Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine, et a fait des dizaines de morts en avril 2022. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Herve Bar

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

Toutefois, ces dernières semaines, une recrudescence des bombardements sur les infrastructures ferroviaires a été constatée.

Armements occidentaux visés

Ces attaques sur les chemins de fer surviennent au moment où les États-Unis ont, après des mois de paralysie à cause de rivalités politiques internes, repris leur aide militaire à l'Ukraine.

Vendredi, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé un volet de 6 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine, le plus important jusqu'à maintenant, qui comprendra des systèmes de défense aérienne, des systèmes antidrones et des munitions d'artillerie. Il s'agit du deuxième volet annoncé cette semaine après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi.

Ces deux montants s'inscrivent dans le budget de 61 milliards de dollars d'assistance à Kiev voté cette semaine au Congrès américain.

Dans la seule journée de jeudi, des frappes ont touché des infrastructures ferroviaires dans trois régions ukrainiennes.

Dans celle de Donetsk, divisée par la ligne de front, trois employés de la société de chemins de fer Ukrzaliznytsia ont été tués dans une attaque contre un site ferroviaire.

Le même jour, dix civils ont été blessés dans une frappe de missile contre la gare de Balaklia, dans la région de Kharkiv (nord-est), et des infrastructures ferroviaires ont été endommagées à Smila (région de Tcherkassy, au centre).

Un bombardement massif contre des sites ferroviaires à Dnipro et dans sa région (centre-est) avait tué une employée d'Ukrzaliznytsia et avait blessé sept autres travailleurs le 19 avril. Une semaine plus tôt, la gare de Soumy (nord) avait été touchée par une frappe.

L'armée russe a quant à elle revendiqué vendredi avoir frappé un train avec des armements occidentaux et des équipements militaires dans la localité d'Oudatchné, dans la région de Donetsk, ainsi que des troupes et des équipements militaires à Balaklia.

Si l'armée russe n'a pas donné de dates, ces affirmations semblent correspondre aux frappes évoquées la veille par les autorités ukrainiennes.

Des appareils brûlés dans une centrale électrique en Ukraine.

Des turbines et divers appareils brûlés dans une centrale électrique du fournisseur d'énergie DTEK. Cette centrale a été détruite lors d'une attaque dans un lieu non divulgué en Ukraine le 19 avril 2024. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / GENYA SAVILOV

Depuis mars, la Russie a multiplié les frappes contre les infrastructures ukrainiennes, notamment sur des sites énergétiques, dont elle a détruit une multitude, et plus récemment sur le réseau ferroviaire.

Hôpitaux évacués

Les armements occidentaux donnés à l'Ukraine, notamment des munitions pour l'artillerie et la défense aérienne, sont livrés dans le plus grand secret à partir des pays voisins, en particulier la Pologne.

Le chef du transport de passagers d'Ukrzaliznytsia, Oleksandr Pertsovsky, a indiqué jeudi à l'AFP avoir constaté une hausse des attaques sur l'infrastructure ferroviaire.

Nous constatons que les frappes visent la logistique ferroviaire et touchent essentiellement des sites civils, a-t-il dit.

Ils mènent des frappes de manière aveugle sur des gares. C'est une façon de faire très primitive.

Une citation de Oleksandr Pertsovsky, chef du transport de passagers d'Ukrzaliznytsia

Affaiblies par une contre-offensive infructueuse à l'été 2023 et par la paralysie des mois durant de l'aide militaire américaine, les forces ukrainiennes, en manque d'hommes et de munitions, sont sous pression sur une large partie du front, notamment dans l'est.

Et la situation devrait empirer autour de la mi-mai et du début de juin, qui sera une « période difficile », avait prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov.

Cette analyse est partagée par des responsables occidentaux qui pronostiquent que les trois mois à venir vont être très difficiles pour les forces de Kiev.

Des tirs d'artillerie russes ont en outre fait deux morts vendredi dans la région de Soumy, dans le nord de l'Ukraine à la frontière russe, selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, qui précise que ce sont deux femmes âgées qui ont été tuées.

Trois autres personnes sont mortes à la suite de frappes ukrainiennes dans deux régions russes, Koursk et Briansk, ainsi que dans la région ukrainienne de Lougansk, presque entièrement occupée par la Russie, ont indiqué les autorités russes.

Enfin, la mairie de Kiev a annoncé l'évacuation de deux hôpitaux, dont l'un pédiatrique, de la capitale ukrainienne, craignant que la Russie ne les frappe, car une vidéo qui circule sur les médias en ligne affirme que des militaires se trouveraient dans ces établissements.

Cela annonce de facto une frappe, a dit estimer la mairie, qui insiste sur le fait que ces centres hospitaliers ne sont pas des sites militaires.

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