•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Demande d’enquête publique sur toute l’affaire Umar Zameer

Umar Zameer a été acquitté du meurtre prémédité de l'agent Jeffrey Northrup en 2021 à Toronto au terme d'un procès de 5 semaines.

Umar Zameer lors d'un point de presse devant le palais de justice.

Umar Zameer a été acquitté le 21 avril 2024 du meurtre de l'agent Jeffrey Northrup trois ans plus tôt à Toronto.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Des voix s'élèvent pour que la province ordonne l'ouverture d'une enquête publique sur la saga politico-judiciaire entourant l'acquittement d'Umar Zameer. Des excuses et des explications se font toutefois toujours attendre.

Myron Demkiw  en uniforme de chef de la police salue la foule lors d'une cérémonie.

Myron Demkiw a officiellement prêté serment en tant que nouveau chef de la police de Toronto.

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn

Pour l'heure, le chef de police de Toronto, Myron Demkiw, a clarifié, mardi, ses propos au sujet de sa position controversée de dimanche à la suite de l'acquittement d'Umar Zameer.

Il affirme qu'il respecte l'appareil judiciaire et le jury, qui a reconnu Umar Zameer non coupable de la mort de l'agent Jeffrey Northrup la nuit du 2 juillet 2021.

Il se défend, pour l'instant, de critiquer ou de remettre en question le travail des agents qui ont interpellé l'homme de 35 ans et sa famille juste avant la collision mortelle dans le stationnement souterrain de l'hôtel de ville.

Je respecte le verdict et nous souhaitons tous parvenir à une résolution dans cette affaire et surmonter notre deuil sans compromettre la poursuite de la justice.

Une citation de Myron Demkiw, chef de police de Toronto

Il croit que l'enquête qu'il a sollicitée auprès de la Police provinciale de l'Ontario (PPO) confirmera ou non les allégations de collusion et de parjure auxquelles trois des quatre policiers font face depuis le procès.

Portrait de Myron Demkiw lors d'un point de presse à l'extérieur du tribunal.

Le chef de la police de Toronto, Myron Demkiw, était présent dans le prétoire lorsque le jury a rendu son verdict.

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Les agents Forbes, Correa et Pais sont accusés de s'être parjurés au procès d'Umar Zameer et d'avoir conspiré pour que leur témoignage se ressemble.

Face à ceux qui critiquent le chef Demkiw d'avoir donné un travail d'enquête à un autre corps de police, il répond qu'il était important d'assurer l'indépendance de l'investigation, même si ce sont des policiers qui enquêteront sur la conduite d'autres policiers.

Le chef de police s'est par ailleurs engagé à revoir à l'interne le protocole de son service sur le travail des policiers en civil et sur leur façon d'aborder des citoyens en public.

Une femme en train de marcher vers un tribunal.

La sergente Lisa Forbes de la police de Toronto, à son arrivée au tribunal, était un important témoin à charge de la Couronne dans le procès d'Umar Zameer.

Photo : Radio-Canada / CBC

À l'époque, l'agent Northrup et sa coéquipière Lisa Forbes recherchaient à pied dans le garage un assaillant au couteau qui venait de blesser un homme.

Ils étaient assistés par les agents Antonio Correa et Scharnil Pais, qui se trouvaient dans une voiture de police banalisée et aux vitres teintées.

Les policiers avaient reçu de leur répartiteur le signalement d'un homme brun avec une barbe dont la description ressemblait, selon eux, à Umar Zameer.

Jeffrey Northrup, habillé en civil.

L'agent Jeffrey Northrup, quelques moments avant sa mort dans le stationnement souterrain de l'hôtel de ville de Toronto.

Photo : avec l'autorisation de la Cour supérieure de l'Ontario

Il est donc trop tôt, selon le chef Demkiw, pour affirmer que les policiers avaient mal agi cette nuit-là ou qu'ils n'avaient pas respecté les procédures.

Souci de transparence

Au cours d'une conférence de presse sans lien avec le sujet, le chef Demkiw s'est par ailleurs engagé à être aussi transparent que possible dans son enquête interne, mais il n'a pu offrir aucune garantie.

Il affirme en outre qu'il ignore si une enquête du coroner sur la mort de l'agent Northrup serait utile à ce moment-ci comme un gage de transparence auprès du public et il s'en remet à la province pour en prendre la décision.

Le ministère du Solliciteur général de l'Ontario n'a jamais répondu à nos questions à ce sujet.

Une scène de crime.

Des ambulanciers et des policiers viennent en aide à un individu qui a été blessé au couteau à l'abdomen la nuit du 1er juillet 2021. La Sgte Forbes est en short à gauche.

Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO

Le chef Demkiw a en outre refusé de commenter les déclarations de son prédécesseur, James Ramer, au sujet de la libération d'Umar Zameer sous caution le 22 septembre 2021.

M. Ramer avait dit que M. Zameer avait agi de façon intentionnelle, sacrifiant ainsi la présomption d'innocence dont ce dernier aurait dû jouir en vertu de la loi.

18 mois plus tard, son successeur, Myron Demkiw, a refusé de présenter des excuses à M. Zameer pour les propos qu'il a tenus dimanche, mais il admet que cet épisode a probablement ébranlé la confiance du public.

Umar Zameer devant des micros et plusieurs journalistes, au côté de ses avocats.

Umar Zameer (à droite) réagit avec joie et soulagement au verdict d'acquittement pour le meurtre de l'agent Northrup, de la police de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Tyler Cheese

Le conseiller municipal de Toronto Jon Burnside, lui-même policier de carrière, croit que le chef Demkiw aurait dû présenter des excuses pour ses commentaires.

Je ne pense toutefois pas qu'il doive démissionner, il est le meilleur chef que nous ayons eu; cela dit, j'ai été surpris et déçu par ses propos.

Une citation de Jon Burnside, conseiller municipal

M. Burnside ajoute qu'il a même été perplexe, parce que le verdict d'acquittement n'était une surprise pour personne.

Je comprends l'émotion qui régnait dimanche, mais la mort de l'agent Northrup ne date pas d'hier, poursuit-il.

Le conseiller souligne qu'il n'y avait aucun malaise à ce que le chef de police rectifie ses propos et respecte le verdict dans cette affaire. La justice a été servie sous forme d'acquittement, conclut-il

Contrôle des dommages

La Coalition torontoise sur la responsabilité policière croit pour sa part que la police tente de limiter les dégâts face à la critique, en demandant à la PPO d'enquêter et à son service de revoir à l'interne les procédures.

Un portrait du coordonnateur de la Coalition torontoise sur la responsabilisation de la police, John Sewel devant son bureau. Il porte des lunettes et est âgé de 77 ans.

John Sewell est le coordonnateur de la Coalition torontoise sur la responsabilisation de la police. Il a également été maire de Toronto de 1978 à 1980.

Photo : Radio-Canada

Nous avons besoin d'avoir des explications immédiates sur ce qui s'est exactement passé sur le terrain et au poste de police.

Une citation de John Sewell, Coalition torontoise sur la responsabilité policière

Le coordonnateur de la Coalition, John Sewell, affirme que la police est toujours prompte à ordonner des enquêtes pour échapper à ses responsabilités, mais aucune investigation n'est nécessaire.

L'avocat Michael Spratt pense que l'enquête de la PPO sur le parjure allégué des agents est un pas dans la bonne direction, mais que c'est insuffisant.

Le chef Demkiw est dans le déni et seule une enquête publique indépendante pourra faire toute la lumière sur cette affaire pour exiger des comptes à ceux qui sont au pouvoir, explique-t-il.

Pour que le public retrouve confiance dans le système judiciaire, l’examen doit être ouvert et transparent.

Une citation de Michael Spratt, avocat de la défense au criminel (non lié à la cause)

L'enquête publique pourrait aussi examiner, selon lui, des questions plus larges, y compris « les commentaires incendiaires » de MM. FordBrown et Tory,qui auraient pu mener à une erreur judiciaire.

Le premier ministre Ford a déclaré mardi qu'il respectait le verdict.

Le maire en conférence de presse.

L'ancien maire John Tory avait sévèrement blâmé la juge qui avait libéré sous caution Umar Zameer le 22 septembre 2021.

Photo : CBC/Lorenda Reddekopp

L'Association canadienne des libertés civiles pense elle aussi qu'une enquête publique provinciale serait de mise dans les circonstances et compte tenu des allégations de parjure et de collusion.

Les graves préoccupations que soulève cette affaire exigent un examen libre et impartial au-delà de celui de la PPO.

Une citation de Shakir Rahim, directeur du programme de justice pénale de l'ACLC

Selon M. Rahim, des mécanismes véritablement indépendants et robustes pourraient inclure à la fois une enquête publique ou un examen indépendant par la Commission des services policiers de Toronto.

Le ministère du Procureur général de l'Ontario a refusé de répondre à nos questions sur les circonstances dans lesquelles les procureurs Michael Cantlon et Karen Simone se sont vu octroyer le dossier de M. Zameer.

Le chef en conférence de presse.

L'ex-chef de la police de Toronto, James Ramer, avait confirmé la mort de l'agent Northrup lors d'un point de presse en juillet 2021.

Photo : CBC/Lorenda Reddekopp

Dans un courriel laconique, son porte-parole écrit néanmoins que les décisions de poursuivre un individu au criminel sont prises par la Couronne sans aucune interférence politique.

Question de confiance

M. Burnside ne comprend pas lui non plus les raisons pour lesquelles les procureurs ont été de l'avant avec une accusation de meurtre prémédité contre Umar Zameer à la lumière des faibles preuves de la police.

Il affirme qu'il est incroyable que le témoin-clef de la Couronne au procès, l'agente Forbes, ait été disciplinée pour inconduite relativement à une campagne de souscription qui a tourné au vinaigre et qu'elle ait obtenu du galon par la suite.

Le conseiller municipal Jon Burnside.

Le conseiller municipal Jon Burnside, qui a été élu dans le quartier Don Valley East, s'adresse au conseil en 2022.

Photo : Radio-Canada / Michael Wilson

Ironiquement, la vente de t-shirts d'apparence frauduleuse à laquelle l'agente Lisa Forbes était associée devait aider la famille d'un autre policier mort en devoir.

La Sgte Forbes est à nouveau montrée du doigt pour avoir apparemment menti à la barre des témoins au procès d'Umar Zameer.

Il reste encore beaucoup de questions d'intégrité et d'imputabilité auxquelles la police doit répondre, précise le conseiller torontois, en laissant entendre que le ménage doit être fait au sein du service.

Si le public n'a plus confiance en la police, c'est tout le système qui s'écroulera, conclu le conseiller Burnside.

Interrogé à ce sujet, le chef Demkiw a répondu qu'il fera tout ce qui est nécessaire pour rétablir la confiance des Torontois dans leur service de police.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Ontario

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Ontario.