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L’été d’Éric Duhaime : entre football et Dragfest

Éric Duhaime lors d'un événement de course de camions à Saint-Théophile, en Beauce

Éric Duhaime lors d'un événement de course de camions à Saint-Théophile, en Beauce

Photo : Facebook Éric Duhaime

Ses appuis ont augmenté de manière fulgurante à son arrivée comme chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), mais Éric Duhaime n’est pas dupe. Faire durer cet engouement est son principal défi, qu’il tente de relever cet été en allant à la rencontre de sa base là où elle est le plus susceptible de se trouver.

Le 15 juillet, Éric Duhaime monte à bord d’un camion qui crache une fumée grise avant de s’élancer sur la piste. Le chef du PCQ est à Saint-Théophile, une municipalité d’environ 700 habitants en Beauce. C’est le traditionnel Dragfest, un événement de course de camions bien connu dans le secteur.

On va là où il y a les talles les plus généreuses! admet le chef du PCQ, sachant que des électeurs qui lui sont favorables risquent de participer au Dragfest. Saint-Théophile se trouve dans la circonscription de Beauce-Sud, qui a échappé à son parti par 428 votes aux élections d’octobre dernier.

Quand tu vas dans un festival de course de camions, tu n’es pas vraiment dans la philosophie de la guerre à l’auto! C’est un peu normal qu’on se retrouve entre nous dans ce genre d’événements là.

Une citation de Éric Duhaime, chef du PCQ

Même s’il a échoué à faire son entrée à l’Assemblée nationale en octobre dernier, M. Duhaime a réussi un incontestable tour de force : celui de doter sa formation politique d’une base électorale qui rivalise avec celle des partis d’opposition.

Néanmoins, le chef conservateur ne jouit pas de la visibilité médiatique qui vient avec le fait de siéger au Salon bleu; il doit donc trouver le moyen de se faire voir autrement, à l’extérieur du parlement.

Éric Duhaime sait aussi qu’une partie de ses partisans sont plutôt antisystèmes ou désillusionnés par la politique. Rien n’assure donc qu’ils seront encore au rendez-vous en 2026, quand il tentera à nouveau de se faire élire, d’où la nécessité d’aller les voir pour les garder motivés.

Ce qui est nouveau, plus jeune, la base est plus fragile, forcément. Mais ça nous permet aussi d’avoir des gens dynamiques, d’avoir un potentiel de croissance encore plus élevé, parce qu’il y a encore des gens qui ne nous connaissent pas par rapport aux vieux partis, dit-il avec optimisme.

Aller au Dragfest et assister à des matchs de football, comme il l’a fait à quelques reprises cet été, est donc une tentative de fidéliser sa clientèle électorale dans un contexte plus décontracté.

Les électeurs apprécient ça, je pense, de voir des politiciens à l’extérieur du cadre formel et de leur jaser pas juste de politique, mais de parler de sport, de course de camions; de parler d’autres sujets qui sont plus légers. Ça permet aussi au monde de nous voir sous un angle humain.

Une citation de Éric Duhaime, chef du PCQ
Le chef du PCQ, Éric Duhaime, lors d'un événement de football à l'été 2023.

Le chef du PCQ, Éric Duhaime, lors d'un événement de football à l'été 2023

Photo : Facebook Éric Duhaime

Ne pas se faire oublier

Alexis Bibeau-Gagnon, étudiant au doctorat en science politique à l’Université de Virginie, avance que la stratégie de communication d’Éric Duhaime vise surtout à ce qu'il ne se fasse pas oublier.

Une étude à laquelle il a contribué l’an dernier, durant la campagne électorale, démontre que le PCQ avait essentiellement atteint son plein potentiel de croissance, ayant remporté 13 % des suffrages exprimés.

Ceux que M. Duhaime pouvait aller chercher lui sont acquis. Après ça, il faut les garder, ces gens-là, évidemment. C'est un autre défi.

Une citation de Alexis Bibeau-Gagnon, étudiant au doctorat en science politique à l'Université de Virginie

Et pour s’assurer de conserver cette base, en partie composée d’anciens électeurs abstentionnistes, M. Duhaime doit rester fidèle à son personnage politique, estime M. Bibeau-Gagnon.

Ça nécessite aussi une stratégie de communication de maintenir cette image de lui en tant que chef, mais aussi du parti en tant que parti outsider [marginal], parti contestataire, antisystème, qui se voit critique de l'État québécois; de son rôle, notamment, dans l'économie, de son rôle social, ajoute-t-il.

Comment continuer de croître?

Les plus récents sondages laissent croire que les appuis du PCQ sont plutôt stables, peut-être en légère décroissance, ce qui ne semble pas inquiéter M. Duhaime. Les sondages à trois ans et demi des élections, ce n’est pas la chose la plus fondamentale, soutient-il.

Force est d’admettre, cependant, que ses appuis sont encore loin de lui permettre d’aspirer au pouvoir. Tôt ou tard, le leader conservateur devra tenter d’élargir sa base électorale.

Le danger, quand on tente d'élargir sa base, c'est de perdre ceux qui nous sont fidèles, prévient le chercheur Alexis Bibeau-Gagnon. Il y a un défi important ici.

Alexis Bibeau-Gagnon, étudiant au doctorat en science politique à l'Université de Virginie

Alexis Bibeau-Gagnon, étudiant au doctorat en science politique à l'Université de Virginie

Photo : Dana Moyer

M. Bibeau-Gagnon observe d'ailleurs que, depuis quelques mois, Éric Duhaime tente d’exploiter d’autres thèmes que celui qui lui a le plus permis de se démarquer pendant la dernière campagne électorale : la pandémie.

À son avis, le chef du PCQ pourrait éventuellement être tenté par un recentrage de sa formation politique. Il devra aussi se défaire d’une perception tenace voulant que son parti ne soit populaire que dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches.

En ce moment, un peu comme Québec solidaire est symboliquement associé à l'île de Montréal, le Parti conservateur est associé à la grande région de Québec. Sortir de cette image de parti régional, c'est un défi qui vient avec un travail d'acrobate, d'équilibriste.

Une citation de Alexis Bibeau-Gagnon, étudiant au doctorat en science politique à l'Université de Virginie

Un effet Poilievre?

Éric Duhaime ne nie pas que faire bouger le PCQ vers le centre du spectre politique puisse être nécessaire éventuellement. C’est sûr que c’est la logique politique, concède-t-il.

Toutefois, avant d’en arriver là, il veut observer comment les Québécois se comporteront lors des prochaines élections fédérales. Si Pierre Poilievre en sort vainqueur, cela pourrait ensuite être favorable au mouvement conservateur dans la province, croit-il.

Pierre Poilievre.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre

Photo : (Adrian Wyld/The Canadian Press)

Avant que ce soit nous qui allons passer aux urnes, il va y avoir une élection fédérale. Ça va être une étape importante pour les partis politiques au provincial, même si on n’a pas de lien organique avec les partis politiques à Ottawa, dit M. Duhaime.

En attendant, le chef compte exploiter des thèmes politiques qui pourraient résonner fort, notamment pour la classe moyenne, comme le logement et l’inflation, dont il entend beaucoup parler cet été dans les rassemblements auxquels il participe.

Il veut aussi parler davantage de wokisme et d’énergie.

On voit qu’il y a une crise énergétique qui est en train de se pointer à l’horizon. M. Fitzgibbon parle de sobriété énergétique; là aussi, on a une position très différente. On est le seul parti qui va continuer à défendre l’exploitation de nos hydrocarbures.

Une citation de Éric Duhaime, chef du PCQ

Or, au-delà de son programme politique, qui sera élaboré davantage lors du congrès du PCQ à l’automne, Éric Duhaime reconnaît qu’il a aussi l’obligation de mieux faire connaître sa personnalité.

Ce que lui disent les électeurs est parfois déstabilisant et difficile à réconcilier : quand une personne lui demande d’adopter un style plus combatif face au gouvernement, il s’en trouve toujours une autre pour lui reprocher d’avoir un ton trop agressif.

Au-delà du discours et du contenu, il y a aussi la perception qu’ils ont de l’individu. Pour moi, c’est important d’avoir le pouls, conclut M. Duhaime.

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