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Des transactions douteuses impliquant la « banque centrale » de la crypto

Des documents provenant d’une fuite de transactions signalées comme douteuses lèvent le voile sur Tether, une entreprise opaque qui occupe un rôle central dans l’écosystème des cryptomonnaies.

Une pièce de monnaie en or avec un logo en forme de "T".

Une pièce de monnaie arborant le logo de Tether.

Photo : Getty Images / Vladimir Vladimirov

Tether, avec son entreprise mère iFinex, est le cœur battant de l’industrie de la crypto. C’est aussi un des acteurs les plus mystérieux de cet écosystème. Des documents obtenus par Radio-Canada, jusqu’ici jamais dévoilés, permettent de jeter un coup d’œil sur un des acteurs ayant envoyé des fonds à Tether alors que l’entreprise était encore un joueur relativement mineur.

Il s’agit de documents provenant d’une fuite nommée les FinCEN files – qui avait fait grand bruit en 2020 – et qui n’avaient pas encore été dévoilés. La fuite contient des déclarations d’opérations douteuses signalées par des banques au département du Trésor américain. Le site de nouvelles BuzzFeed News a obtenu ces documents secrets et les a partagés avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et Radio-Canada.

Les déclarations d’opérations douteuses ne sont pas nécessairement une preuve d’activité criminelle, mais elles indiquent que ces transactions soulèvent des questions et des préoccupations auprès des responsables de la conformité d’institutions financières.

Ces documents montrent entre autres qu’en 2016, des sociétés-écrans par la suite suspectées de blanchiment d’argent ou de fraude et de projets de crypto douteux ont échangé des centaines de milliers de dollars américains avec l’entreprise. On ignore si Tether aurait pu savoir, à l’époque de ces transferts d’argent, si ces acteurs se livraient à des activités douteuses ou carrément illégales.

Néanmoins, des experts que nous avons consultés soulignent que cela montre comment des mauvais acteurs peuvent avoir recours aux services de géants de la crypto. Ils affirment en outre que l’entreprise est censée bien connaître les gens et les sociétés avec lesquels elle fait affaire.

Il n’est pas possible de savoir à quoi ces transferts ont servi ni si ces entreprises maintiennent toujours un lien d'affaires avec le géant de la crypto. Dans les documents provenant des FinCEN Files, toutefois, il est clair que les banques américaines considéraient à l’époque que ces transferts présentaient un risque important de blanchiment d’argent.

Pour Graham Barrow, ancien employé de grandes banques devenu chercheur indépendant qui débusque les crimes financiers, certains drapeaux rouges auraient dû être levés chez Tether et iFinex avant de faire affaire avec de tels clients.

Beaucoup de nouvelles entreprises de crypto ou œuvrant dans les nouvelles technologies financières ont été créées par des gens qui ont de grandes connaissances dans le domaine de l'informatique, mais qui ne sont pas nécessairement très futés pour détecter et empêcher la criminalité.

Une citation de Graham Barrow, chercheur indépendant en fraude financière

Tether est une véritable boîte noire. Ses dirigeants n’accordent pas d’entrevues et sont rarement vus en public. On ne sait pas dans quel pays ils habitent. Sa structure repose essentiellement sur des sociétés-écrans enregistrées dans des paradis fiscaux, tels que les îles Vierges britanniques et Hong Kong.

Tether n’a pas répondu à nos multiples courriels contenant des questions détaillées quant aux allégations contenues dans ce reportage.

L'entreprise a été cofondée en 2014 par Brock Pierce, un ancien acteur qui incarnait le jeune Gordon Bombay dans le film pour enfants The Mighty Ducks (Jeu de puissance). Tether a été vendue à iFinex peu avant le début de ses activités.

Le jeton que Tether émet, l'USDT, toujours censé valoir 1 $US, est la monnaie d’échange dans l'écosystème de la crypto. En principe, on peut envoyer 1 $US à Tether et recevoir un USDT en retour. On peut aussi, en théorie, réclamer 1 $US à Tether en échange d’un USDT. En pratique, toutefois, Tether exige un minimum de 100 000 $US pour l’achat d’USDT et demande un minimum de 100 000 USDT à quiconque veut convertir des jetons en dollars.

D’autres jetons semblables, dits jetons indexés, ou stablecoins, existent. Mais Tether est de loin le plus populaire – et le plus opaque.

En 2020, alors que la crypto gagnait en popularité, le nombre d'USDT s’est mis à exploser. Il existe maintenant plus de 83 milliards d'USDT en circulation, ce qui en fait de loin la crypto la plus échangée du monde chaque jour.

Un jeton très prisé – et controversé

Illustration d'un taureau sur un clavier d'ordinateur, où il est indiqué "Tether" sur un bouton.

Tether occupe une place prépondérante dans le marché de la crypto.

Photo : getty images/istockphoto / ayo888

Bennett Tomlin est directeur de la recherche pour Protos, un média en ligne qui couvre l’univers de la crypto. Il coanime aussi le balado Crypto Critics Corner (Nouvelle fenêtre) et coécrit présentement un livre à propos de Tether. Il suit de près depuis des années les controverses qui talonnent l'entreprise.

M. Tomlin explique que l'USDT a pour beaucoup d’investisseurs un usage tout à fait banal. L’utilisation la plus courante du USDT est liée au fait que plusieurs des échanges de crypto ont du mal à maintenir un accès au système bancaire américain. Et donc, si tu utilises l'USDT, tu n’as pas besoin d’avoir un compte de banque. Tu peux simplement traiter l'USDT comme s’il était un dollar américain, illustre-t-il.

[L’existence de l'USDT] fait en sorte que les échanges n’ont pas besoin d’avoir de compte en banque, et ça veut dire qu’il peut facilement circuler dans l’écosystème de la crypto en tant que substitut du dollar, ajoute-t-il.

La popularité de l'USDT dans ce rôle ne fait pas de doute : selon une étude de 2021 (Nouvelle fenêtre), quelque 70 % des achats de bitcoins se faisaient à l’aide de l'USDT, contre seulement 8 % en véritables dollars américains.

L’entreprise affirme détenir des réserves équivalentes en dollars américains pour tous les USDT émis jusqu’à présent. Aucun audit indépendant n’a cependant permis de savoir ce que Tether conserve dans sa voûte.

À la mi-juin, des documents obtenus par Bloomberg (Nouvelle fenêtre) indiquaient entre autres que les réserves de Tether avaient été en partie formées de billets de trésorerie – une sorte de prêt d'entreprise à court terme – émis par des sociétés chinoises. L'entreprise a aussi détenu dans ses réserves quelque 2 G$US en or, selon ces mêmes documents. Dans un billet de blogue publié sur son site, Tether a affirmé que ces informations étaient désuètes et que la composition de ses réserves est très différente aujourd’hui.  

Une enquête du département américain de la Justice pour fraude bancaire colle à la peau de Tether depuis des années (Nouvelle fenêtre). En octobre, Bloomberg révélait que l’enquête visait à savoir si Tether aurait ouvert des comptes bancaires sous de fausses prémisses. Tether n’avait pas répondu aux questions de Bloomberg.

Dans un autre épisode, au moment d’imposer une pénalité pour fraude de 18,5 M$US à Tether en 2021, la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, a soutenu que l’affirmation de Tether selon laquelle sa monnaie virtuelle était en tout temps entièrement garantie par des dollars américains était un mensonge. La procureure alléguait qu’il avait existé un trou de quelque 750 M$US dans les réserves de Tether.

À l’époque, l'entreprise avait affirmé que le trou avait été rapidement comblé. Contrairement aux conjectures qu’on peut lire en ligne, après deux ans et demi d’enquête, la procureure n’a pas déterminé que Tether a déjà émis des USDT sans réserves pour les garantir ou pour manipuler le marché de la crypto, avait fait savoir l’entreprise par voie de communiqué.

L'histoire de Tether vous intéresse? Écoutez cet épisode hors-série du balado Ça s'explique, avec Alexis De Lancer et Jeff Yates, à propos de la curieuse saga de cette entreprise. Accessible aussi sur l'application OHdio de Radio-Canada.

Tether affirme ne pas accepter de clients américains. Début juin, l’entreprise a ajouté une mention à ses conditions d’utilisation comme quoi elle n’acceptait désormais plus de clients habitant au Canada. D’autres entreprises de crypto, comme Binance ou OKX, ont décidé de cesser leurs activités au pays au cours des derniers mois, en citant de nouvelles réglementations canadiennes visant à encadrer l’industrie.

Tether a fait des gestes symboliques pour tenter de plaire aux autorités. C’est une tactique de survie. Mais elle n’a jamais vraiment voulu être pleinement encadrée par la réglementation en place, lance Bennett Tomlin. Tout au long de son histoire, Tether a réussi à exister tout en essayant de contourner certaines des exigences des autorités.

La place prépondérante qu’occupe Tether dans le monde de la crypto a fait en sorte que son jeton USDT a été utilisé pour effectuer du blanchiment d’argent ou pour contourner des sanctions, explique M. Tomlin. Même si des criminels n’achètent pas directement des USDT auprès de Tether, il peuvent s’en procurer auprès d’échanges de crypto non réglementés.

L'USDT apparaît souvent dans des accusations de blanchiment d’argent. [...] Des réseaux de blanchiment d’argent liés à la Chine ont été démantelés en Australie, où on mentionne l’utilisation de l'USDT. On en voit souvent dans des accusations portées par la Drug Enforcement Administration (DEA, ou l’organisme américain de la lutte contre le trafic de stupéfiants), où l'USDT est utilisé comme méthode de transfert d’argent, illustre-t-il.

D’ailleurs, en décembre dernier, les autorités chinoises annonçaient avoir arrêté 63 personnes (Nouvelle fenêtre) qui auraient utilisé principalement l'USDT pour blanchir quelque 1,7 G$US provenant de fraudes pyramidales et d’autres activités criminelles. Tether n’avait pas réagi publiquement à ces allégations.

Fin avril, le département américain de la Justice accusait un ressortissant nord-coréen d’avoir blanchi 24 M$US et de les avoir acheminés en Corée du Nord, en dépit des sanctions dont le pays fait l’objet. L’accusé aurait utilisé des USDT (Nouvelle fenêtre) et un autre jeton indexé semblable pour brouiller les pistes. Les allégations n’ont pas encore été prouvées en cour, et Tether n’a pas émis de commentaire public à leur sujet.

Un client par la suite associé à un réseau de blanchiment d’argent

Selon des documents des FinCEN Files, une société-écran nommée Next Technologies Solutions, enregistrée en Grande-Bretagne, a envoyé deux versements totalisant 778 980 $US à Tether en novembre et décembre 2016. Ceux-ci ont été signalés comme étant douteux par la banque New York Mellon.

Il s'agit d'un document où les transactions en question sont en surbrillance.

Copie d'écran d'un document provenant des FinCEN Files. Dans le document, la banque New York Mellon signale deux transactions douteuses provenant de Next Technologies Solutions vers Tether.

Photo : Capture d'écan

La transaction contient un espace où Next Technologies Solutions pouvait indiquer le motif du transfert. Token (jeton), a tout simplement écrit l’entreprise. Il est impossible de déterminer si, en effet, ces dollars ont été convertis en USDT et Tether a refusé de le dire. Si c’est le cas, cela représenterait 11,5 % des USDT en circulation à l’époque.

Tether n’a pas voulu dire pourquoi elle a reçu de l’argent de la part de cette entreprise.

Ces transactions font partie de près de 900 transactions suspectes signalées par la banque New York Mellon dans le document. La banque explique que celles-ci représentaient un risque important de blanchiment d’argent parce qu’elles avaient été effectuées par des sociétés-écrans sises à la même adresse en Grande-Bretagne, que les transactions visaient des pays à haut risque et que New York Mellon ne pouvait déterminer la raison des virements. Seulement deux d’entre elles impliquent Tether.

Selon le registraire des entreprises en Grande-Bretagne, Next Technologies Solutions était à l’époque un partenariat limité écossais entre deux autres sociétés-écrans enregistrées au Belize, Eschen Holding et Gamprin Solutions. Le partenariat a été dissous en 2021.

Il est impossible de savoir qui détient ces deux entreprises. En 2015, elles étaient actionnaires d’un autre partenariat limité écossais, nommé Rofstone Industries. Quelques mois plus tard, elles ont légué le partenariat à deux autres sociétés-écrans, Nowi Setlus et PKD Insights. Ces dernières font partie d’un labyrinthe d’entreprises identifiées par le Times de Londres (Nouvelle fenêtre) en 2020 comme appartenant à un réseau de blanchiment d’argent suspecté. Elles apparaissent ailleurs dans les FinCEN Files.

La carte montre un réseau complexe de sociétés-écrans.

Vue d'ensemble des liens entre Next Technologies Solutions et un réseau suspecté de blanchiment d'argent.

Photo : Radio-Canada / Émilie Robert

Graham Barrow connaît bien Nowi Setlus et PKD Insights. [Ces entreprises] sont totalement typiques du genre de structures que l’on aperçoit dans des opérations mondiales de blanchiment d’argent, affirme-t-il.

Il explique que des partenariats limités britanniques formés par des sociétés-écrans outre-mer sont souvent utilisés pour effectuer des transactions et masquer la véritable provenance des fonds. De telles structures, complexes et opaques, empêchent les autorités d’avoir l’heure juste. Elles permettent aussi aux criminels d’avoir accès au système banquier en offrant de faux prétextes pour expliquer la provenance des fonds.

Si tu génères des dizaines ou des centaines de millions de dollars de façon illégale, tu ne peux pas dépenser cet argent à moins qu’il ait l’air légitime. Les banques ne te laisseront pas utiliser cet argent à moins que tu puisses montrer d’où il vient, illustre-t-il.

Il ajoute que les sociétés-écrans de ce réseau s'échangent régulièrement des partenariats limités écossais dans le but de brouiller les pistes.

Une étude d'entreprises appartenant à ce réseau, publiée en 2019 par le média d’enquête Bellingcat (Nouvelle fenêtre) en partenariat avec l'organisme Transparency International, démontrait que trois d’entre elles avaient été mentionnées lors de procès en Ukraine concernant des crimes de nature financière et qu'une autre était associée à un stratagème pyramidal frauduleux allégué en Biélorussie. De plus, 27 de ces entreprises présentaient un risque important de blanchiment d’argent, précisait Bellingcat dans son rapport conjoint avec l’organisme Transparency International.

D’autres clients dévoilés

Comme le déclarait en 2020 (Nouvelle fenêtre) le média taiwanais Commonwealth Magazine, l’entreprise mère de Tether, iFinex, a elle aussi fait l’objet de signalements de transactions douteuses de la part de banques apparaissant dans les FinCEN Files et ayant eu lieu entre les mois de mai et de juin 2016. Un d’eux concerne 144 transactions totalisant près de 8,5 M$US.

Parmi les parties avec qui iFinex a fait affaire et qui apparaissent dans ce signalement se trouve Eugeni Tsvetnenko, un Australien d’origine russe extradé aux États-Unis et condamné pour une fraude de plus de 40 M$US. Il a écopé de huit ans de prison en 2022.

Selon les révélations des FinCEN Files, iFinex a aussi fait affaire avec Axiom Holdings, une entreprise condamnée en 2022 à restituer 1,4 M$US à ses actionnaires pour fraude.

iFinex n’avait pas répondu aux questions de Commonwealth Magazine et n’a pas non plus répondu aux nôtres.

D’autres clients apparaissant dans ce signalement n’ont pas été nommés jusqu’à maintenant. Dans certains cas, il est impossible de connaître les montants reçus ou envoyés à iFinex puisque le document dans la fuite des FinCEN files est incomplet.

À l’été 2016, iFinex a fait trois virements totalisant quelque 600 000 $US à Andrey Nikonorov. Cet homme d’affaires russe était un des cofondateurs de ZrCoin, un projet de cryptomonnaie dont la valeur était censée être garantie par le dioxyde de zirconium. ZrCoin offrait aux détenteurs du jeton ZrCoin de l’échanger pour un kilogramme de dioxyde de zirconium.

En mai 2017, ZrCoin affirmait avoir réussi à vendre pour plus de 7 M$US de son jeton pour un prix initial de 1,42 $US par jeton. Le 16 juin 2017, le prix du ZrCoin atteignait son apogée à 76,22 $US par jeton avant de replonger à 2,47 $US moins d’une semaine plus tard.

Le jeton ZrCoin vaut aujourd’hui une fraction d’un cent et il n’est plus possible d’en acheter ou d’en vendre sur la plupart des échanges de cryptomonnaies. La dernière publication sur les comptes de ZrCoin des réseaux sociaux date du mois de septembre 2019 et soutient que l’entreprise avait terminé la construction d’une usine de fabrication d’oxyde de zirconium synthétique.

L'entreprise ePayments Systems a elle aussi reçu un montant inconnu de la part de l’entreprise de crypto. Faisant affaire dans le monde de la pornographie, de la crypto et du marketing d’affiliation, ePayments était un des plus importants services de paiement du Royaume-Uni. L’entreprise a fermé ses portes en 2020 sur ordre des autorités financières britanniques, après que ces dernières eurent détecté d’importantes failles dans ses systèmes de contrôle du blanchiment d’argent.

D’autres clients de iFinex faisant l’objet de signalements contenus dans la fuite sont plus insolites. Nous avons pu identifier parmi le lot deux hommes qui travaillent comme importateurs de matériel informatique au Venezuela; un partenariat limité enregistré en Grande-Bretagne recoupant 31 sociétés-écrans et dont l’objectif est d’investir dans les télécommunications en Russie; et trois entreprises immobilières, dont une en Lettonie, une au Vietnam et une autre offrant des résidences de luxe à Dubaï, chapeautées par un homme de nationalité russe.

D'autres drapeaux rouges auraient dû être levés avant de faire affaire avec ces acteurs, qui évoluent dans des secteurs à haut risque de blanchiment d'argent, selon Graham Barrow.

C'est seulement un drapeau rouge si tu sais le reconnaître. Quelqu'un pourrait penser que c'est un drapeau à peine rose, alors que pour moi, le drapeau est rouge sang. Ça, c'est parce que j'ai plus de 20 ans d'expérience avec ces questions, lance-t-il.

iFinex n’a pas répondu à nos questions à propos de ces transactions.

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