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« Chacun d’entre nous a un impact politique », insiste Chelsea Manning à Montréal

Gros plan sur le visage de Chelsea Mannning, qui porte un micro pour l'occasion.

L'ex-soldate américaine Chelsea Manning a pris la parole lors de la conférence C2 à Montréal, jeudi.

Photo : AFP/Getty Images / Lars Hagberg

Radio-Canada

L'ex-analyste militaire américaine Chelsea Manning, qui a passé sept ans en prison pour avoir transmis plus de 700 000 documents confidentiels à WikiLeaks, était de passage à Montréal, jeudi, pour participer à une conférence où elle a insisté sur le fait que « tout ce que l'on fait au quotidien peut avoir un impact politique et parfois, tout ce que l'on ne fait pas aussi ».

Un texte de Julien McEvoy

C’est dans le cadre de l’événement de réseautage professionnel C2 Montréal que la lanceuse d'alerte était invitée au Canada, une première pour elle.

Chelsea Manning a été condamnée en 2013 à 35 ans de prison, notamment pour espionnage, après avoir transmis en 2010 à WikiLeaks des centaines de milliers de documents secrets concernant, entre autres, les guerres en Irak et en Afghanistan.

Sa peine a été commuée par Barack Obama à quelques jours du départ de celui-ci de la Maison-Blanche, en janvier 2017. Chelsea Manning est libre depuis le 18 mai 2017.

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Top secret

Depuis, celle qui est entrée en prison en tant que Bradley Manning et qui a changé d'identité sexuelle alors qu’elle était incarcérée milite activement pour les causes LGBT, en plus de venir en aide à des militants qui se sont fait arrêter et qui font face au système de justice.

« Beaucoup de gens m’ont appuyée lors de mon incarcération et ça a été très important pour moi. Recevoir des lettres d’appui en prison m’a donné beaucoup d’espoir. Appuyer et soutenir des militants qui sont sur la ligne de front est très important pour moi », explique Mme Manning, qui soutient notamment plus de 200 militants anti-Trump arrêtés le 20 janvier 2017 à Washington lors de l’assermentation du président.

Chelsea Manning et Dylan Petrohilos sont souriants et ont le poing levé en guise de protestation.

Chelsea Manning et Dylan Petrohilos ont participé à Washington, le 11 mai, à un rassemblement en soutien aux accusés « J20 ». M. Petrohilos, qui fait partie des personnes arrêtées lors des manifestations tenues le jour de l'assermentation du président Trump, le 20 janvier 2017, et les quelques 200 autres accusés font face à de multiples accusations.

Photo : Associated Press / Jacquelyn Martin

Son message principal, jeudi, était un appel à l’action politique et citoyenne. « Vous n’êtes pas impuissants, vous avez du pouvoir. Vous avez un impact politique », a-t-elle lancé à la foule réunie sous un chapiteau de C2 Montréal.

« Chaque personne est différente, a-t-elle poursuivi. Chacun a un rôle différent à jouer dans la société. Si vous en êtes conscients, vous pouvez faire les choses différemment. Parfois, utiliser sa position sociale pour s’engager dans une forme d'action plus directe, c'est très important. »

Il y a à peine 18 mois, Chelsea Manning pensait être en prison pour encore 28 ans. C’est entre autres pour ça, explique-t-elle, qu’elle tient tant à souligner que « tout ce qu’on fait a un impact politique ».

Ne nous contentons pas d'aller voter, de signer une pétition ou d’aller manifester. Ne pas faire quelque chose peut aussi avoir un impact politique. Comprendre et être conscient de ce pouvoir est important, surtout pour les gens qui travaillent dans le domaine de la technologie.

Une citation de Chelsea Manning

Le marketing de la mort

Si Chelsea Manning mentionne le domaine de la technologie, c’est évidemment parce que c’est le milieu dans lequel elle travaillait et qui l’a ultimement menée jusqu’en prison. Elle connaît donc de près ce secteur d’activités.

Jeudi, elle a raconté comment elle a commencé à faire de la collecte et de l’analyse de données au milieu des années 2000, alors qu’elle travaillait pour une boîte d’hébergement de photos. Ces données, a-t-elle dit, étaient utilisées de façon inoffensive, par exemple pour identifier des clients potentiels et les inciter à s’inscrire au service.

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« Mais les mêmes algorithmes étaient aussi utilisés par l’armée quand je suis arrivée en Irak, en 2010, lance-t-elle. Nous utilisions ces algorithmes pour cibler les gens, non pas en tant que clients, mais en tant que personnes à capturer ou à tuer. Il s'agit là d'une transition du marketing vers le marketing de la mort. »

Elle avance qu’aujourd’hui, ceux qui travaillent à développer l’intelligence artificielle sont – et c’est normal, souligne-t-elle – préoccupés par le respect des échéanciers et la mise en marché de produits.

« Ils doivent vraiment tenir compte des implications éthiques de la technologie qu'ils construisent, avertit-elle. Les codeurs ont une certaine complicité morale et éthique dans les résultats de leur travail. »

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