L'éthique électorale à l'ère des médias sociaux
Le maire sortant de Québec, Régis Labeaume, celui de Montréal, Denis Coderre, et celui de Rimouski, Marc Parent, ont fait différents choix de gestion de leurs médias sociaux en campagne électorale.
Photo : Facebook / Denis Coderre, Marc Parent, Régis Labeaume
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les campagnes électorales ne se limitent plus à installer des pancartes et à serrer des mains. Les candidats doivent maintenant développer leur présence en ligne. S'ils sont nombreux à l'avoir compris, une confusion semble régner quant aux règles du jeu sur les médias sociaux.
Un texte d'Édith Drouin
La semaine dernière, le maire sortant de Rimouski, Marc Parent, s’est retrouvé sous le feu des projecteurs pour avoir transformé sa page de maire de Rimouski en page de candidat à la mairie.
Il a ainsi conservé tous les abonnés qui avaient suivi sa page lorsqu’il était maire et conseiller municipal.
La page Facebook du maire sortant de Rimouski Marc Parent
Photo : Facebook / Marc Parent
Cette pratique est très discutable, selon la consultante en communication numérique et médias sociaux Nellie Brière.
C’est un peu non éthique parce que les gens n’ont pas donné leur contact, leur abonnement, en sachant que c’était pour appuyer un candidat, ils l’ont fait pour avoir des nouvelles de leur représentant officiel.
L'experte considère que la réutilisation de la page pose aussi un problème d'équité par rapport aux autres candidats. Elle explique que dans cette situation, un élu devrait plutôt créer une nouvelle page de candidat.
Nellie Brière reconnaît que ce genre de faux-pas n’est souvent pas volontaire, mais plutôt le résultat d'une méconnaissance des médias sociaux.
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Pas une page officielle de la Ville
De son côté, le maire de Rimouski pense que les médias sont en train de se « couper les cheveux en quatre » en s’attardant à cette question.
Il précise qu’il a toujours administré la page lui-même et qu’elle n’a jamais été une page officielle de la Ville. Il ajoute que les citoyens ont reçu un avis lors du changement de nom de la page.
Chaque personne qui suivait ma page de conseiller municipal a été informée et avait la possibilité de rejeter en un seul clic la modification.
Il ajoute n'avoir reçu aucune plainte de la part de citoyens.
Profil public et page officielle
Même si la page de Marc Parent n’était pas une page officielle de la Ville de Rimouski, une question éthique se pose, selon la consultante Nellie Brière.
Elle explique que lorsqu’un citoyen s’abonnait à la page Marc Parent - Maire de Rimouski, il s’abonnait à sa fonction et pas nécessairement à sa personne.
En comparaison, le maire de Montréal, Denis Coderre, se sert aussi du compte utilisé afin de documenter ses fonctions de maire pour sa campagne électorale. Il s’agit toutefois d’un profil public.
Profil public du maire sortant de Montréal, Denis Coderre
Photo : Facebook / Denis Coderre
La nuance est importante, selon Nellie Brière, qui explique que les internautes se sont abonnés avant tout à sa personne, plutôt qu’à une fonction. Elle considère son utilisation de la plateforme comme tout à fait correcte dans ce contexte.
Éviter la confusion
À l’inverse du maire de Rimouski, le maire sortant de Québec, Régis Labeaume, a décidé de ne pas utiliser sa page officielle dans le cadre de la campagne. Il a même indiqué, en date du 29 septembre, qu’il ne diffuserait pas ses activités électorales sur cette page.
Page Facebook officielle de Régis Labeaume
Photo : Facebook / Régis Labeaume
Selon le directeur des communications d’Équipe Labeaume, Michel Desmeules, le maire sortant a pris cette décision parce que sa page était devenue, aux yeux du public, la page du maire de Québec.
Michel Desmeules admet qu’il aurait été facile de réutiliser ses quelque 25 000 abonnés à des fins électorales, mais que ce changement aurait été problématique puisque certaines annonces officielles avaient été faites sur le profil de M. Labeaume.
Par transparence, pour éviter une confusion des genres [...] on préférait repartir à zéro et être à l’aise avec le contenu partisan qu’on allait publier sur la page de l’Équipe Labeaume.
L’équipe a également rappelé à ses candidats, avant le début de la campagne, d’éviter de relayer des publications concernant des activités réalisées en tant qu’élu sur la page officielle du parti.
Aucune disposition dans la loi électorale
Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) s’intéresse principalement à la notion de dépense électorale sur les médias sociaux, selon la porte-parole Stéphanie Isabelle. L’achat de publicités sur Facebook doit, par exemple, être déclaré comme une dépense électorale.
L’organisme exerce d’ailleurs une veille des médias sociaux auprès des partis, des candidats et des tiers qui pourraient intervenir dans la campagne électorale municipale.
Un peu plus de 1200 employés du système de santé manitobain sont concernés par un trop-perçu entre 2012 et 2016.
Photo : iStock
Par contre, la gestion des pages et des profils est laissée à la discrétion des administrateurs.
Par rapport à la gestion des pages personnelles, s’il n’y a aucune dépense, il n’y a pas d’interdiction dans la loi, de marche à suivre ou de réglementation.
Le DGEQ confirme par ailleurs qu’aucun article de la loi ne prévoit de dispositions sur la récolte de contacts dans le cadre d’une fonction officielle et de leur réutilisation en période électorale.