Démarchandiser l’immobilier, une solution à la crise de l’habitation?
Durant les années 1980, la ville de Burlington, au Vermont, a mis sur pied une solution novatrice afin de s’attaquer à la crise de l’habitation foudroyante qui touchait la municipalité : la création d’une fiducie foncière communautaire pour garder l’immobilier à bas prix. Le documentaire Le dernier flip : démarchandiser l’immobilier explore cette mesure et ce qui se fait déjà au Québec afin de proposer des solutions réalistes pour endiguer la crise qui frappe la province.
Regardez Le dernier flip : démarchandiser l’immobilier à la fin de ce billet ou sur ICI Tou.tv!
Pour la journaliste Diane Bérard et l’entrepreneur social Samuel Gervais, la marchandisation de l’immobilier est l’une des causes principales de la crise de l’habitation, un concept dont les conséquences sont résumées d’emblée dans leur documentaire par le journaliste Gérald Fillion :
Le problème dans tout ça, c’est l’appât du gain : plus la financiarisation de l’immobilier s’accentue, plus les inégalités grandissent. Il y a une petite partie des gens qui ont la capacité de profiter de ce système-là, mais il y a de plus en plus de gens - je pense particulièrement aux plus jeunes bien sûr - dans la société, qui n’ont carrément plus accès à la propriété.
Ce n’est pas que l’on ne gagne pas assez d’argent, c’est les prix des maisons qui ont trop flambé
, explique Diane Bérard.
Pour s’attaquer à ce problème qui contribue à la crise de l’habitation, il faut développer des solutions novatrices, et cela commence parfois par le simple fait de s’inspirer de ce qui existe déjà ailleurs.
L’idée avant-gardiste de Bernie Sanders
Diane et Samuel se sont donc rendus à Burlington afin de discuter avec le sénateur Bernie Sanders et des citoyens et citoyennes qui ont pu bénéficier des effets d’une fiducie foncière communautaire, la Champlain Housing Trust, qu’il a créée avec son équipe quand il était maire.
Cette solution avant-gardiste a été élaborée pour répondre aux besoins des gens qui n’arrivaient pas à se trouver un toit, à une période où les taux d’intérêt pour l’achat d’une propriété frôlaient le 20 % et où les logements de Burlington étaient inabordables.
Le but de cette initiative était très clair dès le départ : rendre les logis abordables à perpétuité, pour tout le monde, en brisant la logique de marchandisation de l’immobilier. Pour réaliser cela, la Ville a réservé une partie de son budget pour le destiner à l’achat de terrains, d’immeubles et même de condos.
Aujourd’hui, 25 % des propriétés de la ville appartiennent à cette fiducie foncière communautaire et les bâtiments vendus par celle-ci ont été mis à l’abri de la spéculation : ils sont donc nettement moins chers pour les acheteurs et les locataires que des immeubles et des appartements identiques laissés à la merci du libre marché. En contrepartie, une partie des profits liés à la future revente de ces immeubles reviendra à la Ville et les prix de vente sont limités selon certains critères, pour assurer l’abordabilité à long terme.
Financièrement et humainement, c’est un succès quantifiable pour Burlington et sa population.
Des solutions pour le Québec
Une initiative comme la Champlain Housing Trust pourrait-elle fonctionner au Québec? Diane Bérard et Samuel Gervais pensent que oui, et la journaliste et l’entrepreneur utilisent aussi leur documentaire pour montrer plusieurs exemples dans la province qui s’inscrivent dans cette même logique de démarchandisation.
Des coopératives d’habitation à la fiducie d’utilité sociale québécoise en milieu urbain, ces initiatives bien de chez nous pourraient permettre de protéger notre patrimoine locatif de la spéculation.
En mettant ces idées en lumière, Le dernier flip : démarchandiser l’immobilier est un documentaire qui incite à regarder l’avenir avec espoir et à penser aux générations futures.
C’est clair que c’est la problématique de l’heure. C’est clair que l’immobilier est au cœur de tout le reste. C’est un accélérateur de parcours de vie ou un décélérateur de parcours de vie, selon si tu as accès à un logement décent ou pas.