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Christine Sinclair annonce sa retraite de l’équipe canadienne de soccer

Une joueuse en rouge lève le bras gauche dans les airs.

Christine Sinclair au Mondial de 2011

Photo : Getty Images / AFP/John MacDougall

À 40 ans, Christine Sinclair choisit de renoncer au maillot rouge et blanc qu’elle a porté si fièrement au cours des 24 dernières années, un maillot qu’elle a d’ailleurs grandement contribué à faire rayonner.

Le reportage d'Antoine Deshaies

La buteuse la plus prolifique de l’histoire du soccer annonce sa retraite internationale. Sa tournée d’adieu avec l’équipe canadienne s’amorcera par deux dates, le 28 octobre à Montréal et le 31 octobre, à Halifax.

Cela a facilité ma décision. J'ai joué si longtemps pour la sélection nationale, mais j'ai rarement eu l'occasion de jouer à la maison. Ce sera un moment spécial pour moi.

Elle espère d’ailleurs avoir la chance de disputer un match d’adieu dans ses terres, peut-être à la fin de l’automne, lors de la prochaine fenêtre internationale. Chose certaine, Sinclair ne sera pas aux Jeux de Paris l’été prochain pour aider le Canada à défendre le titre olympique acquis à Tokyo.

Sinclair avait grandement contribué à l’obtention de la médaille, avec notamment un but lors du match contre le Japon.

Après les Jeux de Tokyo, au fond de moi, je savais que je ne voulais pas participer aux Jeux de Paris en 2024, a-t-elle déclaré. La façon dont le tournoi olympique s'est terminé à Tokyo, tu ne peux pas battre ça.

Je voulais tenter un dernier coup, lors de la Coupe du monde, seulement parce que je croyais vraiment qu'on pouvait connaître du succès là-bas, et parce qu'on (la sélection canadienne) n'a pas connu de succès depuis longtemps au Mondial.

Christine Sinclair regarde le ballon entrer dans le filet de l'équipe japonaise.

Christine Sinclair a donné les devants aux Canadiennes en tout début de match contre les Japonaises.

Photo : Getty Images / Masashi Hara

L’attaquante entend toutefois poursuivre sa carrière avec les Thorns de Portland, son équipe des 10 dernières années dans la NWSL et sa ville de cœur depuis son passage à l’Université de Portland au début des années 2000. 

Elle a disputé 327 matchs internationaux avec le Canada entre 2000 et 2023 sous les ordres de trois sélectionneurs et de deux sélectionneuses différents.

Je sais que j'ai absolument tout donné ce que je pouvais à l'équipe nationale depuis l'âge de 16 ans. Quand je regarde le chemin parcouru, et le travail qui a été nécessaire pour y arriver, je n'ai aucun regret. Je sais que j'ai fait tout ce que je pouvais faire, pour aussi longtemps que je le pouvais. Et l'équipe est entre bonnes mains pour la suite.

Une citation de Christine Sinclair

Elle compte 190 buts avec le Canada, plus que toute autre joueuse ou joueur dans l’histoire du soccer international.

Il est difficile de déterminer ce qui est le plus impressionnant entre ce total de buts inégalé ou l’envergure et la durée de la carrière de Sinclair, qui a souvent été considérée comme la meilleure joueuse du monde, même si la FIFA ne lui a jamais octroyé le titre de joueuse de l’année.

Entre sa toute première sélection lors d’un match contre la Chine, en 2000, et son dernier tour de piste possible le 31 octobre, il se sera écoulé 8634 jours.

Sinclair a réussi à marquer dans 23 années calendaires de suite avec l’équipe nationale. Ce nombre aurait même atteint 24 si elle avait converti le tir de pénalité qu’elle a raté contre le Nigeria à la dernière Coupe du monde, en juillet 2023.

Si elle avait marqué, la Canadienne serait surtout devenue la première athlète à marquer dans six Coupes du monde. Elle fera ses adieux au terrain en partageant le record de cinq avec la Brésilienne Marta et le Portugais Cristiano Ronaldo. 

Au total, elle a compté 10 buts pour le Canada en 6 Coupes du monde.

 Très peu d’athlètes enfilent leurs chaussures et transcendent leur sport dans ce pays et à l’échelle mondiale. C’est ce que Christine a fait, comme joueuse et comme personne qui se tient pour ses convictions, a affirmé l'entraîneuse Bev Priestman, qui a dirigé Christine Sinclair avec l'équipe nationale. Elle est reconnue et admirée par tous les Canadiens et a joué un rôle clé dans chaque moment percutant pour ce pays. Je me sens privilégiée d’avoir travaillé avec Christine, la plus grande joueuse de tous les temps, non seulement en raison de ce qu’elle a fait, mais pour la façon dont elle l’a fait.

La machine à buts

Christine Sinclair n’avait que 16 ans lorsqu’elle a marqué son tout premier but avec l’équipe canadienne sénior contre la Norvège à la Coupe Algarve, en mars 2000. Quatre jours plus tard, contre le Danemark, elle inscrivait son premier doublé.

Elle a réussi quatre buts dans un même match à quatre reprises au cours de cette brillante carrière internationale. 

Son triplé contre les Américaines, dans une demi-finale olympique complètement folle aux Jeux de Londres en 2012, a marqué l’imaginaire. Sinclair avait récolté les trois buts du Canada dans ce match perdu 4-3 en prolongation à Old Trafford, le théâtre des rêves, à Manchester, dans l’un des matchs les plus spectaculaires de l’histoire du soccer.

Les joueuses de l'équipe canadienne, dont Christine Sinclair, célèbrent un but.

Les trois buts de Christine Sinclair ne furent pas suffisants pour battre les États-Unis en demi-finale des Jeux de Londres.

Photo : Radio-Canada

Déterminée, frondeuse, implacable, Sinclair avait chaque fois placé son équipe en avance au pointage, mais une sanction quasi inédite de l’arbitre contre la gardienne canadienne, qui avait gardé le ballon trop longtemps dans ses mains, avait fait basculer le scénario de victoire pour la troupe de Sinclair.

Les Canadiennes ont su se relever pour gagner le bronze quelques jours plus tard. Sinclair a conclu le tournoi avec six buts. Elle en avait déjà marqué deux aux Jeux de Pékin en 2008, puis elle en a ajouté trois à Rio en 2016.

Animée par un sang-froid hors du commun, elle avait un flair incomparable pour le filet adverse. Son ancienne coéquipière Diana Matheson a déjà soulevé l’hypothèse que son rythme cardiaque ralentissait, défiant toute logique, lorsqu’elle avait une occasion de marquer.

Elle avait une façon de se déplacer sur le terrain qui la distinguait de toutes les autres. Sinclair était rapide, vive, incisive et chirurgicale dans ses mouvements. Son instinct, combiné à des qualités athlétiques exceptionnelles, lui a permis de survoler si souvent la compétition.

L’exploit et la douleur en Allemagne

Si la carrière de Sinclair a été marquée par de grandes victoires et par de multiples gestes d’éclat, elle n’a pas été exempte d’échecs cruels. En six Mondiaux, elle a atteint les quarts de finale une seule fois, en 2015, à Vancouver.

Le tournoi allemand de 2011 est assurément l’un des moments les plus sombres de sa carrière, malgré un éclair de génie. Le Canada, propulsé au sixième rang mondial sous l’impulsion et la vision de l’Italienne Carolina Morace, avait été battu à ses trois matchs.

Malgré tout, Sinclair avait marqué le seul but canadien du tournoi, lors du premier match contre l’Allemagne devant près de 74 000 spectateurs au Stade olympique de Berlin.

D’un coup franc imparable, elle était parvenue à envoyer le ballon au-dessus du mur et tout juste sous la barre transversale, tout ça avec un nez fracturé quelques minutes plus tôt en plein match.

Son chef-d’œuvre avait réduit le stade au silence pendant quelques secondes, à l’exception du banc canadien vers qui Sinclair avait jeté un furieux regard pour faire comprendre que malgré l’avance de 2-1 des Allemandes, le sort n’en était pas encore jeté.

Il allait l’être au match suivant, une dégelée de 4-0 contre la France. Contrainte de jouer le match avec un masque digne de Zorro pour protéger son visage et gênée dans sa vision, l'attaquante avait été impuissante devant le jeu des Françaises. 

Elle l'ajuste.

Christine Sinclair avec un masque pour protéger son nez fracturé.

Photo : Associated Press / Petr David Josek

Dans toute son intensité, Sinclair avait jeté le masque de colère vers les lignes de touche en plein match, prenant le risque de jouer à visage découvert, quitte à aggraver la situation.

C’est aussi à visage découvert qu’elle a souvent défié sa propre fédération nationale, trop chiche à son goût et irrespectueuse envers ses propres athlètes. Elle l’a fait devant les médias et même au Comité permanent du Patrimoine canadien de la Chambre des communes.

En quittant le terrain lors du dernier match du Canada contre l’Australie à la dernière Coupe du monde en juillet, Sinclair s’est penchée pour ramasser quelques brins de gazon, en souvenir de sa dernière participation au plus grand tournoi.

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Puis, au micro des journalistes en zone d’entrevues, elle a voulu mener la charge une autre fois pour ses coéquipières et pour celles qui suivront.

De nature discrète et réservée, Christine Sinclair a surtout fait parler ses pieds et sa tête au cours de sa brillante carrière. Elle n’a toutefois jamais hésité à se servir des mots.

Elle a inspiré plusieurs générations de jeunes joueuses et joueurs de soccer. Elle a été vue, admirée, adulée. Reste à voir si sa voix a été entendue.

Une joueuse de soccer qui vient féliciter sa coéquipière.

Christine Sinclair (no 12) célèbre le but de Julia Grosso (no 7) qui donne la médaille d'or à l'équipe canadienne aux Jeux olympiques de Tokyo.

Photo : Getty Images / Francois Nel

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