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Mboumoua, un diamant québécois prêt à briller en NCAA

Le joueur de football dans son uniforme du campus Notre-Dame-de-Foy.

Steve Pierre Bolo Mboumoua est courtisé par de grands programmes de football universitaire américain.

Photo : Radio-Canada / Antoine Deshaies

La première chose qui nous vient en tête en regardant Steve Pierre Bolo Mboumoua sur un terrain de football, ce sont étonnamment les paroles d’une chanson de Raoul Duguay.

Vous savez, celle qui parle de bras durs comme la roche, de cuisses comme des troncs d’arbres et d’un homme qui a du front tout le tour de la tête.

Mais plutôt que se préparer à aller défricher l’Abitibi, le colosse de 1,93 m (6 pi 4 po) et 109 kg (240 lb), d’origine camerounaise, mais qui a découvert le football à Lac-Mégantic, est sur le point de partir à la conquête du sud-est des États-Unis, dans la plus prestigieuse association de football universitaire.

Si tout se passe bien, dans un an, il évoluera devant des foules de près de 100 000 spectateurs dans d’immenses stades.

Samedi, il jouait sur le terrain du complexe sportif du Cégep Vanier, à Montréal, devant tout au plus 1000 personnes, avec le Notre-Dame, son équipe du Campus Notre-Dame-de-Foy (CNDF), un cégep de la région de Québec.

Son équipe a gagné. Il a notamment réussi un sac du quart, a provoqué une perte de ballon et réalisé un plaqué derrière la ligne de mêlée, en plus de faire valser quelques joueurs de ligne offensive.

Il s'apprête à faire un plaqué.

Steve Bolo Mboumoua en action avec le CNDF

Photo : Gracieuseté : Campus Notre-Dame-de-Foy

Tout ça en jouant à peu près la moitié des jeux défensifs, puisqu’il se remettait d’une blessure.

Avant les matchs de samedi, il dominait d’ailleurs la première division du circuit collégial québécois avec 6 sacs du quart et 10 plaqués pour des pertes.

Il est parfois utilisé comme ailier défensif et parfois comme secondeur intérieur.

Je suis un peu un joker, je suis hybride, dit le jeune homme de 19 ans. Je peux défendre contre la course et contre la passe. On me place où mes entraîneurs ont besoin de moi. Mes entraîneurs essaient de me faire bouger dans la défense parce que je suis très polyvalent. On essaie de nouvelles choses chaque semaine, parce que l’opposition s’ajuste.

Il se dit prêt à faire le saut à l'université, aussi grand soit-il.

J’ai travaillé toute ma vie pour faire ce saut-là, explique doucement le colosse au micro de Radio-Canada Sports. Je continue de travailler pour l’instant. Et, au moment venu, je vais prendre ma décision et on va voir ce qui va se passer.

Sa décision, c’est de savoir où il jouera l’an prochain. Il confie avoir reçu une vingtaine d’offres de bourses des plus prestigieux programmes de football universitaire, dont Alabama, Auburn, Georgie, Floride et bien d’autres.

Ils posent avec Nick Saban à son bureau.

Steve Pierre Bolo Mboumoua (deuxième à gauche) et son entraîneur Marc-André Dion (à droite) ont été reçus par Nick Saban à l'Université de l'Alabama.

Photo : Fournie par Steve Bolo Mboumoua

Il est tellement convoité aux États-Unis, qu’il n’est même plus dans la ligne de mire des universités canadiennes.

Brad Collinson, l'entraîneur-chef de Stingers de Concordia, était d’ailleurs présent au match pour évaluer des recrues, mais il a confié qu’il n’allait pas lui consacrer la moindre minute d’attention tellement il est évident qu’il aboutira au sud de la frontière.

Ce qui est impressionnant, ce n’est pas tant le nombre d’offres qu’il reçoit, mais le nombre d’équipes de la conférence SEC qui s’intéressent à lui. C’est la meilleure conférence aux États-Unis, dans laquelle il y a très peu de Canadiens ou même de joueurs du nord. C’est ça qui est impressionnant.

Une citation de Marc-André Dion, entraîneur-chef et coordonnateur défensif du CNDF

Pascal Masson, le directeur du développement institutionnel au CNDF, a une longue feuille de route au football. Ancien joueur et entraîneur avec le Rouge et Or, il a aussi joué avec Calgary et Montréal dans la Ligue canadienne.

Il a aussi été, transparence oblige, collègue cueilleur de fraises de l’auteur de ces lignes à la ferme Rosaire Lemire et fils à la fin des années 90.

Bref, il en a vu d’autres dans la vie.

Je n’ai jamais vu un joueur à cet âge qui a déjà des qualités athlétiques et physiques de calibre NFL, analyse Pascal Masson. Tu le vois, physiquement, il est ailleurs. Il continue d’apprendre le football, mais il a un potentiel illimité.

Sa compréhension et ses lectures du jeu sont bien meilleures qu’à son arrivée au cégep, ajoute Masson. Avant, il était un joueur très instinctif. Maintenant, il ne fait pas que réagir, il anticipe le jeu. Quand tu as un athlète qui combine ça à une puissance et à une force exceptionnelles, ça rend les choses très intéressantes.

Le joueur est debout à côté d'un coéquipier.

Steve Pierre Bolo Mboumoua (à gauche)

Photo : Gracieuseté : Campus Notre-Dame-de-Foy

Mon jeu a évolué, je suis devenu plus mature sur le terrain, plus en contrôle, admet Mboumoua. Je fais ce que les entraîneurs me disent et, quand on écoute les entraîneurs, les résultats suivent. On travaille en équipe ici, comme une petite famille.

Le guider, sans décider pour lui

Si les offres d’universités américaines continuent de s’accumuler, la réflexion de Mboumoua porte surtout sur trois ou quatre offres.

L’été dernier, il avait déjà rencontré plusieurs entraîneurs, mais il effectuera des visites de campus plus officielles en novembre et décembre, dans l’optique d’être en classe dans sa nouvelle institution dès le mois de janvier.

Il garde la tête froide dans toute cette folle aventure.

Steve a eu un été de fou et, malgré tout ça, il reste le même gars, même s’il vit des choses que personne ne vit, explique Marc-André Dion. Personne n’est parfait, mais il gère bien ça et il reste le même jeune qu’on dirigeait l’an passé. Il veut toujours s’améliorer. Il a tout pour lui. C’est un freak athlétique, mais il a la bonne attitude. C’est un fonceur, il a de la hargne et c’est ce qui fait la différence.

Les entraîneurs du CNDF l’encadrent du mieux qu’ils le peuvent dans ses démarches. Ils ont aussi demandé de l’aide, à l’externe, à un entraîneur qui connaît bien le milieu universitaire américain.

C’est une chance d’avoir un athlète comme lui, mais c’est aussi une responsabilité importante de bien l’encadrer. Ce n’est pas facile pour un jeune homme de gérer toute cette attention. Il faut s’assurer de bien l’encadrer, mais sans en faire trop. Il ne faut surtout pas l’étouffer et lui dire quoi faire.

Une citation de Pascal Masson, directeur du développement institutionnel au CNDF

Le processus est le même que s’il allait jouer dans une université canadienne, poursuit Masson. Il fait son analyse lui-même et on souhaite qu’il choisisse la place où il se sentira le mieux.

Notre travail, c’est de le préparer pour qu’il arrive le plus prêt possible mentalement et tactiquement, explique l’entraîneur-chef Marc-André Dion. C’est ce qu’il est en train de faire. Il a un parcours atypique très impressionnant et il n’est même pas proche d’avoir atteint son plein potentiel.

Il pose devant son casier dans le vestiaire du Notre-Dame

L'ailier défensif Steve Pierre Bolo Mboumoua devant son casier dans le vestiaire du Notre-Dame.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf

Dans toute cette aventure, Steve Pierre Bolo Mboumoua se répète qu’il doit y aller une étape à la fois, comme le commande le cliché sportif.

C’est encore un peu mouvementé, mais avec les coachs on parle bien, donc on prend les bonnes décisions, confie le joueur. On y va un pas à la fois et on va décider où je vais à la fin de la saison. Je veux me concentrer sur mes matchs. On continue à travailler et les meilleures choses arrivent.

Il souhaite bien sûr rester en bonne santé, mais aussi gagner son dernier match au cégep.

En d’autres mots, gagner le Bol d’Or.

Il pose devant son casier dans le vestiaire du Notre-Dame

L'ailier défensif Steve Pierre Bolo Mboumoua

Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf

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