•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Nouvelle-Calédonie : un sixième mort dans les émeutes

Un soldat en uniforme.

Des centaines de membres des forces de l'ordre françaises ont tenté de ramener le calme en Nouvelle-Calédonie après une cinquième nuit d'émeutes.

Photo : Getty Images / DELPHINE MAYEUR

Agence France-Presse

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique-Sud, se poursuivent samedi avec la mort d'un homme dans un échange de coups de feu sur un barrage érigé par des émeutiers, selon les autorités, portant à six le nombre de morts depuis lundi.

L'homme tué est un Caldoche, nom donné à la partie de la population locale d'origine européenne. Ces émeutes, les plus graves survenues en Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980, sont causées par une réforme électorale qui a provoqué la colère des indépendantistes.

Le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, a confirmé à l'AFPun mort et deux blessés à Kaala-Gomen, une commune située dans le nord de l'île, en milieu de journée.

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés après une nuit de troubles dans le quartier de Magenta à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie le 18 mai 2024.

Les émeutes sont causées par une réforme électorale qui a provoqué la colère des indépendantistes.

Photo : Getty Images / DELPHINE MAYEUR

Il s'agit du premier mort en dehors de l'agglomération de Nouméa, la capitale calédonienne, où s'étaient concentrées jusque-là des émeutes qui avaient une dimension essentiellement urbaine.

Outre les six morts – deux gendarmes et quatre civils, dont trois Kanaks (d'origine autochtone mélanésienne) et un Caldoche – des centaines de blessés sont à déplorer, selon les autorités.

Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1000 renforts supplémentaires, en plus des 1700 déjà déployés, a démontré la détermination des autorités françaises à reprendre le contrôle de la situation.

La vie quotidienne des Néo-Calédoniens de plus en plus difficile

Les dégâts compliquent le ravitaillement dans les commerces ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé.

Samedi dans le quartier de Magenta à Nouméa, la plus grande agglomération du territoire, la rue principale est jonchée de débris, de voitures calcinées et de chariots brûlés, stigmates des troubles de la nuit. Les lieux sont désormais sécurisés par un important dispositif policier, a constaté l'AFP.

Si une pizzeria et un traiteur japonais ont été réduits en cendres, le supermarché du quartier, juste à côté, a rouvert ses portes pour quelques heures seulement, avec une file d'attente de plusieurs centaines de personnes.

Entrevue avec le journaliste Julien Mazzoni en Nouvelle-Calédonie.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a appelé à démanteler barrages et barricades. On est en train de s'entretuer et on ne peut pas continuer comme ça, a déclaré Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique. Des gens meurent déjà non pas à cause des conflits armés, mais parce qu'ils n'ont pas accès aux soins, pas accès à l'alimentation.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak.

En réponse, le gouvernement a envoyé des renforts policiers, interdit TikTok – réseau social prisé des émeutiers – et déployé des militaires.

Des quartiers encore aux mains de centaines d'émeutiers

Le représentant de l'État français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a concédé vendredi que trois quartiers défavorisés de Nouméa, en majorité peuplés de Kanaks, restaient aux mains de centaines d'émeutiers.

Il a promis la mobilisation de l'État pour organiser l'acheminement des produits de première nécessité, ainsi qu'un pont aérien entre l'Hexagone et son archipel, distants de plus de 16 000 km.

Les violences ont anéanti de 80 % à 90 % de la chaîne de distribution commerciale de la ville, selon la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie. Les vols commerciaux restent suspendus, et le montant des dégâts atteint 200 millions d'euros, d'après des estimations locales remontant à jeudi.

À Paris, le ministre de la Justice a demandé au parquet la plus grande fermeté à l'encontre des auteurs des exactions. Eric Dupond-Moretti a ajouté qu'il envisageait de transférer en métropole les criminels arrêtés pour ne pas qu'il y ait de contaminations [...] des esprits les plus fragiles.

Parallèlement, la justice française a ouvert une enquête sur les commanditaires des émeutes, ciblant notamment le collectif CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), frange la plus radicale des indépendantistes, déjà mis en cause par le gouvernement.

Au total, depuis dimanche, 163 personnes ont été placées en garde à vue, dont 26 ont été déférées devant la justice, selon le parquet.

Jeudi, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait qualifié la CCAT d'organisation mafieuse.

Vendredi, ce collectif a demandé un temps d'apaisement pour enrayer l'escalade de la violence. Sur la radio RFI, un de ses membres, Rock Haocas, a assuré que son organisation n'a pas appelé à la violence, attribuant ces émeutes à une population majoritairement kanake marginalisée.

Sur le front politique, après l'annulation d'une visioconférence avec les élus calédoniens jeudi, le président français Emmanuel Macron a entamé vendredi des échanges avec certains d'entre eux, mais son service de communication a refusé d'en dire plus.

Présentée par son gouvernement, la réforme constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales sur l'archipel. Les pro-indépendance estiment que cette mesure risque de réduire leur poids électoral.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.