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Trouver un logement en tant que réfugié LGBTQ+, « pire que de traverser le désert »

Une personne est assise sur un divan.

Dans le salon de la Rainbow House, Néfertiti Afra est nostalgique des moments passés à prendre un café ou à jouer à des jeux de société avec d'autres réfugiés LGBTQ+.

Photo : Radio-Canada / Antoine Fontaine

Une première maison pour les réfugiés LGBTQ+ à Ottawa a été inaugurée vendredi lors de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.

Parmi les nombreux invités sur place se trouvait Néfertiti Afra, une femme transgenre d’origine camerounaise. Elle a été hébergée pendant deux mois et demi à la Rainbow House, qui a ouvert ses portes l’automne dernier.

La personne âgée de 22 ans se souvient de son arrivée à ce refuge comme si c’était hier. « Ce que j'ai ressenti était plus grand que le bonheur », explique l'ancienne résidente.

Une personne se tient debout devant une cuisine.

Après avoir passé deux nuits à dormir dans la rue, Néfertiti Afra a été hébergée par la Rainbow House. « Un très grand soulagement », dit-elle.

Photo : Radio-Canada / Nick Persaud

Elle raconte que la paix d’avoir enfin un toit sur la tête l’a vraiment soignée.

Les jours qui ont suivi, je me suis rendu compte que je suis mieux concentrée à l'école parce que j'ai un endroit où dormir, ajoute-t-elle. On me donne de la nourriture toutes les semaines. J'ai des gens de ma communauté qui sont autour de moi, avec qui je peux échanger, avec qui je peux aller en balade, avec qui je peux discuter.

Un drapeau accroché à une fenêtre.

Un drapeau arc-en-ciel de la Fierté gaie avec une feuille d'érable du Canada accroché à la fenêtre d'un appartement.

Photo : getty images/istockphoto / Antwon McMullen

Du Cameroun au Canada, en passant par le désert

Après le décès de sa grand-mère en 2008 et de son arrière-grand-mère en 2012, Néfertiti Afra s'est retrouvée sans nulle part où aller. Sa transidentité l’empêchait de vivre librement dans son pays de naissance.

[Au Cameroun], les gens ne comprennent pas qu’un garçon peut se développer comme une femme [...]. Pour nous, c’est comme une abomination.

Une citation de Néfertiti Afra, ancienne résidente de Rainbow House

En quête d’un avenir meilleur, elle a décidé de fuir son pays. Elle a traversé le désert du Sahara pour rejoindre l’Algérie, puis le Maroc où elle s'est établie temporairement.

Deux ans et demi plus tard, sa demande d’asile auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) a été acceptée. C’est là que le Canada l’a accueillie. À son arrivée, elle a subi un autre genre de transphobie.

Dans la rue

En tant que femme trans, les gens le tolèrent, mais ce n'est pas tout le monde qui l'accepte, explique-t-elle. La réfugiée ajoute que la transphobie est plus cachée et sournoise au Canada que dans son pays d'origine, où elle est plus directe.

Se trouver un logement a donc été le plus grand défi de Néfertiti Afra en arrivant dans sa nouvelle terre d'accueil. « Trouver un logement au Canada était pire que de traverser le désert », dit-elle.

Cette fatigue d’attendre une place en hébergement, combinée à ses deux semaines passées à vivre dans la rue l’ont poussée à bout. Elle avoue avoir songé à s’enlever la vie avant de rencontrer un intervenant qui l’a dirigée vers la Rainbow House.

Une personne pose devant deux écrans.

L'ancienne directrice exécutive de Rainbow de Capital Rainbow Refuge Sophia Lowe a été l'instigatrice du projet Rainbow House, en collaboration avec Matthew House Ottawa.

Photo : Radio-Canada / Antoine Fontaine

Selon Sophia Lowe, elles sont plusieurs personnes à vivre une situation similaire à celle de Néfertiti Afra. L'ancienne directrice exécutive de Capital Rainbow Refuge affirme que le système de refuges n’est pas adapté à la réalité LGBTQ+.

Des femmes transgenres sont forcées d’être hébergées dans des refuges pour hommes, explique-t-elle. Des gens dans les refuges sont de la même diaspora et malheureusement, les gens de [la communauté LGBTQ+] ne sont pas toujours en sécurité [dans ces refuges.]

Nous avons des clients qui préfèrent dormir dans la rue plutôt que de dormir dans ces refuges.

Une citation de Sophia Lowe, ancienne directrice exécutive de Capital Rainbow Refuge

Un « havre de paix »

La Rainbow House offre un logement pour une durée de trois mois aux personnes de la diversité sexuelle et de genre ayant demandé l’asile au Canada. Elle peut accueillir sept résidents à la fois.

Un lit et un petit bureau dans une chambre à coucher

Cette chambre héberge des réfugiés LGBTQ+ pendant environ trois mois, le temps de s'établir au Canada.

Photo : Radio-Canada / Antoine Fontaine

En plus d’un toit, les résidents ont aussi accès à des ressources qui facilitent leur intégration, notamment des potentiels colocataires.

Ces personnes ont été persécutées dans leur pays d’origine pour qui elles sont et transportent un lourd bagage de traumatismes. Elles ont besoin des ressources qui vont les faire réaliser qu’elles sont acceptées et en sécurité, indique le directeur général de la Rainbow House, Lenny Emson.

Le refuge a ouvert ses portes en novembre, mais l’organisme qui l’encadre, le refuge arc-en-ciel de la Capitale, a attendu de ficeler ses opérations et d’assurer la sécurité de ses résidents avant de faire connaître la maison d'hébergement au public.

Une personne parle au micro

« Nous avons lancé ce projet pilote il y a quelques mois et nous constatons une demande incroyable parmi la population queer la plus vulnérable » - Lenny Emson, directeur exécutif de Capital Rainbow

Photo : Radio-Canada / Amadou Barry

L’inauguration officielle concordait avec la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.

Après tout, c’est notre mission: d’aider les personnes qui subissent l’homophobie, la transphobie et la biphobie, affirme Lenny Emson. Il rappelle que plus de 70 pays dans le monde ont des lois pénalisant les personnes LGBTQ+.

Le début d'une nouvelle vie

Aujourd’hui, Néfertiti Afra vit avec son copain dans un logement qu’elle a pu trouver grâce à l’aide des intervenants de Capital Rainbow . Elle est aux études en plus d'avoir trouvé un emploi.

L’ancienne résidente de la maison d’hébergement raconte que son passage dans la maison d’hébergement lui a permis de se faire des amis dans sa communauté.

Avec les informations d'Amadou Barry

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