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Voitures de luxe, violence et jet-set : les 40 M$ du « roi de la crypto », volatilisés?

Selon un syndic de faillite, 40 M$ confiés à Aiden Pleterski auraient disparu; de plus, il aurait été enlevé et tabassé en 2022

Un portrait de Aiden Pleterski dans un jet privé.

Aiden Pleterski, qui se surnomme lui-même le « roi de la crypto », fait face à des accusations de fraude et de recyclage des produits de la criminalité. Il a publié cette photo sur Instagram le 15 août 2021.

Photo : Instagram/@aiden.ptrs

Le « roi de la crypto » publiait jusqu'à tout récemment des vidéos sur les médias sociaux où Lamborghini et voyages en jet privé se succédaient, et ce, malgré des procédures de faillite. Or, selon les policiers, il aurait pu faire de nouvelles victimes il y a quelques mois à peine.

Aiden Pleterski, qui a été arrêté plus tôt ce mois-ci et qui fait face à des accusations de fraude, sollicitait de nouveaux investisseurs en février, selon les policiers.

Lors d’une conférence de presse jeudi, les policiers de la région de Durham, en banlieue est de Toronto, ont demandé aux potentielles victimes de l’accusé de se manifester. Ils croient n’en avoir interrogé qu’un petit pourcentage, ont-ils ajouté.

Aussi tard qu’en février 2024, il semble qu'il cherchait des investisseurs, a déclaré Stephen Henkel, enquêteur de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. Celui-ci a précisé que l’accusé n’était pas enregistré à quelque titre que ce soit auprès de la commission.

Aiden Pleterski, 25 ans, est l’objet de requêtes de mise en faillite depuis 2022 et les procédures sont toujours en cours. Selon l’enquête liée à cette faillite, plus de 40 millions de dollars confiés à Aiden Pleterski depuis 2021 par des gens qui croyaient investir dans les cryptomonnaies se seraient volatilisés.

Un policier à un podium à côté de deux portraits de police d'accusés.

Aiden Pleterski a été arrêté plus tôt ce mois-ci. Les enquêteurs n'ont pas voulu dévoiler les circonstances de son arrestation. Le chef de la police de Durham, Peter Moreira, en a fait l'annonce lors d'un point de presse, jeudi.

Photo : Radio-Canada / CBC

L'enquêteur de la police de la région de Durham David Jaciuk a refusé de donner plus de détails sur les potentielles victimes et le contexte dans lequel elles ont été sollicitées.

Beaucoup de vies ont été ruinées. C’est très émotionnel pour eux.

Une citation de David Jaciuk, enquêteur de la police de Durham

Depuis des années, l’accusé fait étalage d’un mode de vie ultraluxueux sur les médias sociaux.

Aiden Pleterski près d'une Lamborghini.

Plusieurs véhicules de luxe ont été saisis dans le cadre de l'enquête de faillite de Aiden Pleterski, qui a publié cette photo sur Instagram le 22 juin 2021.

Photo : Instagram/@aiden.ptrs

Or, même si ses avoirs – deux McLaren, deux BMW et une Lamborghini, entre autres – ont été saisis par le syndic qui enquête sur sa faillite, celui-ci tente toujours de retrouver près de 38 millions de dollars, selon une enquête de CBC.

Des photos de voitures de luxe.

Des photos tirées de l'Instagram d'Aiden Pleterski montrent certains des véhicules de luxe qu'il possédait ou louait.

Photo : Instagram/@aiden.ptrs

De plus, Aiden Pleterski aurait été kidnappé et tabassé par une victime de ses présumés crimes financiers en décembre 2022, toujours selon CBC.

41,5 millions de dollars

Le syndic de faillite – Rob Stelzer de l’entreprise de comptabilité Grant Thornton – a déposé des documents auprès de la Cour supérieure de justice dans lesquels il explique ce qu’il a découvert.

Selon M. Stelzer, Aiden Pleterski possédait 11 véhicules, louait quatre autres voitures de luxe, se déplaçait en jet privé et payait 45 000 $ par mois pour louer une maison cossue au bord d'un lac à Burlington, en Ontario.

Des maisons vues des airs.

La maison au centre est celle que louait Aiden Pleterski au bord du lac Burlington, selon CBC.

Photo : Radio-Canada / Pelin Sidki/CBC

Le rapport du syndic révèle que l’accusé aurait reçu 41,5 millions de dollars de la part d'investisseurs et leur aurait dit qu'il les investissait dans les cryptomonnaies et le marché des changes. Or, selon le rapport, il n’aurait investi que 2 % de cette somme, soit seulement 670 000 $.

On y indique également que M.  Pleterski a dépensé 38 % de l'argent, soit environ 16 millions de dollars, pour lui-même, en louant des jets privés, en prenant des vacances et en ajoutant des voitures de luxe à sa collection.

Ayant besoin d'un endroit pour entreposer ses achats, l’accusé aurait utilisé l'argent des investisseurs pour verser un dépôt de 500 000 $ afin d'acheter un entrepôt à Ajax, toujours selon le rapport remis en août 2022.

Des contrats garantis

Toujours selon CBC, M. Pleterski et sa compagnie, AP Private Equity Limited, signaient des contrats avec les victimes qui comprenaient des garanties.

Par exemple, le contrat d'investissement d’une femme qui dit avoir perdu 60 000 $ auprès de l’accusé comprenait un partage 70-30 des gains en capital (70 % pour elle et 30 % pour M. Pleterski), un engagement de remboursement intégral de l'investissement initial en cas de perte et un objectif de gains en capital de 10 à 20 % toutes les deux semaines.

Diane Moore, 65 ans, de Clarington en Ontario, a accordé une entrevue à CBC en septembre 2022. Elle avait alors affirmé que tout était basé sur la confiance.

Un portrait de Diane Moore.

Diane Moore affirme avoir confié à 60 000 $ à Aiden Pleterski.

Photo : offerte par Diane Moore

Je pense que ce qu'a fait Aiden est horrible et je ne sais pas comment il peut vivre avec lui-même. [...] Je ne sais pas s'il faisait vraiment des investissements. Était-ce son plan depuis le début, inventer des histoires pour me voler, voler d’autres personnes?

Jeudi, l’enquêteur David Jaciuk a rappelé que des investissements qui rapportent de 10 à 20 % toutes les deux semaines n’existent probablement pas. Si c'est trop beau pour être vrai, c'est probablement une escroquerie, a-t-il ajouté.

Passé à tabac?

En mars 2023, CBC obtenait les détails d’un autre rapport du syndic de faillite. Le père de l’accusé a déclaré au syndic que Aiden Pleterski a été kidnappé, puis tabassé et torturé en décembre 2022.

Ils l'ont essentiellement séquestré pendant environ trois jours, l'ont promené en voiture dans diverses régions du sud de l'Ontario, l'ont battu, torturé, l'ont autorisé à passer des appels téléphoniques spécifiques à des personnes spécifiques uniquement. Je ne faisais pas partie des personnes qu'il était autorisé à contacter, selon son père.

Puis, en juillet 2023, le Service de police de Toronto annonçait avoir arrêté cinq personnes qui font face à des accusations d’enlèvement, d’extorsion et de voies de fait, entre autres.

Quelques heures après que les arrestations eurent été rendues publiques, une vidéo a été envoyée aux journalistes de CBC dans laquelle on voit Aiden Pleterski couvert d’ecchymoses.

Un portrait de Aiden Pleterski au visage couvert d'ecchymoses.

Dans la vidéo, Aiden Pleterski présente ses excuses à ceux qui ont perdu de l'argent.

Photo : CBC

Son avocat, Micheal Simaan, a affirmé à CBC à l'époque que M. Pleterski a été forcé de faire des affirmations dans la vidéo en question. Bien que certains de ses propos soient exacts, ses ravisseurs l'ont forcé à en dire beaucoup.

Or, un des cinq accusés, Akil Heywood, a été à un certain point un des cinq inspecteurs représentant les intérêts des investisseurs dans les procédures de faillite. Selon les documents du syndic, M. Heywood a investi 740 000 $ auprès de M. Pleterski.

Un portrait de Akil Heywood.

Akil Heywood fait face à plusieurs accusations.

Photo : Facebook/Atlantic Mas Toronto

Une motion du tribunal dans l'affaire de la faillite stipule que les décisions majeures prises par le syndic doivent être approuvées par les inspecteurs de la même manière que les décisions majeures de la direction sont approuvées par un conseil d'administration et que le syndic fournit aux inspecteurs les détails de tous les aspects de leur stratégie et de leurs activités.

Dans un courriel, un porte-parole de Grant Thornton a déclaré que M. Heywood avait démissionné de son poste d'inspecteur dans la faillite de M. Pleterski le 7 juillet 2023.

Selon des documents de cour consultés par CBC, M. Heywood est accusé d’avoir fait des menaces et d'avoir tenté d’extorquer 2 millions de dollars à Rob Stelzer, le syndic de faillite de Grant Thornton.

À l’époque, M. Heywood avait refusé une demande d’entrevue, mais avait déclaré à CBC Toronto qu'il était innocent.

En octobre 2022, les investisseurs qui déposé les requêtes de mise en faillite avaient été informés par le syndic de faillite que l’argent confié à Aiden Pleterski ne leur serait probablement pas restitué. Les créanciers doivent être avertis que tout dividende versé sera bien inférieur aux montants qui leur sont dus, lisait-on dans une lettre qui leur était adressée.

Le luxe sans fin

Or, même depuis le dépôt de requêtes de mise en faillite par des douzaines de possibles victimes et après et après avoir été présumément enlevé et tabassé, M. Pleterski continue de faire étalage d’un mode de vie princier sur les médias sociaux.

Trois captures d'écran d'Instagram juxtaposées.

Aiden Pleterski a publié plusieurs stories Instagram de lui au volant d'une voiture de luxe McLaren alors qu'il se trouvait à Los Angeles en fin 2023.

Photo : Instagram/@aiden.ptrs

En fin 2023, dans une série de vidéos diffusées en direct, l’accusé visite l’Angleterre, la Floride et la Californie, assiste à un match de boxe à Manchester et conduit des voitures de luxe, selon CBC. Je paierai tout en liquide à la fin, dit-il à une serveuse dans un terrain d'exercice de golf virtuel de Miami dans une de ces vidéos.

Aiden Pleterski s'apprête à frapper une balle de golf.

Dans une vidéo en direct publiée sur kick.com en 2023, Aiden Pleterski dit à une serveuse qu'il paiera la note en argent comptant.

Photo : Kick.com/aidenptrs

Aiden Pleterski fait aussi face à des accusations de recyclage des produits de la criminalité. Jeudi, les policiers ont refusé de discuter des circonstances entourant cette accusation, citant un interdit de publication qui touche l’affaire.

Avec des informations de Nicole Brockbank et Angelina King de CBC

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