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Procès de Trump : la défense décrit Michael Cohen comme un menteur en série

Le premier procès criminel intenté contre un ancien président américain se déroule à un rythme si rapide que les jurés pourraient amorcer leurs délibérations dès la semaine prochaine.

Bras levé, l'avocat Todd Blanche contre-interroge Michael Cohen sous le regard de Donald Trump et du juge Juan Merchan.

Michael Cohen, ex-avocat de Donald Trump, a subi un contre-interrogatoire pour une deuxième journée lors du procès criminel de l'ex-président à New York, le 16 mai 2024.

Photo : Reuters / Jane Rosenberg

Les avocats de Donald Trump ont poursuivi leur contre-interrogatoire de Michael Cohen, l'ancien avocat de l'ex-président, pour une deuxième journée, jeudi, attaquant sans relâche sa crédibilité afin de susciter un doute raisonnable chez les jurés.

Leur thème récurrent : Michael Cohen est un menteur chronique, qui ment même sous serment – et qui pourrait donc l'avoir fait devant ce tribunal.

Reprenant leurs jabs contre le témoin vedette des procureurs, les avocats de la défense ont continué de le dépeindre comme un homme discrédité, mû par un désir de vengeance. Leur offensive a semblé plus efficace que celle de mardi, où leur contre-interrogatoire a été difficile à suivre, selon plusieurs médias.

Après avoir abordé plusieurs fausses déclarations faites par Michael Cohen, entre autres en cour ou devant le Congrès, Todd Blanche, l'avocat principal de l'ex-président, a contesté la raison d'un appel téléphonique fait au garde du corps de Donald Trump, Keith Schiller, à la fin d'octobre 2016.

En interrogatoire, M. Cohen a affirmé qu'il avait parlé à son patron de l'époque et qu'il avait indiqué que le problème lié à Stormy Daniels était résolu.

Donald Trump face à la justice

Consulter le dossier complet

Dessin de Donald Trump lors de sa comparution.

C'était. Un. Mensonge, a assené Me Blanche au cours de la portion la plus vive de son contre-interrogatoire.

Sur la base de textos échangés à cette période, l'avocat a suggéré qu'au cours de ce bref appel qui dépassait à peine 90 secondes, Michael Cohen s'était plutôt plaint d'un canular téléphonique que lui avait fait un adolescent à l'époque et qu'il n'avait pas parlé à M. Trump.

Selon les documents présentés en preuve, M. Cohen, après avoir reçu une série de textos, demandait au garde du corps dans un texto envoyé à 7 h 48 à qui il pouvait s'adresser au sujet de harcèlement téléphonique. À 8 h 01, Keith Schiller laissait un message sur sa boîte vocale et, une minute plus tard, lui écrivait : Appelle-moi.

Vous avez eu suffisamment de temps dans cette minute et trente-six secondes pour informer M. Schiller de tous les problèmes posés par le harcèlement téléphonique et aussi informer le président Trump de l'état de la situation avec Stormy Daniels?

Une citation de Todd Blanche, avocat de Donald Trump

Accusant le témoin de mentir, il a asséné, en haussant le ton : Vous pouvez l'admettre.

Non, je ne peux pas, a répondu M. Cohen, qui a dit croire qu'il avait eu le temps d'aborder ces deux sujets.

Avant cela, il a reconnu avoir menti quand il a prétendu devant un comité du Congrès, en 2017, que les négociations sur le projet d'une Trump Tower à Moscou s'étaient conclues en janvier 2016. Il s'agit d'une des accusations fédérales auxquelles il a plaidé coupable, en 2018.

De façon préventive, les procureurs avaient déjà abordé la question lors de leur interrogatoire.

Me Blanche l'a aussi amené sur un terrain glissant en soulevant ses commentaires contradictoires sur des fraudes fiscales : après avoir reconnu sa culpabilité en 2018, Michael Cohen a récemment déclaré en cour fédérale qu'il n'avait pas commis ce crime. Un juge a d'ailleurs estimé qu'il s'était parjuré à une de ces occasions.

Si vous avez menti à un juge fédéral, c'est parce que vous étiez personnellement concerné par ces enjeux? a demandé Todd Blanche.

Oui, a opiné M. Cohen, qui, pendant le procès, s'est présenté comme quelqu'un qui avait menti au fil des ans pour protéger Donald Trump. Il a dit ne pas contester une erreur sur ses déclarations de revenus, mais il a avancé qu'un premier délit n'aurait selon lui pas dû se solder par une inculpation.

Todd Blanche a par ailleurs interrogé Michael Cohen au sujet de son intérêt pour un pardon présidentiel potentiel, tentant de lui faire admettre qu'il avait menti en 2019 devant un comité du Congrès devant lequel il avait affirmé ne l'avoir jamais demandé ni voulu l'accepter.

M. Cohen a répondu ne l'avoir jamais demandé, mais il a admis qu'il avait évoqué la question avec un avocat, proche de Rudy Giuliani, qui voulait le représenter.

Si la défense a mis à mal la crédibilité du témoin, ce dernier, qui a la réputation d'avoir un tempérament explosif, a cependant conservé son calme.

La défense présente le remboursement allégué comme des honoraires

Michael Cohen quitte un édifice new-yorkais.

Michael Cohen au moment de quitter son domicile pour aller témoigner au procès de son ancien patron Donald Trump, le 16 mai 2024.

Photo : Reuters / David Dee Delgado

Todd Blanche a également amené Michael Cohen à acquiescer à l'affirmation selon laquelle le contrat conclu avec Stormy Daniels, qui a reçu de l'argent en échange de son silence au sujet d'une relation sexuelle qu'elle dit avoir eue avec Donald Trump, était juridiquement contraignant.

Il s'agit d'une façon de sous-entendre que Michael Cohen a effectué un travail juridique, alors que les procureurs affirment que l'argent qui lui a été versé était en fait un remboursement effectué en catimini et non des honoraires.

Dans cette affaire, l'ancien président américain est accusé d'avoir falsifié une série de documents financiers – factures, chèques et entrées comptables – pour une raison précise : dissimuler une conspiration criminelle visant à remporter l'élection par des moyens illégaux.

Selon les procureurs, les documents qu'ils disent falsifiés concernent un remboursement fait à Michael Cohen, qui a versé 130 000 $ US à l'ancienne actrice de cinéma pornographique Stormy Daniels.

M. Cohen a confirmé avoir déjà dit que celle-ci tentait d'extorquer de l'argent à Donald Trump. Depuis le début du procès, la défense présente en quelque sorte le politicien comme une victime de chantage.

Pendant l'interrogatoire mené par les procureurs, Michael Cohen a déclaré que son ancien patron lui avait ordonné de payer Stormy Daniels pour la contraindre au silence et qu'il avait connaissance du plan destiné à le rembourser.

Au moyen des preuves présentées et des témoins entendus, les procureurs pourraient avoir convaincu le jury qu'il y a eu falsification de documents. Encore faut-il que les jurés estiment que Michael Cohen a la crédibilité nécessaire pour attester que Donald Trump était au courant de ce crime.

L'ex-président conteste les chefs d'accusation.

Un témoin qui a soif de vengeance, selon la défense

Me Blanche a longuement talonné Michael Cohen sur son désir de travailler à la Maison-Blanche, qu'ont évoqué certains témoins. M. Cohen a répété qu'il avait été déçu non pas de ne pas avoir été choisi mais de ne pas avoir été envisagé comme recrue potentielle.

On lui a présenté des textos envoyés à sa fille, dans lesquels ils évoquaient le poste de chef de cabinet à la Maison-Blanche.

J'aurais aimé être envisagé pour mon ego, a-t-il affirmé.

Il a soutenu avoir sollicité un rôle d'avocat personnel du président, ajoutant qu'il voulait un rôle hybride qui lui aurait garanti un accès à Donald Trump tout en lui permettant d'agir à l'extérieur du gouvernement.

Me Blanche a aussi cherché à démontrer que Donald Trump était la cible de sa vindicte, demandant à Michael Cohen de confirmer plusieurs commentaires formulés dans des entrevues, dans ses balados ou sur les réseaux sociaux.

L'ancien homme de confiance du politicien de 77 ans a notamment dit sur ses balados qu'il espérait que son ancien patron tombe et pourrisse [en prison] pour ce qu'il a infligé à moi et à ma famille et a lancé que cette idée le rendrait fou de joie.

À l'issue d'une des journées les plus importantes de l'étape des témoignages, Donald Trump a dit de ses avocats qu'ils travaillaient vraiment fort et a répété ses récriminations envers le procès.

Je pense que ç'a été une journée très intéressante, une journée fascinante, qui montre à quel point toute cette affaire est une escroquerie.

Une citation de Donald Trump

Le crime, c'est d'avoir instruit cette affaire, a-t-il lancé, entouré d'élus républicains, avant son entrée dans la salle d'audience, en matinée.

Des délibérations dès la semaine prochaine?

Donald Trump, qui est assis, regarde vers le sol.

Donald Trump quelques minutes avant le début du témoignage de son ancien avocat Michael Cohen, le 16 mai 2024.

Photo : Reuters / Mike Segar

Vingtième personne appelée à la barre, Michael Cohen est aussi le dernier témoin convoqué par l'équipe du procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg.

Todd Blanche a indiqué au juge à la fin de l'audience que le contre-interrogatoire devrait se terminer lundi avant-midi.

Les procureurs auront alors l'occasion de réinterroger leur témoin principal, ce qui devrait prendre une heure, ont-ils signalé.

Il est possible que la défense appelle ensuite un expert sur le financement électoral fédéral, a spécifié Me Blanche, qui a dit qu'aucune décision n'avait encore été prise sur une éventuelle comparution de Donald Trump lui-même.

Le célèbre accusé a affirmé vouloir témoigner – une hypothèse largement improbable –, mais les experts sont unanimes pour dire que ce scénario lui serait préjudiciable.

Le juge Merchan a appelé les deux parties à être prêtes à livrer leurs plaidoiries dès mardi, dans l'éventualité où les témoignages prendraient fin lundi.

Après cette étape, il présentera ses instructions au jury.

Les délibérations du jury pourraient donc s'amorcer dès la semaine prochaine.

Le rythme du procès, qui s'est amorcé le 15 avril avec la sélection des jurés, s'est révélé plus rapide que prévu. Les observateurs estimaient initialement que le procès pourrait durer de six à huit semaines.

Le procès entrera lundi prochain dans sa sixième semaine, mais il a fait relâche les mercredis, et les audiences de certaines journées n'ont duré que quelques heures.

Exceptionnellement, il n'y aura pas d'audience vendredi, le juge Merchan ayant acquiescé à la demande de Donald Trump d'assister à la remise de diplôme de son fils cadet.

Une dizaine de représentants républicains étaient dans la salle d'audience. Ce comité de soutien incluait des élus de la frange la plus radicale du parti, comme Matt Gaetz et Lauren Boebert.

Les procureurs se sont plaints au juge du fait que certains d'entre eux entraient dans la salle en plein milieu du témoignage de Michael Cohen.

Matt Gaetz a publié sur les réseaux sociaux une photo qui le montre en cour derrière Donald Trump avec un message faisant écho à un appel lancé en 2020 par le candidat républicain au groupe suprémaciste Proud Boys au cours d'un débat avec son rival démocrate Joe Biden. Donald Trump, qui était alors président, avait dit aux militants d'extrême droite : Reculez et tenez-vous prêts.

Avec les informations de The Guardian, New York Times, CNN et Associated Press

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