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Une session parlementaire ardue pour le NPD, à quelques mois des élections

Montage photo des portraits de David Eby, Kevin Falcon, Sonia Furstenau et John Rustad.

Les chefs des quatre partis de la Colombie-Britannique : David Eby, Nouveau Parti démocratique, Kevin Falcon, BC United, Sonia Furstenau, Parti vert, et John Rustad, Parti conservateur.

Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK / CHAD HIPOLITO

La session parlementaire à l'Assemblée législative de Victoria s’est terminée jeudi. À cinq mois des élections provinciales, le gouvernement de David Eby a passé plus de temps à défendre son bilan qu’à promouvoir ses initiatives, selon un politologue.

D’entrée de jeu, en février, le discours du Trône et le budget ont signalé des priorités à saveur électorale du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Le premier ministre David Eby avait assuré que, dans ce contexte économique difficile, son parti serait là pour soutenir la population pour ce qui est du coût de la vie ainsi que l’accès aux services en santé et le logement, particulièrement pour les plus vulnérables et la classe moyenne.

C'est un message qu’il a répété à la dernière rencontre avec son caucus jeudi matin.

Nous travaillons pour protéger les locataires, construire plus de logements abordables, [offrir] des mesures ciblées pour faire face au coût de la vie, offrir plus de places en garderie, offrir la pilule contraceptive gratuite et [...] recruter plus de médecins et d’infirmières.

Une citation de David Eby, premier ministre de la Colombie-Britannique

Toutefois, pour les analystes politiques, la session a pris une autre tournure : ils croient que le gouvernement Eby n’a pas réussi à juguler rapidement plusieurs crises qui sont devenues des épines dans le pied du NPD.

Le recul de la décriminalisation

Il aura fallu un peu plus d’un an pour que le projet pilote de trois ans sur la décriminalisation de drogues illicites s’effrite.

Cette initiative, dite au départ transpartisane, a paralysé le NPD pendant cette session, estime le politologue Stewart Prest, de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC).

Le NPD a été forcé de jouer à la défensive, alors qu’il aurait certainement préféré être en mode offensif, pour mettre en valeur les millions de dollars qui ont et seront investis dans le logement et pour faire face au coût de la vie.

Une citation de Stewart Prest, chargé de cours en science politique à l'UBC

Stewart Prest ajoute que, semaine après semaine, le parti BC United et les conservateurs ont su utiliser les inquiétudes des chefs de police, des municipalités et des travailleurs de la santé pour exiger du gouvernement la fin de la décriminalisation.

Le NPD a défendu coûte que coûte le bien-fondé de la décriminalisation en expliquant qu'il s'agit d'un outil pour atténuer la stigmatisation des consommateurs afin qu'ils n’aient pas peur de demander de l’aide.

Cependant, d'après M. Prest, le mécontentement grandissant de la population dans une année électorale a forcé le gouvernement provincial à demander à Ottawa d’interdire la possession de drogues illicites dans tous les espaces publics.

C'était un projet phare du NPD qu'il a dû, en partie, abandonner, dit M. Prest.

Le coût de la vie le plus élevé au Canada?

Ce n’est pas un secret, le coût de la vie et celui des logements en Colombie-Britannique sont parmi les plus élevés au Canada.

Dans le sondage de la firme Abacus (Nouvelle fenêtre), publié le 14 mai, 68 % des répondants sont inquiets de la hausse du coût de la vie, tandis que 54 % d’entre eux sont préoccupés par l’accès à un logement abordable, et 41 % veulent un meilleur accès au système de santé.

Méthodologie du sondage d’Abacus

Le sondage a été réalisé auprès de 1000 Britanno-Colombiens par l’entremise de panels sur la plateforme Lucid. Il a été mené en ligne du 6 au 8 mai 2024.

À titre indicatif, un échantillon probabiliste de cette taille aurait eu une marge d'erreur de +/- 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Et, même si le sondage indique que les répondants font encore confiance au NPD pour manœuvrer ces trois dossiers, 47 % d'entre eux croient également qu’il est temps d’avoir un nouveau gouvernement.

Stewart Prest explique que les lois adoptées depuis l'automne dernier en matière de logement entrent en vigueur notamment en mai, en juin et au début 2025.

Les effets sur le logement seront donc perçus comme à long terme, ce qui met le NPD dans une position délicate où il sera obligé de défendre sa volonté de vouloir changer les choses, plutôt que des résultats concrets.

Et c'est sur cette faiblesse qu'ont appuyée les partis de l'opposition, répétant que le manque d'abordabilité est le résultat d'un gouvernement néo-démocrate.

Le départ gênant de Selina Robinson

En février, la députée Selina Robinson avait affirmé que le territoire où a été créé Israël était un bout de terre minable (crappy piece of land, en anglais) avant la création de l’État moderne d'Israël, en 1948.

Un mois plus tard, après plusieurs excuses, la députée de confession juive a claqué la porte de son parti, accusant certains élus néo-démocrates d'avoir tenu des propos antisémites.

En février, le caucus était en retraite pour préparer le discours du Trône et le budget. En demandant sa démission, le NPD a voulu juguler la crise rapidement, dit Stewart Prest.

Or, son départ fracassant en mars a plutôt donné de nouvelles munitions tout au long de la session aux conservateurs et au parti BC United. Ils ont, entre autres, demandé au NPD une enquête indépendante sur l'antisémitisme dans la fonction publique.

C'est malaisant pour un parti qui se veut inclusif, dit le politologue.

Des élections serrées?

Selon les récents sondages, la course semble se jouer entre deux partis : le Nouveau Parti démocratique et les conservateurs. Dans le sondage Abacus, le NPD récolte 40 % des intentions de vote, et les conservateurs en obtiennent 34 %.

Selon le sondage, l'écart se resserre donc entre les partis de David Eby et de John Rustad.

[John Rustad] a aussi réussi à se placer comme la vraie opposition au NPD dans les dossiers de la sécurité publique et la décriminalisation. On le voit dans les attaques de M. Eby qui se concentrent vraiment sur les conservateurs , précise Stewart Prest.

Le sondage démontre aussi que les répondants feraient plus confiance aux conservateurs pour les questions économiques.

Actuellement, des délégués du parti BC United et du Parti conservateur de la Colombie-Britannique sont en discussion pour voir si une fusion est possible avant ou après les élections.

Alors que le NPD se réjouissait de voir la droite se déchirer, il semblerait qu'une réelle bataille se dresse pour les élections provinciales.

L'été sera donc crucial pour tous les partis : ils doivent chercher 93 candidats de qualité et amasser assez de fonds pour bien nourrir leur machine électorale. Et surtout, ils ne doivent pas tomber dans l'oubli, comme l'a fait le Parti vert pendant cette session législative.

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