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Ingérence étrangère : la Chine et l’Inde auraient versé de l’argent à des politiciens

L'entrée des audiences publiques sur l'ingérence étrangère dans les élections fédérales, à Ottawa.

L'entrée des audiences publiques sur l'ingérence étrangère dans les élections fédérales, à Ottawa.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) soupçonne la Chine et l’Inde d’avoir versé de l’argent à des politiciens canadiens lors des élections fédérales de 2019 et 2021.

C’est ce qui ressort des documents de synthèse soumis jeudi à la Commission d’enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques qui mène des audiences à Ottawa depuis fin janvier.

Un document soumis vendredi, qui résume une rencontre entre des responsables du SCRS et du Bureau du commissaire aux élections fédérales (BCEF), confirme que les deux principaux acteurs étatiques les plus impliqués lors des dernières élections ont été la Chine et l’Inde.

L’on y précise également que d’autres pays, dont la Russie, l’Arabie saoudite, l’Iran et le Pakistan, ont également tenté de s’ingérer dans les élections, mais à moindre échelle.

Dans l’un des documents soumis jeudi, le SCRS indique que des agents liés à la Chine auraient reçu de l'argent de la part de responsables chinois.

Il y a probablement eu au moins deux transferts de fonds d’environ 250 000 $ provenant de responsables chinois au Canada, éventuellement à des fins liées à l’ingérence étrangère.

Une citation de Extrait d’un document de synthèse produit par le SCRC

Enquête publique sur l'ingérence étrangère

Consulter le dossier complet

La juge Hogue, assise en cour.

Toujours selon ce document, 11 candidats aux élections, dont 7 libéraux et 4 conservateurs, ainsi que 13 membres du personnel politique, auraient été impliqués ou touchés par les activités d’agents liés à la Chine.

Un homme assis entre deux femmes et parlant dans un micro.

La directrice adjointe du SCRS, Cherie Henderson, à gauche, et l'ancienne directrice adjointe des opérations, Michelle Tessier, accompagnent le directeur du SCRS, David Vigneault, lors des audiences de la Commission d'enquête publique sur l'ingérence étrangère, le 4 avril 2024, à Ottawa.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Certaines de ces personnes semblaient disposées à prendre part à des activités d’ingérence étrangère, tandis que d'autres semblaient ne pas s’en rendre compte en raison de leur nature clandestine, indique le SCRS dans ce document de synthèse.

L’agence de renseignement canadienne précise toutefois que les fonds transférés par la Chine, fin 2018 et début 2019, n’étaient très probablement pas dans le but de financer clandestinement les 11 candidats libéraux et conservateurs.

Les fonds chinois ont été transférés via plusieurs individus pour dissimuler leurs origines, précise encore le document du SCRS. Pour illustrer la procédure, l’on précise que l’argent a pu être transféré via un leader communautaire influent, en passant par un membre du personnel d'un candidat aux élections fédérales de 2019 puis par un député provincial de l'Ontario.

De l'argent politique indien

Dans un autre document de synthèse, le SCRS indique que de l’argent politique étranger aurait également été transféré de New Delhi dans le but d’influencer certains politiciens canadiens afin qu’ils aient une perception plus favorable des politiques gouvernementales indiennes.

Deux drapeaux superposés.

Le mouvement séparatiste du Khalistan est présent au Canada. Ici, les drapeaux du Canada et du Khalistan sont superposés lors d'une manifestation à Toronto, le 25 septembre 2023.

Photo : Getty Images / Cole Burston/AFP

L'Inde s'intéresse beaucoup au Canada en raison de la présence dans le pays d’une importante communauté sud-asiatique, explique le SCRS dans son document. Le gouvernement indien considère que des membres de cette communauté [affichent] un sentiment anti-indien et représentent donc une menace à la stabilité et à la sécurité nationale de l’Inde.

En septembre 2023, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé qu'il y avait des allégations crédibles selon lesquelles le gouvernement indien a été impliqué dans le meurtre du militant sikh canadien Hardeep Singh Nijjar.

L'Inde a rejeté ces allégations, qualifiant le Canada de refuge pour terroristes, extrémistes et autres personnes qui mènent des activités anti-indiennes. Elle a également accusé M. Nijjar, un partisan actif de la création d'un État sikh indépendant appelé Khalistan dans la région du Pendjab, de diriger un groupe séparatiste militant, une accusation que ses partisans réfutent.

Selon le SCRS, l’Inde a tenté de s’ingérer dans les élections fédérales de 2019 et 2021 par différents moyens à travers des agents au Canada.

Un agent du gouvernement indien aurait tenté de s'immiscer dans les processus démocratiques, notamment en fournissant clandestinement un soutien financier illicite à divers hommes politiques canadiens afin de tenter d'obtenir l'élection de candidats favorables au gouvernement indien ou d'exercer une influence sur les candidats qui entrent en fonction.

Une citation de Extrait d’un document de synthèse produit par le SCRC

Dans certains cas, les candidats peuvent ne jamais savoir que leurs campagnes ont reçu des fonds illicites, précise toutefois le SCRS.

« L'intégrité des élections pas compromise »

Dans un autre document soumis vendredi, l’agence de renseignement indique que l’intégrité de la 44e élection fédérale [de 2021] n’a pas été compromise. Cependant, la question [...] sera de savoir comment utiliser les communications comme outil pour contrer la menace de l’ingérence étrangère à l'avenir.

Une conclusion qui réjouit le premier ministre Trudeau. C’est une bonne chose que l’analyse réalisée par les agences de sécurité sur les élections de 2019 et 2021 ait conclu que ces élections étaient libres et équitables malgré les tentatives d’ingérence par des acteurs étrangers, a-t-il dit lors d'une conférence de presse vendredi à Calgary.

Les audiences de la Commission d’enquête publique sur les ingérences étrangères, présidée par la juge Marie-Josée Hogue, doivent se poursuivre jusqu’au 10 avril. Un premier rapport est attendu le 3 mai.

L'enjeu de l'ingérence étrangère a surtout fait la manchette avec la publication d'une série d'articles par le réseau Global et le quotidien The Globe and Mail publiés à partir de novembre 2022.

Dans ces reportages, des sources ont laissé entendre que le gouvernement de Justin Trudeau avait fait preuve d'inaction, malgré les conseils qu'il a reçus de la part du SCRS.

Avec des informations de Valérie Gamache.

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