Moins de médecins propriétaires de cliniques privées, est-ce un problème?
Plus de 116 000 personnes sont inscrits sur la liste d’attente pour un médecin en Nouvelle-Écosse.
Photo : Gracieuseté
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a des inquiétudes face au nombre grandissant de groupes immobiliers qui deviennent propriétaires de cliniques médicales. Les médecins pourraient subir de la pression à des fins commerciales. L'un de ces groupes juge que ces craintes ne sont pas justifiées.
Selon le regroupement, de plus en plus de sociétés spécialisées dans l’immobilier, qui n’ont aucune expertise en santé, gèrent des cliniques médicales privées.
Le docteur Marc-André Amyot, président de la FMOQ, croit que la pénurie de personnel dans le domaine de la santé accentue la pression sur les médecins. C’est la raison pour laquelle, selon lui, plusieurs d'entre eux décident de se décharger du volet administratif des cliniques.
Les médecins souhaitent donner le meilleur accès possible à la population et dans ce contexte-là, ils se sont un peu retirés de la propriété des cliniques médicales et ça, ça nous inquiète
, explique-t-il.
Si le docteur Amyot ajoute qu’il n’y a eu aucune dérive
à ce jour, son association redoute tout de même que des praticiens doivent modifier leur pratique pour des raisons économiques.
Il y a des problèmes qui nécessitent plus de temps, mais on pourrait faire de la pression sur les médecins pour leur dire qu’ils doivent absolument voir un certain volume pour rentabiliser la clinique.
Marc-André Amyot, président Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), demande une intervention du gouvernement à ce sujet. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
La FMOQ demande au gouvernement d’intervenir pour obliger ces cliniques à avoir un professionnel de la santé parmi les actionnaires principaux.
Un besoin pour plusieurs médecins
Les sociétés immobilières tentent de se faire rassurantes après la sortie de la FMOQ.
Le président fondateur du Groupe Medway, Yan Boudreau, affirme qu’il peut comprendre leurs craintes
, mais explique que son entreprise n’a pas son mot à dire sur le volet médical.
C’est une crainte qui ne devrait pas se produire dans la réalité. Un médecin est responsable de sa médecine et doit passer le temps qu’il doit passer avec chaque patient
, ajoute celui dont le groupe gère une dizaine de cliniques dans la grande région de Québec et au Bas-Saint-Laurent.
Yan Boudreau ne croit pas que les craintes de la FMOQ vont se matérialiser dans le futur. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron
Il explique que depuis une quinzaine d’années, de plus en plus de médecins ou de groupes de médecine ont levé la main pour obtenir de l’aide administrative.
C’est un besoin. On sent que nos médecins et plusieurs groupes de médecines familiales avaient besoin.
Il rappelle que ce ne sont pas les non-médecins qui peuvent avoir un impact sur le débit de clientèle.
Être propriétaire et bien encadré
Pour certains, une sorte d’hybride pourrait exister pour les médecins de famille de la province.
On devrait être responsable de nos environnements de soin. On est très très bien placés pour connaître les besoins de notre clientèle première
, avance la docteure Chantal Guimont, présidente-directrice générale du réseau MAclinique.
Elle rappelle que des règles existent pour d’autres professions, comme les pharmaciens, les radiologistes ou les médecins, qui les obligent à être propriétaires.
Ce qu’il faut, c’est avoir des environnements qui sont dirigés par des médecins de famille où on s’entoure de professionnels gestionnaires qui vont nous accompagner.
Tout comme la FMOQ, la médecin de famille espère un changement dans la législation pour régler cette situation.
La docteure Chantal Guimont partage les craintes concernant l'avenir des cliniques médicales privées. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a rapidement répondu au sujet ce jeudi en disant que le tout allait faire partie des discussions lors de la prochaine entente-cadre.
Avec les informations de Alex Boissonneault et Louis-Philippe Arseneault