•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Le parc national du Gros-Morne souffle ses 50 bougies

La parc national du Gros-Morne en mars 2023. Entre deux montagnes, on aperçoit le début d'un fjord.

La parc national du Gros-Morne est souvent appelé par les amateurs de plein air « le Banff de la côte est ».

Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis

Parcs Canada souligne cet été le 50e anniversaire du parc national du Gros-Morne, situé à Terre-Neuve-et-Labrador. Ce parc spectaculaire est souvent appelé par les amateurs de plein air « le Banff de la côte est ». Et contrairement aux parcs nationaux de Forillon, au Québec, et de Kouchibouguac, au Nouveau-Brunswick, les résidents n'ont pas été expulsés lors de sa création.

La scène se déroule le 13 août 1973. Ce jour-là, Jean Chrétien, alors ministre des Affaires indiennes et du Développement du Nord, coupe le ruban officialisant l'ouverture du 28e parc national du Canada.

Jean Chrétien s'était engagé a ouvrir 10 nouveaux parcs nationaux pendant le mandat de son gouvernement. Il tiendra parole. Mais la création de certains parcs a été plus difficile que d'autres. Pensons au parc national de Forillon, au Québec, et au parc national de Kouchibouguac, où l'expulsion des villageois qui y habitaient depuis des générations a soulevé une grogne dont on parle encore aujourd'hui.

Invité d'honneur aux célébrations entourant le 50e anniversaire du parc, l'ancien premier ministre du Canada se souvient très bien des négociations entourant sa création.

Ce n'est jamais parfait. On apprend de nos expériences. C'est un des derniers que j'ai faits. Je me rappelle la discussion que j'avais eue avec eux [les résidents]. Je leur avais dit : on va vous laisser dans vos villages.

Une citation de Jean Chrétien, ancien premier ministre du Canada
Jean Chrétien lors des célébrations du 50e anniversaire du Parc national du Gros-Morne le 13 août 2023. Il est en compagnie de la ministre du Développement économique rural, Gudie Hutchings, et du PDG de Parcs Canada, Ron Hallman. Il répond aux questions d'un journaliste devant un paysage grandiose.

Jean Chrétien lors des célébrations du 50e anniversaire du parc national du Gros-Morne. Il est en compagnie de la ministre du Développement économique rural, Gudie Hutchings, et du PDG de Parcs Canada, Ron Hallman.

Photo : Gracieuseté

En ce qui concerne l'expulsion des résidents des parcs de Forillon et de Kouchibouguac en 1970, Jean Chrétien affirme qu'il y a toujours de l'opposition dans ce type de projet. Des étudiants se sont mêlés de ça. Ce sont des problèmes qui sont naturels et qu'il faut régler et qu'on a réglés.

Quoi qu'il en soit, il garde de bons souvenirs de la création de nouveaux parcs nationaux. C'était une période agréable de ma carrière qui n'est pas très connue du public. J'ai eu beaucoup d'autres dossiers que celui-là, mais c'en est un qui me donne le plus grand plaisir quand j'y pense.

Jean Chrétien, au centre, entouré des employés du Parc national du Gros-Morne. La ministre du Développement économique rural, Gudie Hutchings, et le PDG de Parcs Canada, Ron Hallman, sont à droite.

Jean Chrétien, au centre, entouré des employés du parc national du Gros-Morne.

Photo : Gracieuseté

Un beau moment d'évolution

Cela faisait quelques années que le gouvernement canadien souhaitait créer un deuxième parc national à Terre-Neuve. Un premier parc avait été créé dans les années 1950 dans l'est de la province, le parc national de Terra-Nova, mais le gouvernement souhaitait en créer un sur la côte ouest aussi, soutient l'interprète de parc au Gros-Morne Cédric Davignon.

Il raconte que dans un message lu par Jean Chrétien le 13 août 1973, celui-ci avait affirmé que le gouvernement n'avait aucune intention de couper la vie traditionnelle des gens.

C'était vraiment une approche différente, un mode de pensée différent pour Parcs Canada. On réalise que ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire que de déménager le monde, les êtres humains, leur vie, leurs traditions, leur culture. Ce n'est pas pour dire que Gros-Morne était LA transition, mais définitivement le mode de création des parcs était dans un beau moment d'évolution à ce moment-là.

Une citation de Cédric Davignon, interprète de parc au parc national du Gros-Morne
Cédric Davignon, interprète de parc au parc national du Gros-Morne pose devant deux bannières sur lesquelles est écrit : bienvenue, welcome.

Cédric Davignon, interprète de parc au parc national du Gros-Morne

Photo : Gracieuseté

Cédric Davignon souligne que les parcs créés par la suite, principalement dans le nord du Canada, sont presque autant des espaces naturels que culturels. Et aujourd'hui au Gros-Morne, tu as des expériences culturelles vivantes, car les gens sont encore connectés à la terre et à la mer pour puiser leurs ressources.

Au total, neuf villages ont été enclavés par le parc. Un programme de compensation a été créé pour les familles qui souhaitaient partir, mais la plupart sont restées.

Cela ne veut pas dire que la création du parc s'est faite sans frustrations. Il y en a eu et il y en a encore, raconte Jennifer Shears, propriétaire d'une boutique de souvenirs et du Musée de la faune de Rocky Harbour. Jennifer Shears est aussi membre de la Première Nation mi'kmaq Qalipu.

On est complètement entourés par le parc. Alors c'est un peu difficile de concilier certaines activités traditionnelles comme la chasse, la motoneige, couper les arbres pour chauffer nos maisons. Mais c'est bien, c'est notre économie maintenant avec le tourisme et c'est beau!

Une citation de Jennifer Shears, propriétaire d'une boutique de souvenirs à Rocky Harbour
Jennifer Shears, propriétaire d'une boutique de souvenirs et du Musée de faune à Rocky Harbour. Elle pose devant des chapeaux et des bottes en peau de phoque.

Jennifer Shears, propriétaire d'une boutique de souvenirs et du Musée de faune à Rocky Harbour.

Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis

Au fil des ans, des compromis ont été trouvés. Par exemple, pour la motoneige, une activité très populaire dans la région, il y a maintenant des corridors désignés qui permettent de traverser le parc pour rejoindre les grands sentiers provinciaux. Pour ce qui est du bois de chauffage, une entente permet aux résidents d'en couper dans des aires désignées, mais la génération actuelle est la dernière à pouvoir le faire, car ce droit n'est pas transmissible à leurs enfants.

Le Banff de la côte est

Même si les amateurs de plein air qualifient Gros-Morne de Banff de la côte est, le nombre annuel de visiteurs reste bien en deçà du mythique parc de l'Ouest canadien. Alors que 4 millions de personnes visitent Banff chaque année, le nombre de visiteurs à Gros-Morne était de 238 000 avant la pandémie de COVID-19.

Écoutez le reportage de René Saint-Louis à l'émission Le 15-18

Sur place, un touriste qui se qualifie d'habitué des lieux soutient que l'accès au parc a toujours été un problème. Résident de Saint-Pierre-et-Miquelon, Jean-Christophe Lebon affirme visiter Gros-Morne depuis 40 ans.

Quand il est rentré au patrimoine mondial de l'UNESCO il y a quelques années (1987), ça a fait une sacrée publicité. Ce que j'en pense, c'est que l'accès au parc n'est pas évident parce que l'accès à Terre-Neuve n'est pas évident. C'est très intéressant, par contre, c'est un parc magnifique avec des sites très variés.

Aujourd'hui, des compagnies aériennes à bas prix offrent des vols vers Saint-Jean, mais l'entrée du parc se trouve à 7 heures de route de la capitale de Terre-Neuve. À titre de comparaison, Banff est à moins d'une heure de voiture de Calgary. Air Canada offre aussi depuis Montréal, Toronto et Halifax des vols directs vers Deer Lake, situé à moins d'une heure de l'entrée de Gros-Morne, mais le prix des billets d'avion est beaucoup plus élevé.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.