En 2007, Johane Despins prenait le volant du mythique camion de L’épicerie, en compagnie de son coanimateur Denis Gagné. Pendant 17 ans, elle a fouillé, comme un poisson dans l’eau, tous les sujets possibles autour de l’alimentation. Mais voilà que la journaliste-animatrice a décidé de quitter l’émission pour plonger dans le vide.
Avant de dire pour la toute dernière fois « bienvenue à L’épicerie! », Johane a répondu à nos questions sur ses rencontres et moments marquants.
En 17 ans de coanimation à L’épicerie, qui penses-tu avoir interviewé le plus souvent?
Il y a des gens que j'ai souvent interviewés. Je pense spontanément à des nutritionnistes comme Hélène Laurendeau ou Stéphanie Côté. Il y a Frédéric Chabot, concepteur de solutions culinaires créatives, qui fait souvent nos bancs d’essai, ou encore le chimiste alimentaire Erik Ayala Bribiesca, qui est une référence importante.
J’en ai interviewé, des gens, en 17 ans! Des producteurs, des chefs, des nutritionnistes, des scientifiques, des consommateurs… Il y a beaucoup de gens qui participent bénévolement à l’émission, et sans ces gens, l’émission n’existerait pas.
Est-ce qu’il y a des gens que tu aurais aimé interviewer plus souvent?
Nos décideurs de différents paliers de gouvernement. J'aurais vraiment souhaité que les gens de Santé Canada répondent plus souvent à nos demandes quand c'est le temps de répondre aux préoccupations des consommateurs et consommatrices. J’aurais aimé aussi avoir les propriétaires des grandes entreprises alimentaires qui refusent systématiquement les entrevues. Je parle des grandes chaînes alimentaires… et pourtant, on est des clients quotidiens.
Quel a été ton voyage le plus marquant?
Notre visite au Nunavik(Nouvelle fenêtre), c'est le dernier grand voyage que j'ai fait avec l'équipe de L'épicerie. Ça a été un dépaysement et, en même temps, c’est comme si on retrouvait certaines racines. C'est un rapprochement extraordinaire. C'était la deuxième fois dans ma vie que j'avais l'honneur d'aller dans le Grand Nord et j'espère que ce n'était pas la dernière fois.
Quelle est la personne qui t’a le plus fait rire?
Denis Gagné m'a beaucoup fait rire. Dans les invités que nous avons reçus, l’humour des chefs Fred Morin et Charles-Antoine Crête est dur à battre. Mais vous n’avez pas vu tous les extraits, parce que ce n’étaient pas toujours des choses diffusables!
Quel est le plat le plus surprenant que tu as mangé?
La chose la plus étrange que j'ai eue à manger en 17 ans à L'épicerie, c'est la méduse. Le plat était merveilleusement bien cuisiné, mais honnêtement, ça m'a pris un petit délai avant d'être capable de me mettre ça dans la bouche! Mais finalement, ça ne goûtait à peu près rien!
Y a-t-il une entrevue ou un reportage que tu as fait dont tu es particulièrement fière?
Ce dont je suis le plus fière en quittant L'épicerie, c'est qu'enfin, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il allait y avoir un programme d'alimentation scolaire dans les écoles(Nouvelle fenêtre). Il y a peut-être moins d'enfants qui vont aller à l'école le ventre vide.
Qu’est-ce qui va te manquer le plus de travailler à L’épicerie?
Ce qui va me manquer le plus, c'est la rencontre avec les gens qui travaillent dans le domaine de l'alimentation. Ce sont des gens passionnés, qui sont d'une grande générosité. Et ma gang, mon équipe, c'est sûr que ça, ça va être un gros deuil.
Tu as dû recevoir de nombreux témoignages de la part du public.
On reçoit beaucoup, beaucoup de témoignages à L'épicerie! Très souvent, les gens nous font des déclarations d’amour envers l’émission. Les gens ont un grand sentiment d'appartenance envers L'épicerie. L’une des choses qui me touchent le plus, ce sont des gens dans la vingtaine, dans la trentaine, qui viennent me voir pour me dire : J'écoutais cette émission quand j'étais jeune avec mes parents. Aujourd'hui, je suis parent et je vous écoute encore parce que j'ai appris à cuisiner avec vous. J'ai appris à me sensibiliser à l'alimentation avec vous, et vous faites encore partie de mon quotidien.
C'est valorisant, parce qu'on se sent utile. C'est ce qui m'a toujours plu à l'émission. On sait qu’on fait un travail utile pour la population.
Quels ont été tes tournages les plus marquants?
Toutes les fois où on est allés dans les régions. Je me souviens d’un cueilleur d’algues en Gaspésie. Ça a été une pêche extraordinaire pour nous, et on a dégusté les algues dans un tout petit chalet directement sur le bord de la plage. On avait l'impression d'être les seuls au monde. On est restés des heures avec lui à placoter, à parler de ce qu'il voyait comme avenir pour cet aliment-là qu’on consommait à peine au Québec.
La générosité des gens, quand on arrive en région, est remarquable. On dirait qu’ils nous attendent. Je pense aussi à quand nous sommes allés sur la Côte-Nord(Nouvelle fenêtre). Cette générosité, c'est merveilleux, parce que tout le monde en profite après. Pour nous, faire des émissions à partir de ces témoignages, c'est du bonbon.
À lire :
La toute dernière émission de Johane Despins à L’épicerie(Nouvelle fenêtre) sera diffusée le 15 mai, à 19 h 30, sur ICI Télé.
