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Cindy Woodhouse devient cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations

Cindy Woodhouse regarde vers le plafond.

Cindy Woodhouse a remporté la course devant David Pratt, qui lui a concédé la victoire après six tours de vote.

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby

La cheffe régionale du Manitoba, Cindy Woodhouse, est devenue la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations (APN) après que son plus proche rival, David Pratt, s'est rangé derrière elle au terme d'une longue course.

Il aura fallu une journée complète de six tours de vote avant d'en arriver à ce dénouement. David Pratt s'est rallié derrière Cindy Woodhouse en fin d'avant-midi, jeudi, au 7e tour de scrutin.

La décision de concéder n'est jamais facile, mais ça ne faisait aucun bien à notre assemblée de prolonger la course, a expliqué David Pratt aux chefs en assemblée après être entré main dans la main avec son adversaire et avec la cheffe par intérim de l'APN, Joanna Bernard, dans la salle où se tenait l'assemblée.

Quand on doit affronter une crise du logement, des drogues et des suicides, alors que nos prisons sont remplies de nos frères et sœurs, que nos ressources et nos terres sont pillées par des industries qui travaillent avec le gouvernement… les enjeux sont trop importants pour ralentir la nomination d’une nouvelle cheffe.

Une citation de David Pratt, candidat à la chefferie de l'Assemblée des Premières Nations
Cindy Woodhouse, Joanna Bernard et David Pratt marchent main dans la main.

Cindy Woodhouse (à gauche) a récolté la majorité des appuis dans tous les tours de vote devant David Pratt (à droite), qui a finalement concédé la victoire après de nombreuses discussions impliquant aussi la cheffe par intérim, Joana Bernard (au centre).

Photo : The Canadian Press / Spencer Colby

Cindy Woodhouse remporte donc la course sans avoir franchi le seuil des 60 % des votes normalement nécessaires pour l'élection au plus haut poste de l'APN.

On a beaucoup de travail à faire, a souligné la nouvelle dirigeante de la plus importante organisation autochtone au pays. Mon rôle chaque jour sera d’écouter nos chefs, nos communautés.

Aux Canadiens, si vous écoutez, on a besoin de votre soutien. Vous devez travailler avec les Premières Nations […] Il faut travailler ensemble, mais à un moment donné, si vous ne nous écoutez pas, il y a un problème.

Une citation de Cindy Woodhouse, cheffe de l'Assemblée des Premières Nations

Ce n'est pas la première fois qu'une personne accède à la chefferie sans le nombre de votes requis. En 2021, RoseAnne Archibald l'avait emporté au 5e tour avec seulement 50,5 % des votes, par concession de son poursuivant, Reginald Bellerose.

Depuis plusieurs années déjà, des critiques sont soulevées par rapport au fait que l'élection d'un chef national doit passer par l'obtention de 60 % des votes, un seuil jugé trop élevé.

Mme Woodhouse est la deuxième femme à devenir cheffe nationale, après RoseAnne Archibald, qui a aussi marqué l'histoire de l'Assemblée en devenant, en juin, la première cheffe nationale à être destituée, ce qui a un impact sur le mandat de la nouvelle cheffe.

Elle sera en poste un peu plus de trois ans afin que les prochaines élections se déroulent en été, comme c'est normalement le cas.

Une longue journée

Cindy Woodhouse entourée de plusieurs personnes.

Entre le quatrième et le cinquième tour, Cindy Woodhouse a effectué une tournée dans la salle principale afin de tenter de rallier des chefs à sa cause. David Pratt l'a imitée quelques minutes plus tard.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Gill-Couture

Six candidats s'affrontaient pour le mandat, qui sera particulièrement important pour l'organisation qui a traversé diverses crises dernièrement.

Dès le premier tour, Cindy Woodhouse a pris les devants avec 162 voix sur 444 votants, soit 36 % des voix. David Pratt avait obtenu 118 votes (26,5 %).

Craig Makinaw, puis Reginald Bellerose, Dean Sayers et Sheila North ont graduellement été éliminés de la course, laissant Pratt et Woodhouse s'affronter seuls à partir du 4e tour.

Les élections de l'APN se jouant principalement en coulisses, David Pratt avait décidé de continuer de tenter sa chance. Après le 5e tour, qui s'est terminé à 22 h, une information a été obtenue selon laquelle le caucus de la Colombie-Britannique, qui est le plus imposant, souhaitait s'unir derrière un candidat pour mettre fin au débat.

Or, à l'issue du 6e tour à 23 h 30, Cindy Woodhouse n'avait que 50,8 % des voix, tandis que David Pratt a récolté 39,3 % des appuis. Cette répartition des votes était sensiblement identique à celle des deux tours précédents.

Une voie de changement?

Montage photo de plans rapprochés de David Pratt et Cindy Woodhouse qui s'adresse à une foule derrière un micro.

David Pratt (à gauche) et Cindy Woodhouse (à droite) incarnent deux visions pour l'avenir de l'APN.

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby. Montage photo : CBC

La situation entourant RoseAnne Archibald – ciblée par des allégations de harcèlement, entre autres – a jeté une ombre sur l'APN au cours des derniers mois. L'élection d'un nouveau chef national était attendue afin de travailler à remettre l'organisation sur les rails. Le message de plusieurs candidats allait donc dans le sens de l'unité entre les nations et de la volonté de redonner plus de pouvoir aux chefs des communautés.

C'est l'approche qu'a prônée David Pratt durant sa campagne, comme l'illustre son slogan remettre les chefs dans le siège du conducteur. Il a également parlé d'un retour essentiel de l'organisation vers ses principes fondateurs, à la fin des années 1960. À l'époque, les Premières Nations s'étaient unies pour contester la sortie du livre blanc du gouvernement de Pierre-Elliot Trudeau à propos d'une nouvelle politique indienne du Canada.

Cindy Woodhouse, pour sa part, incarne davantage la continuité. En plus du fait qu'elle siégeait déjà au conseil exécutif de l'APN en tant que cheffe régionale du Manitoba, elle a également travaillé de près avec les anciens chefs nationaux Perry Bellegarde et Shawn Atleo durant leurs mandats.

Elle a mené pour l'APN le dossier du règlement de 23,4 milliards de dollars destiné à indemniser les enfants et leurs familles lésés par le système de la protection de la jeunesse. Un fait d'armes qu'elle n'a pas manqué de rappeler en assemblée.

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