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C’est la fin pour la Distillerie du St. Laurent

Une vingtaine de festivaliers discutent près des chapiteaux des distilleries sous un soleil radieux.

La Distillerie du St. Laurent, située dans le district de Pointe-au-Père, à Rimouski, cesse ses activités après neuf ans. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sophie Martin

La Distillerie du St. Laurent, à Rimouski, est en faillite. Les propriétaires d'une des premières distilleries de la province ne sont pas parvenus à s'entendre avec leurs créanciers.

Lors d'une assemblée qui a eu lieu vendredi matin, les créanciers de la Distillerie ont refusé en majorité la dernière proposition qui leur avait été présentée.

Les créanciers principaux, soit Investissement Québec, Financement agricole Canada ainsi que Marcel Charest et fils, ont demandé à ce qu'un autre syndic se charge de liquider les actifs de l'entreprise. Le mandat a été retiré à Lemieux Nolet pour être confié à la firme Raymond Chabot.

Une version précédente de cet article nommait à tort la Financière agricole du Québec parmi les principaux créanciers de la Distillerie. Il s'agit plutôt de Financement agricole Canada.

La Distillerie du St. Laurent s'était placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité en mars 2023. Elle cumulait plus de 13,5 millions de dollars de dettes.

Dans une déclaration écrite, une porte-parole d'Investissement Québec indique que l'organisation a cru dans le projet de la Distillerie et a répondu présent lorsque l'entreprise a eu besoin de fonds supplémentaires pour poursuivre et compléter la construction de ses installations.

Dès que la Distillerie a vu sa situation financière s'affaiblir, Investissement Québec a travaillé dans le sens des intérêts de l'entreprise et a négocié de bonne foi tout au long du processus, mais les intérêts des créanciers n'étaient pas tous alignés pour assurer la survie de l'entreprise.

Une citation de Réponse écrite d'Investissement Québec

La Distillerie du St. Laurent en quelques dates importantes

  • Octobre 2015 : l'entreprise voit le jour sur la rue Rivard, à Rimouski. Il s'agit de la troisième microdistillerie de la province.
  • Février 2016 : le gin maritime aromatisé aux algues arrive dans les succursales de la Société des alcools du Québec.
  • Novembre 2016 : la Distillerie du St. Laurent remporte le prix de meilleure distillerie de gin au Canada.
  • Octobre 2017 : début de la production de whisky et de rhum.
  • Mai 2018 : début de la production d'Acerum, une eau-de-vie à base de sève d'érable, en partenariat avec le Domaine Acer.
  • Juin 2020 : la Distillerie du St. Laurent envisage de s'installer à Pointe-au-Père.
  • Septembre 2020 : l'entreprise dévoile les détails de son projet évalué à 9,5 M$.
  • Juillet 2022 : inauguration de la nouvelle distillerie à proximité du Site historique maritime de la Pointe-au-Père, un investissement de 11,5 M$.
  • Mars 2023 : l'entreprise rimouskoise se place sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.

Un rôle de précurseur salué

La députée de Rimouski à l’Assemblée nationale, Maïté Blanchette Vézina, s’est dite attristée par la faillite de l’entreprise. C’est dommage, très dommage. On se réjouit quand des entreprises comme celle-là grandissent, font de l’expansion puis ouvrent des marchés, déclare l’élue.

C’était une des premières [distilleries] à avoir vu le jour, qui était innovante aussi dans ce qu’elle utilisait comme intrants pour faire l'alcool. C’est toujours dommage quand on voit ces précurseurs avoir des difficultés comme ils ont vécu.

Une citation de Maïté Blanchette Vézina, députée de Rimouski

Mme Blanchette Vézina, qui est aussi ministre des Ressources naturelles et des Forêts, affirme qu’il s’agit d’une décision des partenaires financiers de la Distillerie du St. Laurent mais qu’elle compte évaluer les différentes possibilités pour éviter que l’immense bâtiment construit il y a à peine deux ans ne devienne un éléphant blanc.

Comme députée, je vais continuer à travailler avec les partenaires du milieu pour voir ce qu’on peut faire dans ce secteur, ajoute Mme Blanchette Vézina.

Des barils.

Des barils de la Distillerie du St. Laurent (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet

C’est un secteur qui est magnifique, un endroit où il y a plusieurs activités qui sont intéressantes pour les touristes mais pour les citoyens également, donc on va continuer de travailler sur le dossier.

Une citation de Maïté Blanchette Vézina

Dans une déclaration écrite, une porte-parole de la Société des alcools du Québec (SAQ) mentionne que la Distillerie St. Laurent a été pionnière pour faire découvrir le talent des distillateurs d’ici, tant dans la région du Bas-Saint-Laurent que dans tout le Québec.

Les fondateurs de la Distillerie du St. Laurent, Joël Pelletier et Jean-François Cloutier, ont bataillé ferme avec la société d’État au cours des dernières années dans plusieurs dossiers, notamment en ce qui concerne la part qu’ils devaient lui verser, même sur les bouteilles vendues sur leurs lieux de production.

Joël Pelletier et Jean-François Cloutier.

Les cofondateurs de la Distillerie du St. Laurent, Joël Pelletier et Jean-François Cloutier (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet

Ils ont aussi tiré la sonnette d’alarme quant à la gestion de l’offre de la SAQ en soutenant qu’il y avait trop de spiritueux québécois pour l’espace disponible dans les succursales. Le mois dernier, la SAQ et l’Union québécoise des microdistilleries, dont Joël Pelletier est le président, ont annoncé leur intention d'instituer des règles pour s’assurer que les clients aient accès aux produits qu’ils recherchent et que l’industrie assure sa viabilité économique à long terme.

On souhaite poursuivre ce dialogue-là avec les distilleries, les microdistilleries, pour que ça demeure des fleurons, que ça demeure des entreprises qui sont rentables, ajoute la députée et ministre Maïté Blanchette Vézina.

Les propriétaires de la Distillerie du St. Laurent ont décliné notre demande d’entrevue.

Une perte pour l'industrie

Le copropriétaire et cofondateur de la Distillerie Mitis, David Soucy, est ébranlé par cette faillite. Selon lui, cette nouvelle n'a rien de réjouissant pour l'industrie québécoise de la distillation.

David Soucy dans sa distillerie.

David Soucy est le copropriétaire de la distillerie Mitis.

Photo : Radio-Canada / Benoit Jobin

Il a par ailleurs salué l'apport de Joël Pelletier et de Jean-François Cloutier. Un grand merci d'avoir été présents, autant pour représenter l'industrie, d'avoir été des pionniers dans cette industrie-là, de faire en sorte d'avoir fait avancer les discussions entre l'État et l'Union des microdistilleries, mentionne l'entrepreneur.

On a réussi à avoir une voie commune grâce à des gens de cœur comme ça.

Une citation de David Soucy, copropriétaire et cofondateur de la Distillerie Mitis

David Soucy estime également que la Distillerie du St. Laurent a su se démarquer en faisant des produits de qualité, représentatif de la région.

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