•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La chasse au dindon sauvage est ouverte, mais les chasseurs seront-ils au rendez-vous?

Un dindon sauvage.

Les dindons sauvages sont bien établis dans les régions du sud de la province, mais au Bas-Saint-Laurent, les populations sont peu nombreuses. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Pour une première fois au Bas-Saint-Laurent, la chasse au dindon sauvage est ouverte. Plusieurs chasseurs ont toutefois décidé de ne pas y prendre part pour le moment.

Si le ministère de la Faune du Québec autorise cette chasse ce printemps dans la zone 2, qui s'étend de La Pocatière à Mont-Joli, c’est en raison de la progression de cette espèce vers le nord de la province, attribuable aux changements climatiques. La chasse au dindon sauvage est pratiquée depuis 2008 dans les régions du sud du Québec, où l'espèce est bien établie.

Au Bas-Saint-Laurent, c’est en 2015 que les premières mentions de la présence de cet imposant oiseau ont été enregistrées. On parlait à l’époque de quelques apparitions isolées, mais au fil des années, les observations sont devenues de plus en plus nombreuses, surtout dans les secteurs du Kamouraska et de Rivière-du-Loup.

Québec considère aujourd'hui que le dindon sauvage est en phase de colonisation du territoire bas-laurentien et que sa présence est donc suffisamment importante pour permettre la chasse sportive dans la région.

De nombreux chasseurs contactés par Radio-Canada croient cependant que ces oiseaux sont encore trop peu nombreux pour rendre cette pratique attrayante.

François Lapointe sourit derrière deux dindons.

Le chasseur rimouskois François Lapointe après une fructueuse chasse au dindon sauvage en Outaouais. (Photo d'archives)

Photo : François Lapointe

Le Rimouskois François Lapointe visite l'Outaouais et l'Estrie depuis quelques années pour chasser le dindon. Il se réjouit de la présence grandissante des bêtes près de chez lui, mais comme bien d’autres, il compte malgré tout se rendre dans le sud du Québec ce printemps pour chasser cette espèce.

Les concentrations ne sont pas encore assez grandes pour dire que je vais commencer à faire de la prospection dans la région et trouver des groupements assez intéressants pour les chasser, explique-t-il en entrevue à l'émission Info-réveil.

J’ai vraiment hâte de pouvoir dire que j’ai récolté mon premier dindon en sol bas-laurentien, mais pour le moment, je préfère me dire que les dindons que je vois, ils vont avoir des progénitures et que ce sont ces progénitures que je vais chasser.

Une citation de François Lapointe, chasseur

Le chasseur souligne que le dindon sauvage n’est pas un oiseau facile à abattre. La présence de cette espèce en plus grand nombre dans les régions du sud accroît donc les chances de succès.

Le succès de la chasse dans la zone 2 sera d'ailleurs surveillé de près par le ministère de la Faune. C’est pour ça aussi qu’on permet la chasse : pour pouvoir évaluer les tendances, explique la biologiste à la Direction de la gestion de la faune du Bas-Saint-Laurent, Élise Roussel-Garneau. Ça nous permet d’avoir des indicateurs pour savoir si les populations explosent ou si elles vont être bien régulées avec les hivers plus rigoureux ici que dans le sud du Québec.

Élise Roussel-Garneau ajoute qu'en attendant ces indicateurs plus précis, la chasse autorisée par le ministère n'a pas pour objectif de contrôler la croissance des populations de dindons sauvages au Bas-Saint-Laurent. C'est pour cette raison que les chasseurs ne sont pas autorisés à abattre de femelles dans la zone 2. Lorsqu’on permet l’abattage de femelles, on vient plus réguler, contrôler une certaine population. Dans les zones plus au sud, il y a cette possibilité et la période de chasse est plus longue, explique-t-elle.

Deux dindons sauvages.

Visionnez le reportage d'Isabelle Damphousse au Téléjournal Est-du-Québec.

Photo : iStock

Pas assez de dindons pour les chasseurs, trop pour les agriculteurs

Même si certains chasseurs jugent que le nombre de représentants de cette espèce est plutôt limité au Bas-Saint-Laurent, la présence accrue des dindons sauvages dans la région est loin de réjouir les agriculteurs.

Infolettre Bas-Saint-Laurent

Abonnez-vous à l’infolettre Bas-Saint-Laurent.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Bas-Saint-Laurent.

Comme plusieurs autres animaux sauvages, les dindons peuvent causer des dégâts sur les terres agricoles. Ces oiseaux nichent en forêt mais fréquentent parfois les champs pour y chercher de la nourriture.

On les voit de plus en plus, et de plus en plus près des bâtiments agricoles, témoigne la présidente de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux. C’est la notion de biosécurité qui nous inquiète le plus là-dedans. La transmission de maladies d’un bâtiment, d’un élevage à l’autre, c’est ce qui peut être le plus inquiétant.

Nathalie Lemieux.

Nathalie Lemieux est présidente de l'UPA au Bas-Saint-Laurent. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Simon Rail-Laplante

La chasse pourrait donc devenir un outil pour limiter les dégâts. Ça peut être intéressant parce que ça fait diminuer les populations qui peuvent risquer de causer des dommages, explique Nathalie Lemieux, qui rappelle que ce type de collaboration entre chasseurs et agriculteurs existent déjà pour d’autres animaux chassés dans la région, notamment les oies blanches.

Par contre, il faut s’assurer qu’on a les autorisations des propriétaires agricoles [pour chasser], qu’ils permettent l’accès à leurs champs et à leurs boisés. Il faut faire attention pour ne pas créer d’autres dommages dans nos terres agricoles, poursuit-elle.

La présidente régionale de l’UPA indique que certains producteurs agricoles de l’ouest du territoire ont été approchés par des chasseurs qui souhaitaient accéder à leurs terres depuis l’annonce de l’ouverture de la chasse au dindon sauvage.

Grillades et cuisses de dindon confites

Ceux qui tenteront leur chance pour la première fois et qui réussiront à mettre la main sur un dindon au cours des prochains jours pourront déguster une viande au goût doux mais avec quand même un petit goût sauvage, selon François Lapointe.

Je ne dirais pas que c’est aussi prononcé qu’avec la perdrix ou la gélinotte huppée, mais si on compare avec des oiseaux d’élevage, personnellement, je trouve qu’il y a un petit goût différent qui est très intéressant, confie le chasseur d’expérience.

Les dindons domestiques destinés à la consommation sont généralement abattus vers l’âge de 16 à 20 semaines, selon le type de production. Dans le cas du dindon sauvage, un jeune mâle juvénile va avoir un an au moment de la récolte, et pour un dindon mature, on va parler de deux, trois, quatre ans et même en montant, explique le Rimouskois.

Pour cette raison, les deux types d’oiseaux ont une physionomie différente. Les dindons sauvages ont des poitrines un peu moins grosses et des cuisses beaucoup plus musclées, précise le chasseur, qui dit apprécier les poitrines en grillades et les cuisses fumées ou confites.

Avec la collaboration d'Isabelle Damphousse

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre ICI Bas Saint Laurent

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Bas Saint Laurent.