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Winnipeg peut-elle s’inspirer de Calgary pour sauver des piscines publiques extérieures?

Il y a près de 20 ans, les autorités municipales calgariennes ont voulu fermer des piscines publiques extérieures. Une association citoyenne s'est alors formée et, depuis, elle assure la gestion du réseau de piscines publiques extérieures.

La piscine Happyland dans le quartier de Saint-Boniface, clôturée et sans eau, photographiée le 23 avril 2024.

Le conseil municipal de Winnipeg a entériné son budget 2024, le 20 mars, lequel prévoit la fermeture de la piscine Happyland, ouverte en 1955.

Photo : Radio-Canada / Simon Deschamps

À Winnipeg, des personnes militent pour sauver la piscine extérieure publique Happyland, dans le quartier de Saint-Boniface, et se tournent du côté de Calgary pour trouver des solutions.

On espère que la piscine reste ouverte pour cet été. Et dans ce temps-là, on peut travailler avec la Ville [de Winnipeg] pour trouver la solution qu'il nous faut, affirme Michelle Berger, qui milite pour la sauvegarde de la piscine et réside à Saint-Boniface. À Calgary, ils ont ce modèle où ce n'est pas la Ville qui s'occupe des piscines extérieures. C'est une solution à investiguer, mais on n'est pas rendus là.

Käthe Lemon..

Käthe Lemon estime qu'il est important que des piscines publiques extérieures soient accessibles pour assurer l'apprentissage de la natation et de la sécurité aquatique.

Photo : Käthe Lemon

En 2002, la métropole albertaine voulait fermer quatre piscines publiques, parce que la saison est courte et que, selon le conseil municipal, il n'était plus judicieux [financièrement] d'exploiter ces piscines, explique Käthe Lemon, présidente du conseil d'administration de l'association des piscines extérieures, Calgary Outdoor Swimming Pools Association (COSPA).

Son association a alors récupéré la gestion des piscines extérieures, dont elle estime qu'elles sont ouvertes environ 80 jours par année, soit entre la fête des Pères et la fête du Travail.

La fermeture annoncée des piscines était une source de grandes inquiétudes pour les Calgariens. Je pense que, chaque fois que les administrations municipales retirent des services municipaux, ça inquiète beaucoup les citoyens.

Une citation de Käthe Lemon, présidente, Calgary Outdoor Swimming Pools Association

La Ville de Calgary a mis en place un moratoire de deux ans sur la fermeture de piscines publiques extérieures, le temps que la COSPA prenne forme, comme le précise le site Internet de cette dernière.

En 2004, la province de l'Alberta a approuvé le Règlement de la Calgary Outdoor Swimming Pools Association, et l'organisation démarre alors officiellement ses activités, peut-on y lire.

Aujourd'hui, la COSPA est responsable de huit piscines et offre même des cours de natation.

Käthe Lemon explique que la Ville de Calgary est toujours propriétaire des infrastructures et qu'elle offre un certain montant pour leur maintien et leur exploitation. Elle précise que la COSPA fait payer un prix d'entrée de 6 $.

Käthe Lemon souligne que l'organisme est dirigé par un conseil d'administration bénévole, avec une direction générale rémunérée. Des sous-traitants gèrent les piscines et embauchent les sauveteurs.

L'ABC pour l'entretien

À Winnipeg, le conseil municipal justifie la fermeture de la piscine Happyland par le fait que ses infrastructures sont vieillissantes.

Käthe Lemon indique que, à Calgary, l'entretien des piscines se fait avec l'appui du personnel municipal et les sous-traitants. Je ne suis pas ingénieure. Je ne sais pas comment lire ces plans. Ces gens peuvent nous dire si on peut aller de l'avant avec différents travaux, précise-t-elle.

Käthe Lemon indique que, lorsqu'il s'agit de rénovations coûteuses et de projets d'envergure, la COSPA mène des négociations avec la Ville de Calgary.

On a rénové la piscine de Calgary Sud il y a quelques années. Ce n'était pas 100 % clair tout le temps à qui il incombait de payer les coûts. Comme organisme, on doit être prudent sur la façon dont on dépense et utiliser nos fonds stratégiquement pour s'assurer à long terme de la disponibilité des piscines, indique-t-elle.

Les deux parties souhaitent que les piscines soient maintenues. Il s'agit de gérer les coûts et les attentes.

Une citation de Käthe Lemon, présidente, Calgary Outdoor Swimming Pools Association
Un plongeoir de la piscine Silver Spring, à Calgary.

Le nouveau plongeoir de la piscine Silver Spring, à Calgary, a été inauguré en 2018.

Photo : Radio-Canada / Julie Debeljak

Käthe Lemon recommande au groupe winnipégois qui milite pour la sauvegarde de la piscine Happyland et qui envisagerait un modèle comme celui de Calgary de ne pas se laisser guider par la nostalgie, mais plutôt de se demander quelles sont les véritables motivations, car, selon elle, il y a des défis à gérer en ce qui concerne les infrastructures vieillissantes.

Elle affirme que, souvent, des gens veulent sauver des piscines pour les autres, mais qu'ils ne veulent pas eux-mêmes les fréquenter. Elle ajoute qu'il faut étudier l'achalandage de la piscine et aussi se demander si l'infrastructure a perdu de son utilité en raison de son vieillissement.

Je recommanderais de se pencher sur ces questions avant de décider de créer une organisation à but non lucratif et de commencer à collecter des fonds. Il ne faut pas penser qu'il s'agit uniquement d'un problème de financement municipal, affirme-t-elle.

Michelle Berger à la piscine Happyland à Saint-Boniface, le 23 avril 2024.

Michelle Berger milite pour la survie de la piscine Happyland à Saint-Boniface.

Photo : Radio-Canada / Simon Deschamps

À Winnipeg, Michelle Berger affirme que ce n'est pas la nostalgie qui motive la sauvegarde de la piscine située sur Marion. Ça ne sert pas seulement le quartier. Ça aide à enlever la pression sur d'autres piscines. Notre saison de beau temps est tellement courte, c'est important que tout le monde sorte de sa maison. C'est une place pour se rencontrer. Ça a de la valeur pour la communauté, affirme-t-elle.

Avec Francofonds, une campagne de financement a déjà été lancée pour sauver la piscine Happyland. À ce jour, plus de 34 700 $ ont été amassés.

Pas un modèle miracle

Selon l'observateur de la scène politique winnipégoise et ancien conseiller municipal à Calgary Brian Pincott, le modèle calgarien pourrait être appliqué à Winnipeg.

Brian Pincott dans un parc de Winnipeg, le 23 avril 2024.

Brian Pincott a été conseiller municipal à Calgary de 2007 à 2017. Il réside maintenant à Winnipeg et est un observateur de la scène politique winnipégoise.

Photo : Radio-Canada / Simon Deschamps

Il ajoute toutefois que la Ville ne doit pas se défaire de ses responsabilités, si elle adhère à ce modèle.

Ça prend l'appui de la Ville. Ce n'est pas simplement de donner des piscines à un groupe communautaire pour la gestion, argue-t-il.

Selon lui, ce modèle pose également des difficultés, car c'est une autre manière de couper, si la Ville ne contribue plus assez financièrement.

Il ajoute que le fait de payer le coût pour le maintien et les salaires [des sauveteurs] incombe maintenant aux résidents.

Selon lui, la fermeture de piscines et de pataugeoires est le symptôme des budgets des 20 dernières années, où la Ville n'a pas mis en place les fonds nécessaires pour leur entretien.

Quand on lui a demandé si elle pourrait considérer le modèle de Calgary pour éviter la fermeture de la piscine Happyland, la Ville de Winnipeg a répondu : Le conseil municipal a adopté le budget pluriannuel 2024-2027 le 20 mars, [qui comprend] la décision de fermer et de démolir la piscine.

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