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Des menstruations à la maternité, l’agriculture tarde à s’adapter aux réalités des femmes

Selon le dernier recensement de Statistique Canada, un tiers des travailleurs du milieu agricole dans les municipalités rurales de Ritchot et de Morris sont des femmes.

Michelle Baril est dans une étable pour chevaux.

Michelle Baril est propriétaire de la ferme d'asperges d'Aubigny depuis une vingtaine d'années. Elle possède aussi une dizaine de chevaux.

Photo : Radio-Canada / Victor Lhoest

Sur sa ferme d’asperges, à Aubigny, au Manitoba, Michelle Baril se prépare à enchaîner des semaines de travail pour assurer la cueillette. C'est un moment épuisant pour le corps, en particulier pour les personnes qui ont des règles douloureuses.

Pendant que les asperges prennent racine sous terre en attendant le printemps, Michelle Baril s’occupe de ses chevaux et des pintades sur sa ferme, une accalmie avant la période faste consacrée au travail de la terre.

Être une femme, c’est difficile. Surtout à ce temps-là de notre vie; il y en a qui sont affectées chaque mois. Physiquement, c’est une grosse affaire. Notre corps ne veut pas nous supporter parce qu’il y a d'autres défis biologiques qui se passent.

Une citation de Michelle Baril, agricultrice

Michelle Baril remarque que la vie à la ferme requiert souvent de faire des sacrifices.

Radio-Biblio : Des ailes pour le Manitoba

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Un papillon devant des livres

Si on veut une famille, il faut mettre l’agriculture de côté. De coutume, ce sont les femmes qui élèvent les enfants, ce sont les femmes qui vont porter les enfants et accoucher. C’est difficile de tout faire... On s'occupe aussi de la maison. On ne peut pas se diviser en mille morceaux. On doit se spécialiser, fait-elle remarquer.

Michelle Baril est devant l'étable des chevaux.

Michelle Baril est aussi mère de six enfants.

Photo : Radio-Canada / Victor Lhoest

L'agricultrice et son mari ont élevé six enfants. Michelle Baril souligne cependant que la culture des asperges n’est pas la spécialité agricole la plus difficile qui soit.

On est très occupés au printemps et en mai-juin, explique-t-elle. C’est moins intense que les fermes laitières ou d'élevage; pour eux, c’est 12 mois de travail par an. Les vacances sont rares et il faut planifier la relève de travail. Notre spécialisation nous donne plus de flexibilité que d’autres qui sont dédiés toute l’année.

Travailler intelligemment

Michelle Baril et son mari sont installés sur la ferme d’Aubigny depuis 2001. Au départ, leur objectif était d’avoir un espace pour les animaux. Ils se sont, par la suite, spécialisés dans les asperges et le sirop d’érable.

Un champ d'asperge est enneigé.

Les champs d'asperge sont encore recouverts de neige.

Photo : Radio-Canada

Il y a des choses que, physiquement je ne peux pas faire, mais il faut apprendre à travailler intelligemment, nuance Michelle Baril. L’aspect physique peut être au détriment des femmes en agriculture, mais avec la machinerie d’aujourd’hui, les améliorations sont tellement avancées par rapport à ce qu’il y avait il y a 20 ou 30 ans. On n'a plus besoin de la force physique autant qu’avant.

Relève, tolérance et empathie

Pour ralentir le travail dans ces métiers rythmés par la nature, Michelle Baril en appelle à plus de flexibilité.

On ne devrait pas se sentir mal de se sentir mal. C’est correct que certaines journées, physiquement, on ne puisse pas faire autant qu’on aimerait. Plus de tolérance et d'empathie, ce serait un premier pas.

Une citation de Michelle Baril, agricultrice

L’agricultrice est consciente du défi de s’absenter quand les semences sont à point, mais elle pense qu’un système de relève formée permettrait de se libérer d’une partie de la charge de travail.

Ce n’est pas tout le monde qui peut faire la traite des vaches, la cueillette des asperges, ou conduire le tracteur. Mais avec le GPS. ça change tout, alors les capacités de faire des changements pour aider les femmes, dans le futur, ça serait possible, estime-t-elle. 

Si être menstruée arrivait aux hommes, on aurait fait des changements il y a très longtemps, laisse-t-elle entendre.

Selon le dernier recensement de Statistique Canada en 2021, les deux tiers des travailleurs du milieu agricole dans les municipalités rurales de Ritchot et de Morris sont des hommes. Cette statistique n’étonne pas la présidente du Manitoba Women in Agriculture and Food, Laura Lazo, dont l’organisme accompagne les femmes dans le secteur agricole et défend leurs droits.

Laura Lazo est dans une maison.

Laura Lazo est la présidente de l'organisme Manitoba Women in Agriculture and Food.

Photo : Radio-Canada / Victor Lhoest

Elle assure que le travail agricole est destiné autant aux hommes qu’aux femmes, mais que les règles qui l’encadrent favorisent les employés masculins.

La solution est d'accommoder la vie personnelle. Pas seulement vis-à-vis des menstruations; on parle aussi de toilettes [pour femmes sur le lieu de travail]. C’est à l'employeur de faire le nécessaire, insiste Laura Lazo.

La présidente du groupe soulève que le secteur agricole attire un grand nombre de femmes. Une centaine ont postulé pour une formation proposée par l’organisme pour se lancer dans le secteur. Une session prévue au printemps a déjà suscité l’intérêt d’environ 200 candidates.

Selon Laura Lazo, on ne peut donc pas ignorer les besoins des femmes du secteur.

Les femmes ont certains problèmes que les hommes n’ont pas. Mais ils ont des enjeux aussi; les hommes aussi doivent s’occuper des enfants. Plus les entreprises seront compréhensives, plus elles tireront le meilleur de leurs employés et plus elles auront un meilleur taux de rétention, ajoute-t-elle.

Laura Lazo explique qu’en fin de compte, la mise à l’écart des femmes est un problème universel. Quand une femme ne délivre pas son plein potentiel, cela a une incidence sur toute la famille, résume-t-elle, évoquant notamment un manque à gagner sur le plan financier.

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