L’économie de Québec en décroissance, une première en 20 ans
Le produit intérieur brut (PIB) de la région de Québec a fondu de 0,4 % en 2023. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Maxime Corneau
Pour la première fois depuis au moins 20 ans, l’économie de Québec a connu une période de décroissance en 2023. La Capitale-Nationale se classe d'ailleurs bonne dernière parmi les grandes villes canadiennes pour sa capacité à créer de la richesse.
La ville de Québec a accusé un ralentissement important de son produit intérieur brut (PIB) l’an dernier, avec une baisse de la production estimée à 0,4 %
, conclut le Conference Board du Canada dans une nouvelle étude.
Selon l’organisme, cet épisode de croissance négative est unique parmi les grands centres urbains au pays.
La ville de Québec traîne de la patte par rapport aux 13 grandes villes canadiennes
, souligne Pedro Antunes, économiste en chef du Conference Board du Canada.
En 2022, la région de Québec s’était aussi classée en queue de peloton au pays pour la création de richesse, mais l’économie avait poursuivi sa croissance.
Le groupe de réflexion note que la Capitale-Nationale n’a pas connu d’épisode de décroissance économique depuis 20 ans.
Même en 2009, dans la foulée d’une crise financière mondiale et d’un effondrement des marchés boursiers, le produit intérieur brut de Québec avait enregistré une légère augmentation de 0,74 %.
Un tigre
dégriffé?
Le Conference Board constate une baisse de la confiance des entreprises
dans la capitale, ce qui était aussi relevé par un sondage de Québec International en début d’année.
Ce contexte ne favoriserait pas l'investissement privé, alors que les mises en chantier résidentielles ont reculé de 40 % dans la région en 2023.
La morosité actuelle semble contraster avec l'optimisme des décennies qui ont précédé la pandémie à Québec, une période où la capitale avait pris des allures de tigre économique
, selon les économistes Pierre Fortin et Mario Polèse.
Le Conference Board du Canada estime que la pénurie de main-d'œuvre qui frappe la région demeure un frein à la croissance, une situation qui pourrait encore empirer avec un taux de chômage qui devrait se stabiliser autour de 3 % entre 2024 et 2028, une valeur inférieure à la moyenne de 4,1 % enregistrée entre 2015 et 2019.
Ça prend des investissements et ça prend des gens [à Québec].
Or, la capitale accuse un retard important face aux autres villes canadiennes au chapitre de la croissance démographique en raison d’une faible immigration et du vieillissement de sa population.
Au cours de la dernière année, Québec n’a pas accueilli assez de nouveaux résidents pour compenser le repli de la consommation des ménages en raison de l'inflation et de la flambée des taux d’intérêt.
La croissance de la population dans bien des villes au Canada approche les 3 %, tandis qu’à Québec on est à la moitié de ça
, rappelle Pedro Antunes.
L’impact de l’échec du tramway
La décision du gouvernement Legault de stopper le projet de tramway, évalué à plus de 8 milliards de dollars par l’administration Marchand, aura des conséquences sur la capacité de Québec à attirer des investissements dans les prochaines années, estime le Conference Board du Canada.
Le maire Bruno Marchand était visiblement déçu au terme de sa rencontre d’un peu plus d’une heure avec le premier ministre François Legault, en novembre dernier.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Ça peut affecter les intentions d’investissements et la confiance des investisseurs
, prévient Pedro Antunes.
Récemment, l’Institut de développement urbain (IDU) du Québec évaluait la valeur des projets résidentiels en attente le long du tracé du tramway à près de 2 milliards de dollars.
Pedro Antunes estime que l’expérience ailleurs au pays et dans le monde démontre l’effet accélérant de grands chantiers d’infrastructure sur l’économie locale. Dans le cas de Québec, le tramway avait le potentiel de devenir le plus important chantier de l'histoire de la Capitale-Nationale.
Les projets d’infrastructure ont des effets d’entraînement sur l’investissement privé à long terme
, précise Pedro Antunes.
Le Conference Board du Canada prévoit une faible croissance d’un demi-point de pourcentage pour le PIB de Québec en 2024.
Une baisse des taux d’intérêt d’ici la fin de l’année pourrait donner un nouvel élan à l’économie en 2025.