Une opération israélienne à Rafah serait « inacceptable », dit Mélanie Joly
Des enfants palestiniens blessés lors d'une frappe israélienne reçoivent des soins dans un hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Photo : Reuters / MOHAMMED SALEM
Le Canada est opposé à toute opération militaire israélienne dans la ville de Rafah, où des centaines de milliers de Palestiniens ont trouvé refuge, a affirmé lundi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
Je suis extrêmement préoccupée par ce qui se passe à Rafah
, a dit la ministre Joly, alors que des bombardements de l’armée israélienne ont fait une centaine de morts dans cette ville située dans le sud de la bande de Gaza, non loin de la frontière égyptienne.
L’opération israélienne en cours est dévastatrice pour les déplacés palestiniens et tous ceux qui y ont trouvé refuge, y compris des ressortissants étrangers et des Canadiens
, a-t-elle dit à des journalistes à Ottawa. Il s’agit de mères, d’enfants, [...] ce sont des êtres humains qui existent.
Selon l'ONU, 1,4 million de Palestiniens ayant fui la guerre qui fait rage depuis plus de quatre mois entre Israël et le mouvement palestinien Hamas sont massés à Rafah.
Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est en train de demander à ces gens-là de se déplacer à nouveau et c’est inacceptable parce qu’ils n’ont nulle part où aller.
Mme Joly, qui se rend à Washington pour rencontrer mardi le secrétaire d'État américain Antony Blinken, a réitéré son appel en faveur d'un cessez-le-feu durable
, ainsi que pour la libération des otages
israéliens et l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Mme Joly va également rencontrer à Washington son homologue jordanien afin de préparer la visite du roi Abdallah II de Jordanie à Ottawa la semaine prochaine.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
La guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre quand des commandos du mouvement islamiste palestinien ont mené dans le sud d'Israël une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon des données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a juré de détruire
le Hamas et lancé une offensive qui a fait au moins 28 340 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Israël estime à environ 130 le nombre d'otages toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées en Israël le 7 octobre.
Lundi, M. Nétanyahou a répété sa détermination à poursuivre la pression militaire jusqu'à la victoire complète
sur le Hamas, dont Rafah est le dernier bastion
, pour libérer tous nos otages
.
Face aux critiques internationales, le premier ministre israélien avait affirmé dimanche qu'Israël assurerait un passage sécurisé
à la population pour quitter Rafah, sans préciser où elle pourrait aller.
Ils vont évacuer
les Palestiniens. Où? Sur la lune?
s'est interrogé à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
L'ONU ne s'associera pas à un déplacement forcé de population
à Rafah, a pour sa part prévenu le porte-parole du secrétaire général de l'organisation.
La perspective d'une offensive est terrifiante
, s'est alarmé de son côté le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, tandis que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan s'est dit profondément inquiet
du sort des civils.
À lire aussi :
Avec les informations de Agence France-Presse
